Outre le casse-tête causé aux fabricants de microprocesseurs,
les architectures à double cur - également appelées dual core -
risquent de provoquer des maux de tête aux directeurs financiers
et responsables informatiques.
Contrairement aux machines bi-processeurs, la technologie double
cur ne fonctionne que sur un seul socle - mais avec deux unités
de calculs indépendantes. Un serveur bi-processeurs dual core
dispose par conséquent de quatre unités de calculs physiques
mais seulement de deux processeurs. Et c'est ici que le bât
blesse, car le système traditionnel de licences mis en place
chez les éditeurs fonctionne sur le nombre de processeurs
présent chez les clients.
Autre technologie concurrente concernée : l'hyperthreading. Un processeur qui en est doté ne compte qu'une seule
unité de calcul physique mais simule deux unités de calculs
virtuelles. Au final, sur un serveur bi-processeur hyperthreading,
une entreprise dispose de deux processeurs, deux unités de
calculs mais le système en détecte quatre.
Les
éditeurs proposent des tarifications variant du
simple au double. |
Cela étant, toutes ces technologies ne donnent pas les mêmes résultats
en termes de performances. Si les architectures bi-processeurs
doublent effectivement les performances d'une machine, les
gains mesurés par des processeurs double cur se situent entre
10 et 50%, un pourcentage qui varie en fonction des applications,
selon les indications d'Intel et d'AMD. L'hyperthreading, quant à lui, offre
un gain de performance inférieur à 10%.
Déjà les acteurs prennent position. Pour Oracle et IBM par
exemple, le terme "processeur" sera remplacé sur les contrats
par "unité de calcul". BEA Systems envisage une tarification
supplémentaire de l'ordre de 25% pour chaque processeur double
cur. Novell, Microsoft et Sun préfèrent considérer le processeur
double cur comme un seul processeur sur leur grille.
Un modèle qui peut sembler logique, la technologie double
cur n'étant qu'une évolution comme une autre des processeurs,
au même titre que la montée en fréquence. Mais déjà, les fondeurs
Intel, AMD, IBM et Sun s'intéressent de près aux solutions
multicores, autrement dit de 4 à 32 unités de calculs sur
une même puce. Pour Intel et AMD, une rupture dans le modèle
tarifaire des éditeurs est nécessaire.
Le
coût des processeurs va-t-il augmenter ? |
Autre sujet d'interrogation, le prix de vente des processeurs
dual core reste un mystère. Dernièrement, une étude du cabinet
d'analyse Piper Jaffray & Co anticipe une augmentation des
frais de construction des processeurs dans les usines Intel
en raison de la production de processeurs double cur. Nécessitant
des plaques de silicium de plus grande taille et générant davantage
de déchets, la technologie représentera en 2005, un surcoût
de 500 millions de dollars pour le groupe.
Des frais qu'il faudra amortir d'une manière ou d'une autre
et qui pourraient se traduire pour le client par une augmentation
des prix. Même si la technologie des processeurs multi-curs
semble prometteuse, son coût risque d'en limiter l'usage au
moment de son apparition sur le marché. Intel et AMD parient
sur la construction de modèles économiques alternatifs
(tarification en fonction du nombre de clients ou selon le
niveau de service). |