Après la production manufacturière, la Chine s'impose comme un acteur incontournable de la scène logicielle. Des croissances à deux chiffres et une stratégie active l'aident à y parvenir. (Lundi
10 novembre 2003)
Les chiffres parlent d'eux
mêmes : + 25,8 %. Telle est la prévision
de hausse des ventes de logiciels pour l'année
2003 en Chine (sources IDC). Une progression à
deux chiffres qui ne faillit pas depuis le milieu des
années 1990.
L'activité de développement logiciel (offshore
programming), véritable gisement de croissance,
emprunte la même voie. La zone Chine / Inde devrait
s'adjuger quelque 60% des développements logiciels des
grandes entreprises mondiales d'ici 2005, toujours selon
IDC. Les activités de services IT draineront, selon
le cabinet Gartner, plus de 27 milliards de dollars en
Chine d'ici 2007. Un mouvement de fond qui ne s'explique
pas seulement par des coûts de main d'oeuvre inférieurs
à ceux pratiqués en Europe ou aux Etats-Unis.
Des
ingénieurs qualifiés, un Etat collaboratif Chaque année,
ce sont environ 700 000 ingénieurs qui sortent
des écoles. Mais pour répondre à
la demande croissante en spécialistes, de très
grands acteurs informatiques occidentaux lancent des programmes
de formation toujours plus vastes et ambitieux, en collaboration
avec les autorités nationales. Ces dernières
ont en effet compris les enjeux liés à cette
industrie. IBM a ainsi lancé un programme triennal
de formation de 100 000 ingénieurs.
Les autorités soutiennent par ailleurs les sociétés
du secteur et promeuvent les associations professionnelles
destinées à structurer et organiser le marché.
Parmi les principales sociétés chinoises
présentes sur le marché domestique, on trouve
the Chinese Software Corporation, Sun Tendy, Xingxing,
Yong-You ou encore Fangzheng Group. Et les grands groupes
occidentaux ne s'y trompent pas. Les centres de développement
ou de recherche s'ouvrent - voire se multiplient - les
uns après les autres. Parmi les plus récentes
annonces, celle d'Oracle qui, le 30 octobre dernier, a
annoncé la création de son deuxième
centre de développement, à Pékin.
La
montée en puissance de Linux Volonté
politique de ne pas dépendre d'une seule technologie
ou d'un nombre réduit d'éditeurs, défiance
par rapport aux acteurs du monde dit "occidental",
sécurité nationale ? Les motivations sont
multiples mais une chose est sure, Linux est promu comme
rempart devant les risques de dépendance ou de
monopole technologique. Début novembre, les gouvernements
chinois, japonais et sud-coréen ont déclaré
vouloir bâtir ensemble un système d'exploitation
alternatif de Windows, s'inspirant fortement de ce que
peut proposer l'OS libre Linux.
Déjà, des structures telles que la China
Co-Creating Software Federation sont prêtes à
accueillir ce genre de projet. Cette dernière,
dont les membres sont China Software Compagny, Red-Flag/
CAS, TurboLinux ou Bluepoint, ont déjà soutenu
des dizaines de projets.
Afin de s'imposer véritablement
sur le marché mondial du logiciel, la Chine devra
néanmoins parfaire certains aspects, à commencer
par la fâcheuse tendance au piratage. La barrière
de la langue s'estompe à grands pas mais il reste
des progrès à faire, ainsi que sur le terrain
des méthodes de travail. L'Inde, pays considéré
comme un rival sur ce plan là, a encore quelques
longueurs d'avance (lire les trois
questions posées à Philippe Michelin,
de BFD).