Le spécialiste de la photo, Kodak, vient de remporter la bataille
juridique qui l'opposait à Sun Microsystems concernant son langage
de développement Java. La firme basée à Rochester reprochait
à Sun de violer certains de ses brevets et compte demander en
réparation plus d'un milliard de dollars de dommages et intérêts.
Plus précisément, trois brevets obtenus en 1997 par le géant
de la photographie après le rachat de Wang Laboratories, couvrent
tout système ayant recours à des processus d'interaction
entre programmes et notamment via la gestion d'objets ou de
données partagés. Or, après l'échec d'un accord à l'amiable
en février 2002, Kodak passe à l'acte et conduit l'affaire
devant la cour de justice du district de New York.
Chez
Kodak, les représentants confiaient vendredi leur satisfaction
"que la cour ait validé la protection des droits relatifs
à la propriété intellectuelle de Kodak en mettant en avant les innovations qu'ils recouvrent",
auprès du Rochester Democrat and Chronicle. Cette victoire
ouvre par conséquent la porte à un autre procès cette fois
dans l'optique d'obtenir dommages et intérêts auprès du créateur
du langage Java. Les 1,06 milliards de dollars réclamés correspondent
selon Kodak, à la moitié du résultat d'exploitation de Sun
sur ses ventes de serveurs et d'équipements de stockage entre
janvier 1998 et juin 2001.
Du coté de Santa Clara, le résultat du procès est fortement
contesté. Sun mène deux stratégies de défense en parallèle :
d'une part il affirme ne pas avoir violé les
brevets de Kodak, d'autre part il réfute la validité des brevets.
Concernant les éventuels dommages et intérêts à verser, Sun
se dit prêt à démontrer que si dommages il y a, le montant
du préjudice total demeure bien inférieur à la somme avancée
par Kodak.
Dans cette affaire, la validité des trois brevets détenus
par Kodak reste fortement discutée du fait de leur large couverture.
Une affaire qui ravive aux Etats-Unis, les problèmes de législation
sur la brevetabilité des logiciels et le pouvoir accordé au
bureau américain des brevets, l'instance chargée de valider
ou d'invalider les innovations IT. En juillet dernier, L'Electronic
Frontier Foundation, association chargée de la protection
des libertés individuelles, accusait dix brevets logiciels
de crime contre le domaine public (lire l'article
du 05/07/2004).
Pour Sun, cette bataille judiciaire pourrait coûter très
cher. En difficulté financière depuis quelques années, le
groupe publiait son premier résultat net positif depuis 18
mois lors de son dernier exercice fiscal : celui-ci a été gonflé par le versement d'une partie de l'amende obtenue
lors de son procès victorieux face à Microsoft (lire l'article
du 05/04/2004). Kodak, quant à lui, après avoir raté le tournant
de la photographie numérique a bien redressé la barre sur
les douze derniers mois, son action gagnant 60% après la publication
de trois résultats trimestriels en croissance.
|