Que
comptez-vous faire suite à la condamnation de la Commission européenne
?
Nous allons dans un premier temps prendre le temps de regarder et d'étudier de
près les derniers éléments du dossier en provenance de la
Commission. L'annonce étant conforme à ce que nous avions entendu
dire, nous allons très certainement appliquer ce que nous avions dit que
nous ferions, à savoir faire appel. Ce n'est pas officiel mais il y a de
fortes chances que cela se passe de cette manière.
Si nous faisons appel, nous demanderons très vraisemblablement une suspension
des clauses "90 et 120 jours", le temps que l'appel soit traité
par la cour d'appel du Luxembourg. Il existe une procédure rapide - qui
dure un an - et nous souhaitons qu'elle puisse être utilisée. Sinon,
la procédure durera encore trois ou quatre ans.
Pourquoi
- et sur quoi - les négociations ont-elles achoppé ?
Je tiens tout d'abord à préciser que, des deux cotés, la
volonté de trouver un accord a toujours été réelle. Par rapport
à ce qui nous était reproché depuis 1999 et 2001, notre réponse satisfaisait
l'Union Européenne. Sun Microsystems avait en effet déposé
une plainte, en 1999, relative à l'intégration de ses serveurs Solaris
avec Windows 2000. Sur le fond, nous n'avions rien contre et nous avions rempli
les conditions.
Mais cette demande a été élargie à l'ensemble des
produits, en termes de documentation. Sur le fond, pourquoi pas, mais quand vous
documentez des parties protégées par la propriété intellectuelle, il se pose rapidement
un souci...
"Nous
restons très attachés à notre liberté d'innovation" |
La Commission européenne a par ailleurs précisé que Microsoft
pourra légitimement demander une rétribution "raisonnable" pour cela.
Il y a un problème sur la forme, il faut en rediscuter et préciser
les procédures de mise à disposition de cette documentation.
Les négociations se sont également grippées sur l'avenir,
c'est-à-dire sur la problématique de l'inclusion de l'innovation.
Prenez l'exemple de la reconnaissance vocale. Qui peut dire si, à un horizon
de dix ans, tous les ordinateurs ne seront pas pilotés par la parole ?
Une technologie de reconnaissance vocale devra alors être intégrée
à Windows...
Même exemple, mais il y a plus de 15 ans en arrière, avec la couche
réseau IP. En 1987, il n'était pas évident qu'un système
d'exploitation prenne en charge cette technologie. Aujourd'hui, qui voudrait d'un
PC non compatible IP ? Nous savons que ces questions ne sont pas simples mais
nous tenons beaucoup à ce que ce soit statué, c'est très important.
En quoi votre proposition récente sur les players
répondait-elle, selon vous, aux exigences de l'UE ?
Notre proposition consistait à inclure en standard dans Windows trois lecteurs
audio et vidéo, ce qui laissait le choix au consommateur. Un CD-Rom contenant
des players complémentaires - moins en vue - aurait par ailleurs été
proposé.
La décision de la Commission européenne va à contre-courant
de cette proposition car elle impose de commercialiser Windows sans lecteur. Or,
le consommateur demande de l'intégration ! Les familles qui vont acheter un PC
dans la grande distribution ne comprennent pas qu'il n'y ait pas de lecteur audio
et vidéo. L'idée est donc de l'avoir en standard. De plus, pour nos concurrents,
notre proposition aurait assuré une meilleure distribution de leurs produits,
réduisant l'effort supplémentaire de commercialisation qu'ils disent
avoir par rapport à nous.
Nous aurions préféré trouver un accord, nous regrettons la
décision de la Commission européenne mais nous restons très attachés
à la satisfaction du consommateur et à notre liberté en termes d'innovation.
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