Le 2 juin, c'est la date choisie par Sun et Fujitsu-Siemens
pour officiellement une nouvelle étape dans leur alliance. Et
l'annonce sonne comme un coup de canon dans le marché des serveurs
puisqu'il équivaut à une quasi-fusion des deux géants sur ce
secteur d'activité.
L'évènement, c'est d'abord le lancement mi-2006 d'une gamme
de produits communs baptisée provisoirement APL pour Advanced
Product Line. Structurée autour de nouveaux processeurs basés
sur Sparc64 VI, la nouvelle technologie conçue et produit par
Fujitsu, est fondée sur l'architecture RISC (Reduced Instruction
Set Computer).
Elle
en hérite donc toutes les caractéristiques, c'est à dire un
jeu d'instructions réduit mais un fonctionnement global optimisé,
par opposition à l'architecture CISC (Complex Instruction Set
Computer) utilisée par les serveurs d'entrée de gamme ou les
ordinateurs de bureau de type Pentium ou AMD.
Pour le Sparc64 VI, Fujitsu met en avant une optimisation du
traitement des tâches en parallèle (multithreading) mais ne
donne pas davantage d'informations hormis le fait qu'il sera
"différent du SPARC en de nombreux points". Selon le produit
proposé aux clients, APL ou autre type de serveur, le processeur
fourni sera différent, variant des Xeons à l'Opteron
en passant donc par le futur Sparc 64 VI.
La gamme de serveurs disponibles s'étalera du petit système
à destination des PME au mainframe pour grands comptes, a précisé
Scott McNealy, directeur général de Sun. Deux modèles de processeurs
seront en sus, proposé par Sun à partir de l'horizon
2006, avec pour noms de code : Niagara et Rock. Le premier,
destiné à être l'entrée de gamme, le second à être décliné pour
le milieu et le haut de gamme.
Cette nouvelle offre deviendra le fer de lance des deux marques,
remplaçant ainsi les anciennes séries Fire chez Sun et Prime
Power chez Fujitsu. Après 22 ans de coopération et près d'un
an de négociation, les deux firmes afficheront donc une même
offre.
Un
partenariat qui s'inscrit dans un contexte économique
défavorable aux serveurs Unix |
Précédemment, seul Fujitsu commercialisait ses serveurs sous
Solaris. Une politique qui change dès à présent, M. McNealy
ayant affirmé son intention d'ajouter au catalogue de Sun,
les serveurs Prime Power de Fujitsu jusqu'à l'arrivée de l'APL.
Fujitsu reprendra de son coté, la gamme Sun Fire. La
coopération ira même plus loin que la simple union des gammes,
chaque vente d'un système APL par l'une ou l'autre des sociétés
entraînera une contrepartie financière vis à vis de son partenaire.
Lors d'une conférence de presse, Joseph Reger, responsable
sécurité et technologies, soulignait l'importance de cet accord
afin de "réunir au sein de l'APL, deux générations de serveurs
[les Fujitsu Prime Power et les Sun Fire] basées sur la même
technologie SPARC mais comportant beaucoup de différences".
L'autre gain en ligne de mire, c'est le partage des coûts
en recherche et développement. Pour Sun, l'APL soulage les
investissements d'un groupe qui connaît de grosses difficultés
financières ces dernières années, mais signe dans le même
temps l'arrêt de mort définitif de son projet UltraSparc V,
une technologie concurrente au Sparc64 VI.
Fujitsu, de son coté, compte fortement sur son nouveau partenariat
pour "fournir un meilleur support pour nos clients et rendre
la plate-forme SPARC davantage attractive aux éditeurs de
solutions", et insiste sur la qualité du service plutôt que
sur les économies d'échelles.
Cet accord s'inscrit cependant dans un contexte économique
difficile. Malgré un marché des serveurs qui connaît une augmentation
en volume de 27,1% au premier trimestre 2004, celui des machines
Unix poursuit son recul enregistré en 2003 avec un retrait
de 2,3% (Source Gartner). Mais pour Joseph Reger "si le marché
des serveurs Unix n'est pas en pleine croissance, il demeure
énorme" et les chiffres publiés pour 2003 par IDC ne viennent
pas le contredire : 35% des serveurs seraient sous système
Unix.
Dans ce paysage incertain, ce partenariat représente un tremplin
pour les deux acteurs. D'une part, Fujitsu va profiter de
l'expérience et du savoir-faire de Sun dans le secteur du
mainframe et des systèmes Unix. D'autre part, Sun compte désormais
un allié de choix pour soutenir ses investissements et relancer
les ventes de serveurs sous Solaris. En 2003, Sun disposait
de 12,5% de part de marché selon Gartner, tandis que Fujitsu
obtenait la quatrième place des vendeurs d'ordinateurs dans
le monde, soit une part de marché de 4,6% au premier trimestre
2004, selon IDC.
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