Comment définir une grille
? "On entend par là une matrice bi-dimensionnelle permettant
de piloter des nuds de serveurs disponibles sur un réseau,
en vue par exemple de mutualiser des ressources machines",
explique Christophe Le Cannellier, consultant chez Euriware.
Ainsi, une telle solution serait ni plus ni moins comparable
à un environnement de serveurs en grappe (ou cluster)
centré sur la réalisation de calculs. "Et
pourquoi pas également sur le partage de données
disponibles sur des plates-formes distantes", ajoute
Jean-Marie Verdun, responsable de l'activité Linux
chez HP France.
Un
cluster en couplage lâche
Nées dans
les laboratoires des grandes universités américaines
à la fin des années 1990, les technologies
de grille s'inspireraient plus particulièrement
des grappes de type beowulf. A savoir: des piles
de serveurs basées sur des architectures d'orchestration
matricielle. Seule différence : une grille
présenterait des dispositifs de couplage machine
beaucoup plus lâches, des librairies de messages
standardisées notamment. Une caractéristique
qui leur permettrait de prendre en compte des OS voire
des plates-formes matérielles hétérogènes.
"Alors qu'un cluster beowulf
s'appuie sur un réseau privé (souvent haut débit), une
grille est plutôt conçue pour exploiter des ressources
par le biais d'un réseau ouvert, comme Internet", ajoute
Christophe Le Cannellier.
Avec pour principal point fort de pouvoir impliquer
un grand nombre de serveurs, une telle solution afficherait
néanmoins certaines limites : elle ne serait pas
forcément adaptée aux applications à forte granularité,
impliquant des transferts réguliers de paquets de données
importants. "Sans compter qu'il peut être assez difficile
de multiplier les modèles de machines dans ce contexte,
notamment en cas d'applications nécessitant l'utilisation
de formats de librairies et de fonctions de traitement
particuliers", complète le consultant, avant de reconnaître :
"il est vrai que les efforts en matière
de standardisation pourraient changer la donne à
l'avenir." Mais pour l'heure, la généralisation
des systèmes de grilles planétaires resterait encore
de l'ordre du fantasme.
Les
géants de l'informatique se positionnent
Plusieurs grands
acteurs informatiques se sont déjà lancés dans le développement
d'offres de grille. C'est notamment le cas de Sun. Face
aux problématiques évoquées plus haut, le constructeur
se veut réaliste. "Nous proposons une solution (N1 Grid
Engine) ciblant deux types de projets internes: la création
de grilles visant à mutualiser la puissance disponible
au sein d'un parc de stations de travail d'une part,
la mise en oeuvre de fermes de calcul d'autre part",
indique Laurent Chaumereuil, responsable marketing Serveur
chez Sun. Pour l'heure, N1 Grid Engine demeure en outre
cantonné à la gestion de nuds Linux et Unix.
S'intéressant de près aux technologies
de grille, IBM adopte une approche assez différente
de celle de Sun. "Nous souhaitons rester centré
sur l'infrastructure. Or, nous considérons que
les grilles [en environnements ouverts ou fermés]
entrent dans le champs des applicatifs", note Michel
Teyssedre chez IBM. En conséquence, le géant
axe son offre sur de la prestation de services, en élaborant
des offres verticalisées basées sur des
produits de partenaires éditeurs à la
fois généralistes (GridXpert, DataSynapse,
etc.) et spécialisés (Mercury Interactive,
MSC Software, etc.). "Notre objectif est bien sur
de rendre nos outils opérables par des grilles,
c'est pourquoi nous sommes parti prenante des chantiers
de standardisation sur ce terrain (Globus et Global
Grid Forum)", insiste t-on chez Big Blue.
Oracle
10g sort du lot
Aérospatial, chimie, automobile, agriculture,
géophysique, etc. Des mécanismes de grille
ou apparentés seraient actuellement en cours
de déploiement ou d'ores et déjà
en production dans de nombreux secteurs scientifiques
et industriels. Aux côtés de ces domaines,
plusieurs établissements financiers seraient
entrain d'entrer dans la danse : Charles Schwab
ou encore la Deutsche Bank seraient de ceux là.
Leur objectif: accélérer les opérations
de traitement autour de la simulation de portefeuilles
ou de l'évaluation des risques de crédit.
"Rendre un progiciel
de cacul métier exploitable par une grille est
assez complexe, souligne Christophe Le Cannellier. Pour
l'instant, la plupart des briques migrées correspondent
à des développements spécifiques".
Selon le consultant, l'une des seules solutions du marché
réellement optimisée pour fonctionner
au sein d'un système de grille serait la base
de données Oracle 10g.
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