Après une période
de crise qui a mis fin aux grands projets, "les sociétés préfèrent
investir dans des outils au retour sur investissement immédiat plutôt
que dans des outils de pilotages globaux, complexes à mettre en place et
aux retombées plus longues à venir", explique Eric Ménard,
responsable d'études au cabinet Pierre Audoin Consultants.
Etre plus efficaces et réactives à la demande au quotidien, voilà
l'enjeu des entreprises. Et plutôt que de dépenser temps et argent
dans la mise en uvre d'un outil de planification, elles cherchent à
optimiser l'existant, et en particulier l'exécutif.
"Aujourd'hui
le potentiel des outils de planification reste important, mais les regards se
tournent plutôt vers le domaine de l'exécution : la gestion de l'entreposage
et du transport. Nous prenons encore plus conscience de la notion de coût
- 89% des dépenses sont des coûts de manutention - et de la notion
de taux de service, qui passe par un bon processus d'exécution. Or on peut
dire que le système fonctionne en boucle : si l'exécution fonctionne
bien, les informations réintégrées en retour dans le système
sont correctes, les ajustements sont adaptés, la planification aussi, et
ainsi de suite
" décrit Si-Mohammed Saïd de SAP.
Priorité donc à
l'efficacité et à la performance du processus, avec un intérêt
croissant pour les technologies vocales, le RFID, déjà testé
par la plupart des grands distributeurs, les outils de cross docking, système
qui consiste à fractionner les lots reçus en commandes, et un nouvel
outil, l'SCEM ou Supply Chain Event Management.
Ce dernier est une véritable réponse au besoin de réactivité
en temps réel des sociétés. Ils se connecte aux plates-formes
des différents acteurs et aux niveaux d'exécution et supervise le
réseau logistique, reliant l'exécution et la planification. Il suit
un événement, une passation de commande d'un bout à l'autre
de la chaîne, et donne l'alerte en cas de dysfonctionnement dans le processus
et déclenche des procédures et scénarios de substitution.
L'outil d'Event Management
peut compléter des outils de gestion d'entrepôts ou de gestion de
transports, comme chez Gefco, qui suit ainsi le transport, le stockage et la distribution
de ses voitures et alerte en temps réel son premier client PSA Peugeot
Citroën en cas de retard de livraison.
Dans le domaine de l'adaptabilité
et de la réactivité, le Web s'est aussi imposé depuis 2000
environ. Présent aux deux extrémités de la chaîne,
l'interface Internet intervient à plusieurs niveaux dans la gestion collaborative
: en amont du côté des fournisseurs, et en aval pour les prévisions
des ventes produites par les services commerciaux et marketing.
La société
Radiospares vend ainsi en ligne ses 100 000 références produits
et va déployer un réseau européen de gestion des commandes
qui s'appuiera sur une plate-forme ERP SAP et une plate-forme SCM Manugistics.
En revanche, l'interface
Web ne suffit pas quand il s'agit de transmettre des informations sur la capacité
de production, sur le niveaux des stocks ou sur les prévisions de demandes
des clients et des fournisseurs entre chaque département.
Ainsi, la Supply Chain n'est-elle plus seulement
une série d'opérations cloisonnées, mais bel et bien un processus
qui se globalise, mettant en lien tous les acteurs, des fournisseurs aux clients.
Et si les sociétés se recentrent
sur la partie exécutif, l'émergence de nouveaux outils tels que
l'SCEM traduisent l'imbrication progressive et consciente du décisionnel
dans l'opérationnel, pour que la finalité qui est généralement
toujours le taux de service et de satisfaction client soit présente à
toutes les étapes de la chaîne.
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