A l'heure où l'Internet français débute la prise en compte du protocole, focus sur quelques points-clés pour une adaptation réussie du SI au nouveau mécanisme d'adressage. (Mardi
14 octobre 2003)
L'adaptation réussie d'un système d'information
à IPv6 , nouvelle version du mécanisme d'adressage IP, recouvre des enjeux
purement techniques comme des questions relatives au retour sur investissement
(ROI) projeté, entre autres problématiques.
A l'heure où l'Internet français débute sa migration vers le nouveau
protocole (voir l'article),
donnant ainsi la possibilité de déployer des services en ligne de
nouvelle génération, focus sur quelques points-clés de la
migration.
Une méthode de gestion
de projet "Ce projet dépend d'abord de
l'existant de l'entreprise", explique d'emblée Mohsen Souissi, ingénieur
réseau à l'AFNIC (organisme en charge d'attribuer les noms de domaine au
sein de la zone .fr). En amont de tout déploiement, il est par conséquent
conseillé de réaliser un audit des infrastructures de l'entreprise
(réseau et système) avec pour objectif de vérifier leur capacité
à supporter ou non un adressage IPv6 : de ceci dépendra le rachat
de matériel ou une simple mise à jour de l'existant, avec les différences
de coût induites. Une phase qu'il est par ailleurs bon d'accompagner d'un
programme de formations visant à se doter de l'expertise technique nécessaire
à cette évaluation.
Le
ROI de la migration quant à lui, est directement lié aux avancées
apportées par IPv6. "Cette nouvelle version inaugure de nombreuses
améliorations : une sécurité renforcée (avec
IPSec), la possibilité d'appuyer une connexion IP sur divers protocoles
de manière transparente (GPRS, UMTS, Wi-Fi, ADSL, etc.), ainsi qu'une fonction
d'autoconfiguration. A cela s'ajoutant bien évidemment la capacité
d'adressage plus importante, détaille Tayeb Ben Meriem, responsable du
centre de compétence IPv6 à France Télécom R&D. (Voir également notre questions-réponses).
Cette palette ouvre de nouveaux horizons en termes de modèles métier :
fort de ces nouveautés, l'ensemble des terminaux existants (électroménager,
portable, PC, etc.) pourraient se voir allouer des adresses IP fixes, autoconfigurables
lors de la mise en ligne, permettant d'exécuter à distance des services
"temps réel" et sur mesure - des prestations d'administration,
de maintenance ou encore des traitements autour de la traçabilité
des appareils par exemple. Et ceci sans avoir à se préoccuper du
type de réseau IP sous-jacent utilisé à un moment donné
(mobiles, fixes haut débit, etc.).
Des préconisations
existent Une fois ces pré requis posés, qu'en est-il
des différentes étapes de déploiement technique d'IPv6 ? "La toute première
passe par la constitution d'une plate-forme d'expérimentation sur un périmètre
restreint en vue de cerner les contraintes d'une migration globale ainsi que les
différents enjeux techniques qu'elle recouvre [ajout et déploiement nécessaires,
etc.]", recommande t-on à l'AFNIC. Et Tayeb Ben Meriem d'ajouter : "Chez France
Télécom R&D, nous avons commencé par basculer les routeurs périphériques (ce qui
nous a permis de réaliser des passerelles pilotes), avant de généraliser le support
des doubles piles (compatibilité IPv4/IPv6) à l'ensemble de nos routeurs
centraux, et d'aboutir au final à une migration complète de l'ensemble des services
réseau."
Pour assister les acteurs, l'IETF (Internet Engineering
Task Force), organisme en charge de la standardisation du protocole IP, a mis
au point une boîte à outils préconisant un certain nombre
de solutions d'intégration (Microsoft, etc.). Une première brique
que le consortium compte compléter prochainement d'un guide visant à
préciser les grands scénaris à mettre en oeuvre en fonction
des usages et des métiers (opérateur, fournisseur d'accès
à Internet et grande entreprise).
En France, d'autres groupements, comme G6
ou encore la Task Force IPv6, ont également pour vocation d'épauler
les entreprises dans le développement ou le déploiement de réseaux
ou de systèmes IPv6.