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IBM : la longue histoire de Big Blue
Big Blue tient le haut de l'affiche depuis 50 ans. Le plus gros éléphant de l'informatique a toujours fait preuve d'une souplesse et d'une créativité étonnante. Histoire d'une saga riche en rebondissements.  (18/03/2004)
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Dans le monde de informatique, le géant parmi les géants se fait appeler IBM, mais il n'en a pas toujours été ainsi : il fut un temps où le logo de l'entreprise s'étalait dans une version longue - International Business Machines. Un nom au délicieux parfum rétro qui nous ramène au début du siècle : IBM est né en 1911, une époque ou les ordinateurs n'existaient encore que dans l'imagination de quelques savants.

Et c'est bien plus tard, au sortir de la seconde guerre mondiale, que Big Blue se tourne vers l'informatique. Avant cette période glorieuse, International Business Machines fabrique des tabulateurs - un hybride entre la calculatrice mécanique et la machine à écrire. Et les affaires marchent plutôt bien pour IBM puisque l'entreprise ne compte pas moins de 11 000 employés en 1939. Mais l'âge d'or d'IBM reste à venir.

Suivant, puis suivi
Les années 30 sont la décennie des pionniers de l'informatique. IBM observe avec dédain les laboratoires Bell, W.Hewlett et D.Packard - et leurs homologues - écrire les premiers chapitres de l'histoire de l'ordinateur. En 1941, IBM déclare publiquement qu'il n'y a pas de futur pour l'informatique électronique. Ironie du sort : trois ans plus tard, International Business Machines met sur le marché le Mark 1, un ordinateur qui se fait remarquer pour son aisance dans les séquences de calculs complexes.

Big blue (ce surnom provient de la couleur de la tenue réglementaire - bleu foncé - des salariés de l'entreprise) met ainsi le doigt dans un engrenage qui va faire son succès. En 1949 déjà, l'entreprise compte 27 000 employés ; elle suivra une trajectoire stratosphérique qui la propulsera à un sommet himalayen (400 000 employés) quelque 35 ans plus tard. Son armée d'informaticiens, de chercheurs et de commerciaux est grande à faire pâlir la concurrence.

  Cinq dates clés

1911 Création de la société
1944 Lancement du Mark 1, ordinateur pour calculs complexes
1975 Lancement du Fortran
1993 Perte record de 8 milliards de dollars et arrivée de Lou Gerstner au poste de P-DG
2003 89 milliards de dollars de C.A. pour un résultat positif de 7,61 milliards

La force d'IBM plonge ses racines dans sa créativité : de 1945 à 1985, IBM participe aux plus grandes aventures de l'informatique. 1957 est une année faste : le géant lance le Fortran - un langage qui s'impose et domine le marché pendant de longues années. 1957 est aussi l'année du disque dur, dont IBM pose les bases. L'aventure se poursuit en 1964, date à laquelle Big Blue dévoile son System/360 - et avec lui les notions de logiciel interchangeable et de périphérique.

La disquette ? Une autre création d'IBM, imaginée l'année où le monde s'engouffre dans la crise du pétrole. Mais le plus beau succès de Big Blue reste sans doute le PC, cet ordinateur individuel qui trône désormais partout dans les salons et dans les entreprises. Aujourd'hui encore, tous les Personal Computers du marché respectent dans les grandes lignes les spécifications définies par IBM un beau jour de 1981. Le beau palmarès du géant bleu se clot ainsi sur une invention dont il se serait bien passé - tous comptes faits - comme nous allons le voir.

La crise
La période faste s'achève pour IBM au début des années 80, la croissance du groupe marque un net coup d'arrêt. Pour le géant, créer le PC, c'était ouvrir la boite de pandore : IBM est le spécialiste des gros systèmes informatiques qui concentrent toute la puissance d'un parc d'ordinateurs dans une seule machine colossale. En 1980, la croissance de ces gros systèmes se tasse, et ce n'est pas un hasard si la courbe des PC crève le plafond au même moment. Malheureusement pour IBM, ses ordinateurs personnels ne parviendront jamais à s'imposer pleinement sur le marché des PC.

Pour l'éléphant qu'est devenu Big Blue, les années 80 vont être celles de l'apprentissage des affres de la concurrence. Le pachyderme n'est plus capable de fabriquer l'intégralité des composants de ses PC : il doit passer commande de circuits intégrés à Intel, et à bien d'autres entreprises. De même pour les logiciels.

Big Blue perd pied et affiche - une décennie durant - de catastrophiques résultats financiers. L'aiguille ne sort pas du rouge et finit par sombrer dans les profondeurs en 1993. Le géant moribond subit cette année là une perte de 8 milliards de dollars. Les effectifs du groupe sont retombés à 250 000 employés, et les plus optimistes en sont réduits à compter les mois avant que l'édifice ne s'écroule.

Mais IBM surprend son entourage, une fois de plus, l'animal étant plus vif qu'il n'y paraît. Son histoire le montre bien : dans les années 50, IBM a su se débarrasser de ses tabulateurs ; dans les années 80, l'éléphant a cédé son activité périphériques au futur Lexmark ; dans les années 90, le groupe a abandonné le marché des PC grand public. En cette fameuse année 1993, Big Blue accouchera dans la douleur d'un plan stratégique aussi brutal que visionnaire. Son initiateur, Lou Gerstner, homme de la dernière chance, est alors nommé P-DG.

Opération de sauvetage
Le redresseur d'IBM commence par "dégraisser le mammouth". Terminée l'époque du nombrilisme : IBM doit être pragmatique et les employés doivent éviter de recréer ce qui existe ailleurs. Fini l'emploi à vie : IBM resserre la vis du management et fixe des objectifs chiffrés à ses employés. Ceux qui ne s'y conforment pas sont mis à pied et viennent gonfler la vague des licenciements.

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Lou Gerstner se place à la barre et vire brutalement de bord. Big Blue met le cap sur les services - avec la création d'IBM Global Services et le rachat de PWC Consulting. IBM vise aussi les logiciels - avec les rachats successifs de Lotus, Tivoli et Rational. Désormais, le géant ne se contente plus de vendre du matériel : il conseille ses clients et déploie des solutions, vendant ordinateurs et logiciels dans un seul mouvement. Gerstner a fait d'un archipel de divisions un véritable continent, unifié et cohérent, que d'autres géants de l'informatique ne tarderont pas à imiter.

Le plan d'action de Lou Gerstner est couronné de succès : fin 2002, IBM a repris du poids, l'éléphant est sortie de la plus grave crise qu'il ait jamais connue. L'entreprise compte près de 350 000 employés, ses bénéfices pour l'année 2001 frisent les 8 milliards d'euros - pour 86 milliards de chiffres d'affaires. En 2003, l'activité atteint les 89 milliards de dollars, pour un résultat positif de 7,61 milliards. Une santé étonnante quand on sait d'où revient l'entreprise mais qui caractérise sa capacité à rebondir.

(articlé déjà publié en décembre 2002, mis à jour en mars 04)

 
 
Nicolas Six , JDN Solutions
 
 
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