Acteurs
SSII : coller au plus près à la demande
Après deux ans difficiles et une année 2004 qui ne s'annonce pas meilleure, tous les moyens sont bons pour optimiser les systèmes d'information et réduire les coûts. (Lundi 22 décembre 2003)
     
Bilan 2003
Parmi la quinzaine d'interviews de dirigeants des grandes SSII françaises que nous avons conduites en 2003, on retrouve, d'une société à l'autre et au-delà de leurs spécificités, les mêmes constats et les mêmes mesures.

Toutes se sont recentrées sur la demande… et s'en sortent finalement assez bien. Petit récapitulatif de la situation du marché à travers le regard des différents managers interrogés, et perspectives sur 2004.

Un retour de bâton particulièrement violent
Si la crise a eu quelques mois de retard, elle a, malgré tout, touché de plein fouet, dès fin 2001, les sociétés de services en ingénierie informatique. Jusque là, elles avaient réussi à maintenir leur activité en bénéficiant des projets déjà engagés par les clients. Mais une fois les contrats remplis, la situation s'est très vite retournée et les SSII, qui avaient investi en matériel et en personnel pour répondre à la demande se sont retrouvées en surcapacité. Implacablement l'enchaînement économique s'est mis en marche : le surplus d'offre a causé une baisse générale des prix, obligeant les entreprises à réduire les coûts...

Dans de telles sociétés qui fournissent des prestations intellectuelles, près de 70% des coûts sont des salaires, et si certaines se félicitent de ne pas avoir licencié (Unilog), l'opération de réduction d'effectif a été un passage obligé pour la large majorité. " Dès le deuxième semestre 2002 nous avons mis en œuvre des mesures, allant de la réduction des dépenses au resserrement de notre positionnement. Le tout visant à garantir un niveau d'activité correct ", explique Khattar Chkaiban, le PDG de Valoris… Chez GFI Informatique, le plan de réaction consistait à préserver la marge, à améliorer la trésorerie et à continuer à s'endetter, notamment en investissant dans la fonction commerciale. Résultat : 600 personnes licenciées en 14 mois.

Chez Devoteam en revanche, si Stanislas de Bentzmann estime avoir traversé la crise "dans une grande sérénité", s'appuyant sur une bonne situation financière, et séparant les deux activités de conseil et d'intégration. Il oublie cependant qu'il a dû fermer deux sites et engager un plan de restructuration sur douze mois. La stratégie d'évitement du Groupe Open n'a pas été plus fructueuse : "Nous avons volontairement évité les grands projets de cette période : à savoir le passage à l'euro et à l'an 2000. Cette démarche nous a permis d'éviter le retour de bâton…" déclare le directeur général Guy Mamou-Mani… malgré cela une centaine de personnes ont été licenciées.

Faire plus avec moins
Ainsi, malgré les bémols évoqués par certains dirigeants sur leur gestion de la crise, tous s'accordent avec le président de Syntegra France, Guy Bonassi , qui déclarait en juin dernier : "il s'agit là de la plus grande crise jamais vécue par notre secteur. Sans compter qu'elle fait suite à quatre années d'euphorie caractérisées par une croissance non maîtrisée".

Ainsi après des faillites et des licenciements en cascade, les SSII ont du s'adapter à un nouveau marché, plus frileux, moins dépensier, mais toujours demandeur… de solutions d'optimisation de coûts. "Faire plus avec moins de moyens" est alors devenue la devise des directeurs de systèmes d'information. Finis les projets de grande envergure sur plusieurs années, le temps est à la prudence, aux économies et donc aux projets par mission, aux contrats par lots et sur quelques mois seulement.

Les DSI "découpent les projets pour éviter les effets tunnel et aboutir à un retour sur investissement plus rapide", résumait en avril 2003 Thierry Pilenko, le directeur général de SchlumbergerSema (racheté depuis par Atos). De son côté Dominique Illien, membre du directoire d'Atos Origin (justement) nous présentait, en mai dernier, une définition représentative de l'état de la demande : "Les grands comptes veulent s'adresser à des interlocuteurs uniques, capables d'offrir une vaste gamme de services, notamment pour externaliser tout ou partie de leur système d'information".

Cette démarche des clients qui, selon Jean-Pierre Parra, le directeur général d'Unilog "troquent une baisse de prix contre un périmètre plus large offert à moins de sociétés" a des conséquences directes sur l'offre des SSII.

S'adapter pour survivre : ces métiers qui vivent de la crise...
A ces tensions sur les prix, les SSII répondent en se concentrant sur des projets à forte valeur ajoutée : Transiciel (une OPE a été lancée sur cet acteur par Cap Gémini) reste sur la cible des grandes entreprises en misant sur les quelques projets à long terme encore existants ; Syntegra France mise sur le mariage du conseil et de l'intégration après le rachat de KPMG Consulting France il y a un an… quant à Euriware, Atos Origin, Steria, Logica CMG et SQLI, chacun exploite à présent le filon de l'infogérance et de la tierce maintenance applicative (TMA).

Quelle meilleure solution en effet pour faire des économies et se concentrer sur son cœur de métier que de confier à un tiers les activités secondaires telles que la gestion de la paie ou celle du système d'information ? Ce réflexe vital des entreprises permet ainsi à leurs prestataires de se recentrer sur ce créneau et l'utiliser pour faire elles-mêmes des économies. Les SSII sont en effet les premières à sous-traiter en province ou à des sociétés en Inde, en Roumanie ou au Maghreb, les services qui leur ont été confiées. "L'externalisation est un véritable moteur de croissance pour les années à venir", déclare Philippe Loeb, le PDG d'Euriware qui se fait l'écho de ses homologues.

..et ceux qui redémarrent
Au-delà de cette activité clef du secteur, la déprime n'est pas totale : plusieurs autres domaines sortent du lot. "Nous percevons une montée en puissance des problématiques de business intelligence, notamment dans les domaines bancaire et industriel, analyse Jacques Berchadsky, le directeur général de Transiciel Intégration de systèmes de gestion. Cette dimension, ainsi que celle de la sécurité, apparaissent de plus en plus souvent comme des composantes indispensables des projets d'intégration. Parallèlement, les déploiements de portails d'entreprise et de solutions de CRM se poursuivent. C'est également le cas des EAI (outils d'intégration d'applications d'entreprise) et des chantiers d'urbanisation des systèmes d'information". Tout est dit.

Côté secteurs, si la finance et les télécoms restent encore sur leur garde et se contentent de projets d'ajustement pour passer aux normes et réglementations nationales et européennes, l'administration publique reste grande consommatrice de nouvelles technologies.

Enfin, pour ce qui est de 2004, l'enthousiasme n'est pas flagrant, mais le pire est passé. Pour Guy Bonassi, le président de Syntegra France, une légère reprise est inévitable, car "après plusieurs années de rigueur, les entreprises sont obligées d'investir pour ne pas risquer l'asphyxie". Et Philip Loeb, PDG d'Euriware de confirmer : "les investissements réalisés à partir des années 98 par les entreprises vont déboucher sur des besoins de renouvellement, il faut simplement pouvoir attendre, tenir et laisser passer 2003 et une partie de 2004 vraisemblablement".

Bilan 2003

Sans compter les prochains effets démographiques. " Notre secteur se retrouvera alors dans une situation de pénurie de ressources, mais je ne pense pas qu'il faille pour autant envisager la délocalisation à tout va ".

[Philippine Arnal, JDNet]
 
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