L'urbanisme
des SI entre pragmatisme et méthodologie
Un livre blanc du Cigref tend à vulgariser les concepts et méthodes de l'architecture des SI, en insistant sur l'impact non négligeable de la culture d'entreprise dans la démarche. (Mardi 18 novembre 2003)
Issu des travaux d'un de ses
groupes de réflexion, dans le cadre d'une thématique
intitulée "Urbanisme, architectures et technologies",
le livre blanc que le Cigref
(Club informatique des grandes entreprises françaises)
vient de publier sur l'urbanisme des systèmes d'information
a pour vocation de vulgariser - au sein de l'entreprise
- les concepts et méthodes qui y sont rattachés.
Visant à donner des arguments aux personnes en
charge de décider d'un projet, de débloquer
des budgets ou de mettre en oeuvre un plan d'urbanisation,
le livre blanc modère notamment le discours "100%
méthodologie" tenu par certains acteurs du
conseil, en valorisant les approches plus pragmatiques,
les deux étant bien évidemment hautement
complémentaires.
Une
question de culture "Il n'y a
pas qu'une seule façon de faire de l'urbanisme.
Bien entendu, l'approche dite déductive, qui part
de la stratégie pour aboutir à des directives
opérationnelles impactant les processus [approche
top - down] est la plus jolie façon de faire,
mais pas forcément la plus pragmatique. Il ne faut
pas succomber à la dictature méthodologique
! La réalité de l'entreprise est que l'on
doit gérer la démarche, à un moment
donné, avec des projets, donc faire appel à
des méthodes dites inductives, plus opportunistes",
déclarent de concert Renaud Phélizon et Frédéric
Lau, chargés de mission au Cigref et rédacteurs
du livre blanc.
Les rédacteurs, mais aussi les entreprises ayant
contribué au projet par leurs témoignages
(en partenariat avec le club
Urba-SI) mettent ici le doigt sur un aspect crucial
: la culture d'entreprise. Certaines entreprises ont en
effet l'habitude de monter des équipes et de bâtir
une méthodologie avant de se lancer, ou ont un
besoin d'un niveau de normalisation très élevé
(cas des entreprises publiques dont le marché s'ouvre
à la concurrence).
A l'inverse, d'autres commencent par des processus "cur
de métier", dans une démarche d'appropriation
ou tout simplement parce qu'elles sont confrontées
à des événements extérieurs
de type économique (fusion/acquisition), réglementaire
(nouvelle norme) ou technologique, qui remettent en question
les principes établis.
Investissement,
donc notion de risque Le livre blanc
met par ailleurs en exergue le fait que la démarche
d'urbanisation a un coût (en ressources humaines,
méthodologie, outils, logiciels, intégration,
infrastructure et organisation). Elle doit donc être
pensée sous l'angle du risque et de son évaluation
: risque de faire, de ne pas faire ou de reporter.
"Quand on parle d'investissement, tout le monde est
d'accord. Quand on parle de risque financier, budgétaire
ou d'appropriation par les utilisateurs, les gens sont
plus dubitatifs. Mais les décideurs ont besoin
d'entendre ce discours là pour fonctionner",
concluent Renaud Phélizon et Frédéric Lau.