Le secteur des transports subit depuis plus de vingt ans une
longue et inexorable marche en avant de l'informatisation de
la profession. Si pour les plus grands transporteurs internationaux
comme UPS ou FedEx, l'avenir passe par les nouveaux services,
les petites sociétés cherchent avant tout à intégrer l'informatique
à leur cur de métier.
"Au cours des trois dernières années, nous avons mené deux
principaux projets. Le premier concernait l'ouverture d'un
espace Internet réservé à nos clients, le second, à équiper
nos chauffeurs de terminaux GPS", confie la responsable informatique
d'une PME spécialisée dans le transport. A terme, le système
d'informations du transporteur doit être capable de donner
les informations relatives au transport de la marchandise,
en "temps réel".
"Aujourd'hui
sans l'informatique nous ne pourrions pas tenir nos stocks.
La comptabilité, la facturation
ces processus sont désormais
informatisé", explique-t-elle. Rien qu'en matériel, la facture
annuelle de la société se situe autour des 10 000 euros. Mais
pas question pour autant de céder aux sirènes des grands éditeurs
: "la facture peut monter très vite à un million d'euros pour
un simple logiciel de stock !", rajoute-t-elle.
Autre écueil de l'informatique, le changement temporaire
qu'elle impose à la profession. "Ca râle un peu au début,
et puis après ça roule ", souligne-t-elle. Dernier point de
reproche parfois évoqué par les professionnels, les écarts
entre les données informatiques et la réalité des faits. Malgré
ses inconvénients, l'informatique reste perçu comme un élément
de compétitivité par la profession.
A échelle diamétralement opposée, UPS livre un avant goût
de ce que pourra être l'informatique dans le secteur transport
à l'avenir. "Depuis 1992, nos chauffeurs sont équipés de terminaux
mobiles. Trois années plus tard, ils recueillaient la signature
des clients directement sur leurs terminaux", révèle Maxime
Grimprel, e-commerce manager pour UPS France. Même avance
sur Internet où le groupe permet à ses clients d'accéder depuis
1995 au suivi des colis.
"Tous les flux de nos clients sont gérés par plus de trente
applications maisons dont la majorité ont été développées
en interne ", explique Maxime Grimprel. En conséquence, les
dépenses suivent le rythme imposé : un milliard de dollars
sont engloutis chaque année en recherche et développement.
Par ailleurs, le groupe embauche 4 000 informaticiens. A cette
échelle, d'autres projets peuvent voir le jour.
"Les
PME essaient de rendre leur SI compatible avec les ERP
de leurs clients et fournisseurs." |
"Nous sommes en train de bâtir un réseau de satellites chargés
de capturer les informations de localisation. La collecte
de ces données sera ensuite centralisée au sein d'une base
de données unique", annonce Maxime Grimprel. Le suivi de la
marchandise, assuré de bout en bout, tranche avec les méthodes
de tracking habituelles où seuls les changements de type de
transport (avion, train, camion) sont accessibles aux clients.
"Ce que recherche les transporteurs, c'est la maîtrise de
l'information, un objectif qui passe par obligatoirement par
l'informatique", analyse Matthieu Erly, directeur commercial
chez ColisConsult.com, une place de marché orientée transport.
Une maîtrise de l'information imposée aussi bien par les clients,
habitués aux systèmes informatiques des grands transporteurs
internationaux, qu'aux autres acteurs du secteur déjà équipés.
"Même si elles ne comptent pas investir dans un ERP pour
des questions de coûts, les petites entreprises de transport
essaient de rendre leur SI compatible avec les ERP de leurs
fournisseurs ou de leurs clients", déclare Matthieu Erly.
Un phénomène illustré par l'avance technologique des transporteurs
de colis, habitués à travailler avec des partenaires comme
Chronopost, DHL ou TNT, par rapport aux spécialistes de l'acheminement
de palettes.
Dans cette course à l'informatisation, le média Internet
voit son influence croître au fur et à mesure. "Internet vient
ajouter un canal de vente non négligeable et tout transporteur
a désormais conscience qu'un site Internet est indispensable",
affirme Matthieu Erly. Pourtant les places de marché en ligne
comme Teleroute, Wtransnet ou Transport Market Place, peinent
encore à décoller. Une limite que Matthieu Erli attribue à
"la forte dimension humaine du transport".
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