Les fabricants étrangers n'ont que six mois pour s'adapter à un algorithme de cryptage imposé depuis le 1er décembre 2003. Une mesure aux parfums de protectionnisme. (Mardi 6 janvier 2004)
La Chine semble vouloir prendre
les choses en main en ce qui concerne la fabrication et
la commercialisation d'appareils Wi-Fi sur son territoire.
Elle a annoncé il y a un mois que tous les équipements
non compatibles avec l'algorithme de cryptage WAPI (Wired
Authentification and Privacy Infrastructure) seraient interdits.
Une décision radicale qui, officiellement, repose
sur des motivations de protection nationale, le niveau
de sécurité des actuels standards Wi-Fi
apparaissant insuffisant aux yeux des Chinois. Officieusement,
de nombreuses réactions d'industriels font état
d'une décision unilatérale à caractère
protectionniste accompagnée de juteuses recettes,
car seules onze entreprises chinoises sont habilitées
à délivrer cette technologie, et par là
même, à en percevoir les royalties découlant
des licences accordées.
Une
technologie supérieure ? Elaborée
par le China Broadband Wireless Internet Protocol Standards
(BWIPS), la norme WAPI est, selon cet organisme, supérieure
au WPA (Wi-Fi Protected Access) et au 802.11i dont la
promotion au plan mondial est assurée par l'IEEE
(Institute of Electrical and Electronics Engineers) et
la Wi-Fi Alliance.
Les fabricants de matériels et de puces, en premier
concernés, se sont vus accorder une période
transitoire de six mois (de janvier à juin 2004),
mais seulement pour les produits importés ou fabriqués
avant le premier décembre 2003 ou pour lesquels
la livraison a été signée avant cette
date. La surprise a été d'autant plus forte
dans les rangs de ces industriels qu'il semblait acquis
que les normes 802.11 et 802.11b étaient devenues
de véritables passeports planétaires accompagnant
le développement de cette technologie sans fil.
Ou
la protection d'une croissance à venir enviée
? Le développement
du Wi-Fi à travers le monde - et plus spécifiquement
en Chine - peut bien entendu également expliquer
cette initiative pour le moins opaque et inhabituelle
dans son mode de diffusion. La Chine pourrait ainsi passer
d'un volume d'affaires de 17,2 millions de dollars en
2002 (sources IDC) à 250 millions en 2005 (sources
Wi-Fi Alliance), un chiffre qui pourrait même doubler
deux ans plus tard, selon divers analystes.
Dans ce contexte, on comprend
pourquoi seules 11 entreprises chinoises - dont des concurrents
frontaux de Cisco, HP ou d'Intel : Huawei Technologies
et Legend Holdings par exemple - font partie des heureux
élus par lesquels il faudra obligatoirement passer
pour profiter de cette manne.