Le ministère de l'Economie
et des Finances doit décider, pendant le mois de mars, quel sera le consortium
de sociétés qui prendra en charge la phase II du projet de refonte
du système d'information financier de l'Etat. Qui sera le gagnant parmi
les trois consortiums qui regroupent Accenture, Cap Gemini, SAP et Peoplesoft
dans le premier ; Steria, SAP, Bull, Deloitte & Touche et enfin Sema (Atos
Origin), Oracle, Sopra et Bearing Point dans le troisième groupe ?
Un
enjeu de taille
Le but du projet Accord est de fournir à tous les agents financiers de
l'administration centrale - gestionnaires, ordonnateurs, contrôleurs financiers
et comptables - une application unique pour la gestion des dépenses de
l'Etat. Les dossiers pourront ainsi être suivis, en temps réel, au
fur et à mesure des étapes, et validés par un système
de signature électronique.
La rumeur parle d'un contrat
d'un montant de 200 millions d'euros pour un chantier national concernant entre
25 et 35 000 agents financiers des services centraux et déconcentrés.
L'enjeu est de taille, mais c'est aussi un véritable défi puisque
le système d'information doit être opérationnel en 2006.
C'est d'ailleurs peut-être sur la base de cette contrainte que les décideurs
vont faire leur choix parmi les trois groupes de candidats.
Le contrat en jeu est en
fait la phase II du projet Accord qui a débuté en novembre 1999
avec le choix du consortium Accenture, Steria, Sequent et Peoplesoft pour la mise
en place d'un site pilote en mars 2001 sur le ministère de l'Intérieur.Le
planning d'Accord I a été respecté
ou presque. En 2001,
220 premiers agents utilisent le progiciel de Peoplesoft au sein du ministère.
Puis le site pilote est étendu à la Datar, au commissariat au Plan,
aux services du Premier ministre, au secrétariat à l'Outre-mer,
de l'Environnement et du Tourisme. Et en 2003, il couvre 4 700 utilisateurs dans
huit autres ministères, la Cour des comptes, le CSA et le Conseil de l'Etat.
Mais alors que les trois derniers ministères, le Quai d'Orsay, l'Agriculture
et la Défense devaient être " bouclés ", cette dernière
étape vient à peine d'être entamée.
Un déploiement
laborieux
Or, à ce retard, s'est ajouté entretemps le vote de la loi organique
relative aux lois de finance le 1er août 2001. La LOLF, qui impose la tenue
de trois comptabilités : une comptabilité budgétaire, une
comptabilité générale et une comptabilité destinée
à l'analyse des coûts, soit un changement radical de la gestion budgétaire
de la France. C'est pour cette raison qu'un second appel d'offres a été
lancé.
Pour les deux consortiums
menés par un cabinet de conseil - Cap Gemini d'un côté, Deloitte
& Touche de l'autre, deux ans seront suffisants pour mettre en uvre
le progiciel de gestion unique à toute l'administration financière.
Pour Sema, Oracle, Sopra et Bearing Point, il faudrait d'abord commencer par préparer
les fondations du nouveau système en modifiant les applications existantes
pour ensuite mettre en place le progiciel. Ce qui réclamerait de plus de
deux ans
.
Car en pratique, le déploiement d'Accord I ne s'est pas déroulé
sans faille. Selon le rapport de la séance du Sénat du 20 novembre
2003, le progiciel se révèle plus handicapant que révolutionnaire.
Ce compte-rendu de session
révèle non seulement que "la phase préliminaire de reprise
de données a été laborieuse" et que l'application est
complexe d'utilisation, mais aussi que le Commissariat général du
Plan a relevé "que le traitement des actes de dépenses était
beaucoup trop long" du fait - justement - de cette complexité. Il
ajoute enfin que "l'outil n'est pas adapté aux besoins des petites
administrations où un même agent est multi-fonctions (comptables
et non comptables)".
Ainsi, alors que le consortium
d'Accenture n'a pas encore comblé ses premiers engagements et doit assumer
les erreurs techniques sa candidature est à nouveau posée pour prendre
la suite du projet, toujours en compagnie de l'éditeur Peoplesoft qui a
fournit le progiciel de gestion d'origine. Aucun des acteurs de ce projet n'a
voulu s'exprimer.
Reste à savoir comment vont raisonner les décideurs de l'Etat :
privilégier la continuité du projet, où sanctionner le prestataire
fautif.
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