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Thaima Samman (Microsoft) : "La contrefaçon en France est un problème culturel"
A l'occasion de la journée mondiale de la contrefaçon, Thaima Samman, responsable des affaires juridiques et publiques pour Microsoft France, dresse un bilan français mitigé et revient sur le récent coup de filet de l'éditeur mettant à jour un vaste réseau de faux certificats.  (24/06/2004)
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Dossier Innovation et propriété intellectuelle
Dix huit mois d'enquête pour parvenir finalement à établir la preuve de l'existence d'un réseau de contrefaçon de certificats originaux d'authenticités Microsoft. Déesse, Dream Info et Trade Info, respectivement situées à Pontoise, Nanterre et Versailles et qui commercialisaient des fausses licences, ont été mises en cause dans cette affaire.

Le préjudice financier est évalué par l'éditeur à plus de trente millions d'euros, un record en France. Le dossier remis à la justice doit permettre de déterrer les canaux de distribution et les principaux complices de ce réseau à l'échelle nationale.

Retour avec Thaima Samman, directrice des Affaires Juridiques et Publiques de Microsoft France, sur un phénomène que l'éditeur juge malgré tout en voie d'amélioration.

JDN Solutions. Quelle organisation avez vous mise en place pour lutter contre la contrefaçon ?
Thaima Samman. Nous travaillons autour de deux axes : la prévention et l'information. Coté prévention, notre démarche traditionnelle consiste à identifier les réseaux criminels puis à porter plainte devant le tribunal compétent, ensuite nous laissons faire la justice. Mais cette démarche ne vaut que pour les réseaux criminels reconnus, il faut par ailleurs mener un gros travail de pédagogie auprès des entreprises. Il faut les avertir qu'elles sont susceptibles des violer la loi sans même le savoir et qu'il est donc nécessaire qu'elles soient vigilantes.

Economiquement, tous les acteurs ont intérêt à avoir un réseau sain car l'argent circule aussi bien au niveau des entreprises - augmentation des revenus -, des clients - baisse des prix -, que de l'Etat - via les taxes -. Et de façon plus générale, toute entreprise a pour objectif d'éviter les procès, donc nous discutons au maximum avec les contrevenants.

Par exemple, pour le cas de ce réseau de contrefaçon, Si les acheteurs des certificats falsifiés ne se sont manifestement pas rendu compte de ce qu'elles faisaient, nous discuterons ensemble à propos des suites à donner à leurs licences. Toutefois, si elles ont participé sciemment à la constitution de ce réseau souterrain, alors nous irons en justice.

Quel bilan dressez vous sur la contrefaçon logicielle en France ?
Aujourd'hui, il y a problème d'éducation du public. Pour certain il est encore plus grave aujourd'hui de voler une tablette de chocolat que de pirater un logiciel à 500 euros. Mais depuis dix ans, la situation s'est améliorée. Au début, le taux de piratage chez les professionnels devait dépasser les 80%, il est maintenant tombé à 43%, selon la Business Software Alliance. Depuis deux ans, on assiste à une stagnation de ce déclin que j'assimile à la montée de l'usage d'Internet de l'image de gratuité totale qu'elle véhicule ainsi qu'au développement du peer-to-peer.

"L'Etat a un rôle primordial à jouer dans la lutte contre la contrefaçon logicielle"

Le piratage cause chaque année, un manque à gagner estimé à 590 millions d'euros en France selon IDC. Cette contrefaçon professionnelle touche tout le monde mais gène davantage les petits éditeurs que les grands. Comme l'espoir de retour sur investissement est mince, ce système n'encourage pas la recherche logicielle et c'est un vrai problème hexagonal. Microsoft dépense sept milliards de dollars par an en recherche et développement. C'est un investissement qui ne se fait pas sans espoir de retour.

Comment la situation pourrait-elle évoluer ?
L'Etat à un rôle très important à jouer. Aux Etats-Unis, le taux de contrefaçon par entreprise se limite à 23% et la moyenne européenne est à 35%. Les 43% constatés en France prouvent qu'il s'agit d'un problème culturel. Si l'Etat n'intervient pas pour avertir et mettre en garde, rien ne changera. Il est d'autant plus nécessaire de réagir que si jusqu'à présent la contrefaçon touchait principalement le domaine du logiciel, le phénomène s'est élargi à d'autres secteurs des nouvelles technologies.

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Par ailleurs, nous avons identifié trois types de contrefaçons : les réseaux criminels en tant que tel qui revendent les produits contrefaits par des réseaux souterrains, des professionnels revendeurs pas toujours conscient de participer à ce réseau et les délinquants "honnêtes". Pour cette dernière catégorie, nous les surnommons "honnêtes" car ils n'ont pas toujours conscience de la gravité de leurs actes. Mais la base, c'est le réseau criminel et sans lui les deux autres auront bien du mal à exister.

 
 
Yves DROTHIER, JDN Solutions
 
 
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