En
2000, le Groupe Air Liquide a engagé, sur la zone Europe, un projet de
refonte de son système d'information visant à aboutir à une
infrastructure unique pour toutes ses entités, ainsi reliées entre
elles. L'infrastructure en question étant pilotée par un centre
de données.
Rappelons qu'Air Liquide, qui fournit des gaz, des équipements et les services
associés aux industriels, aux fabricants de semi-conducteurs, aux hôpitaux
et aux prestataires de services médicaux à domicile, est présent
dans 65 pays. Ses 130 filiales étaient jusque là soumises à
des objectifs de résultats et non de moyens.
Cela change avec le projet ALSEIS, pour Air Liquide Shared European Informatic
System, accompagné par la SSII Devoteam, et qui tire profit de la démarche
BRM, (pour Business Relationship Management) du prestataire (voir
l'encadré).
Virage
stratégique
Patrick Franchinard, le directeur des opérations, pose le contexte : "Air
Liquide a pris un virage stratégique dans le domaine de l'informatique.
La décentralisation qui caractérise notre organisation nécessitait
la mise en place de back offices pour mieux mutualiser les services informatiques",
mais aussi d'outils de suivi et de mesure du service client, notion omniprésente
chez Air Liquide.
Le chantier aboutit à
créer un centre de données européen capable de gérer
toutes les entités de la zone, à définir une stratégie
de rationalisation, et à mettre en place des outils d'optimisation des
processus et de réduction des coûts. Le
but étant de gérer le système d'information de manière
centralisée à Paris, et d'avoir des équipes légères
dans les filiales.
Ainsi, à chaque fonction
correspond désormais une plate-forme, soit une douzaine au total : achats,
business (gestion des comptes-clés), approvisionnement en gaz, etc., et
bien sûr informatique "car le système d'information est le ciment
de l'ensemble" souligne Patrick Franchinard. "La forte coordination
entre les entités via les plate-formes nous permet d'être de plus
en plus réactifs à la demande des clients".
Ne pas réinventer
la roue
Le projet ALSEIS a démarré depuis déjà trois ans et
même si le coeur du système, à Paris, est toujours en cours
de développement, le plus gros a été réalisé.
Le centre de données centralise la gestion de toutes les informations produites
par chaque entité, et a récemment été enrichi d'un
système de supervision en mode 24/7.
Au quotidien, l'équipe
Devoteam (le prestataire) est présente en permanence aux côtés
du service informatique d'Air Liquide. Elle intervient d'une part sur des actions
de fond, et d'autre part sur deux ou trois projets déterminés par
an. "Ils nous ont aidé à composer le catalogue de services,
à choisir et installer des indicateurs de performance, à mener des
enquêtes de satisfaction, à monter des contrats de services, et le
help desk", raconte Patrick Franchinard.
"Ce qui est intéressant
avec la méthodologie, c'est qu'elle nous donne un référentiel
commun avec les clients et avec les collègues des autres entités.
Elle est un cadre formel qui évite d'avoir à réinventer la
roue. Elle nous donne les moyens de savoir si l'organisation informatique s'aligne
bien sur la stratégie du groupe ; c'est le principe de gouvernance".
Impliquer les hommes
Mais si les systèmes d'optimisation des ressources et d'industrialisation
des processus sont déjà bien avancés, reste à conserver
et à surveiller le niveau du service client.
Profitant du déploiement
parallèle (par Accenture) d'un projet SAP au niveau européen, l'équipe
informatique s'est déplacée dans les help desks des entités
pour installer et adapter aux spécificités locales, les nouveaux
outils informatiques de relation et de suivi client... qui ont été
plutôt mal acceptés par les salariés concernés.
Patrick Franchinard et son
équipe ont donc mené, avec la direction de la communication du Groupe,
une véritable campagne de communication auprès de ces utilisateurs.
Usant d'affiches d'information, de documents explicatifs en forme de bandes dessinées
ils ont tenté d'expliquer et de justifier l'intérêt et l'utilisation
de ces outils de support. Ils ont même personnifier le help desk en créant
une mascotte, nommée Helpy, que l'on peut voir désormais posée
sur tous les postes. Sans doute signe de succès de l'opération.
Aujourd'hui,
s'il peut anoncer que le taux de service client atteint les 85%, Patrick Franchinard
estime que le processus ne fait que démarrer et qu'il est difficile d'évaluer
le véritable retour sur investissement d'un tel projet, car il comprend
trop d'éléments qualitatifs.
C'est aussi pour cela qu'Air
Liquide, conseillé par Devoteam, se prépare à installer une
procédure de contrôle interne qui permettra à chacun de s'auto-évaluer
en complétant les éléments d'un formulaire, compte-rendu
des services fournis. Le manager de chaque entité pourra ainsi vérifier
le niveau d'activité de son service.
Le
Business relationship management selon Devoteam
Le BRM est une solution globale de pilotage et d'optimisation de l'infrastructure
technique. "C'est un ensemble de briques structurées en trois niveaux,
explique Marc Fakhouri, responsable corporate des activités BRM chez Devoteam.
La définition de la stratégie par rapport à un projet dans
un premier temps ; puis la détermination de la partie organisationnelle,
de la manière et des moyens pour la créer ; et enfin les briques
qui permettent de mettre en place l'infrastructure".
Comme Air Liquide, les entreprises qui optent pour la méthode BRM, ont
des objectifs précis à atteindre : la réduction des coûts,
l'optimisation des ressources et l'amélioration du niveau de service client.
Cette démarche leur permet d'y parvenir, tout en restant au plus prêt
de leur stratégie initiale.
"On doit en permanence se poser la question de savoir si la stratégie
et l'organisation du groupe sont en adéquation avec les attentes des clients.
La méthodologie nous donne les indicateurs de mesures et nous incite ainsi
à vérifier sans cesse que le service fourni aux clients correspond
bien aux objectifs", explique Patrick Franchinard.
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