Sacrifions, cette fois encore, au fameux "bilan
de fin d'année" : mais aux traditionnels "paris technologiques"
et autres (pré)visions plus ou moins qualitatives de l'état futur
du marché, nous avons cependant préféré la réalité
concrète des douze derniers mois.
D'abord en retraçant les principaux événements survenus en
2003 (rachats, fusions, OPA
réussies ou en cours, ou encore les virus
les plus marquants - on pense à Sapphire et Blaster en premier lieu),
mais aussi en nous appuyant sur les témoignages recueillis tout au long
de l'année auprès de quelques uns des principaux Directeurs
des Systèmes d'Information des entreprises françaises, auprès
également des dirigeants des sociétés
de services informatiques hexagonales les plus significatives.
Nous avons voulu, enfin, convier trois personnalités
des mondes du logiciel
libre, du conseil
en management de SI et de l'Internet en général (via
son organisation la plus représentative, le W3C),
pour ce même exercice de retour sur l'année écoulée.
IT
Does Matter
Tout ceci, compose, nous l'espérons,
un portrait balancé et complet d'une année supplémentaire
d'information quotidienne sur JDN Solutions.
Pour notre rédaction, 2003 n'apparaît pas comme une simple année
de transition entre une période de crise d'un côté et une
éventuelle reprise des investissements informatiques de l'autre. Bien plus,
2003 semble avoir permis l'amorce véritable de ce qui était annoncé
en 2002, voire même en 2001 : l'évolution des systèmes d'information
en outil stratégique de création de valeur pour l'entreprise. L'informatique
"ne compte pas" ? (voir la chronique
de Pierre Lombard et l'interview
de Sonia Boittin). 2003 marque le début de la preuve du contraire, et ce
au moins pour trois raisons :
1) Les réductions de coûts imposées dans les directions
informatiques ont permis d'isoler précisément ce qui pouvait faire
dire que la "technique" est aveuglément consommatrice de dépenses,
et de s'en débarasser (voir sur le sujet la tribune
de Julien Mazerolle) ;
2) L'intensité du débat autour des brevets logiciels et de
la rivalité Windows/Linux (qui s'est par ailleurs exprimée pleinement
cette année, quand elle n'était encore que relativement anecdotique
les années précédentes) a montré combien les modes
de diffusion du logiciel était liés aux conditions de l'innovation,
et donc à l'économie (voir notre dossier)
;
3) Si l'on regarde les domaines de l'informatique d'entreprise qui ont
connu des bouleversements en 2003 (consolidation
notamment), on s'aperçoit qu'il s'agit de domaines considérés
comme "stratégiques" : progiciels de gestion, progiciels de CRM,
solutions d'aide à la décision... accompagnés d'un domaine
qui commence à le devenir au moins pour les grands groupes : la gestion
des contenus et de leurs cycles de vie.
Portes entre-ouvertes
Du point de vue des technologies, le constat
se confirme : qu'il s'agisse du Grid
Computing, des marqueurs
RFID, de l'Instant
Messaging, du Wi-Fi 802.11g,
ou même des Web
Services (et plus largement des standards XML
dans le champ de l'intégration interapplicative), c'est bien 2002 qui
représentait l'année de transition, tandis que 2003 voit l'avènement
de véritables marchés et d'utilisations réelles.
Côté investissements, les choses sont plus floues : 2003 est apparu,
notamment dans sa deuxième moitié, comme une porte entre-ouverte
vers une reprise de l'activité après deux années noires pour
l'ensemble du secteur informatique... Reprise qui reste encore à
confirmer. Il reste que les grands cabinets d'études (AMR, Forrester...)
ont annoncé
des chiffres encourageants.
Mais ceci ne doit pas masquer le fait que l'année
a été dure pour beaucoup d'acteurs : on pense au plan social toujours
en cours chez Cap
Gémini Ernst & Young, aux pertes de Sun, au marasme vécu
par la SSII Fi
System, l'une des ex-reines de la "nouvelle économie", ou
encore aux difficultés non encore complètement résolues de
MandrakeSoft.
Par ailleurs, le statut
même des informaticiens en France est sujet à d'éventuels
bouleversements, tandis que le recours à l'offshore
fait régner un climat d'inquiétude, notamment aux Etats-Unis, sur
l'emploi high-tech.
Au final, l'impression est donnée, tout de même, d'une année
riche. Et peut-être justement parce qu'elle a été une année
de vaches maigres sur le plan des budgets ; il fallait sans doute un certain repli
- et la réduction du nombre et de l'ampleur des projets - pour paradoxalement
faire de 2003 une année dont on pourra dire, plus tard, qu'elle a été
réussie, compte tenu des conditions défavorables avec lesquelles
il fallait composer...
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