ENQUETE
Grande distribution : une mue technologique plus longue que prévu
Caractérisée par une culture du secret et une priorité donnée à la réactivité opérationnelle, la grande distribution s'ouvre lentement aux (r)évolutions technologiques, les projets actuels étant avant tout centrés sur les gains de productivité.  (22/11/2004)
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Nécessaire fidélisation de la clientèle, informatisation des réseaux de franchisés ou d'adhérents, contractions budgétaires fortes mais exigence accrue en termes de réactivité des projets, turn over élevé, environnement réglementaire renforcé... les enjeux propres au secteur de la grande distribution - et en prise directe avec le système d'information des enseignes - ne manquent pas.

Comment ce secteur gère-t-il ces défis ? Comment s'adapte-t-il aux contraintes de son environnement ? Des experts du domaine nous apportent leur éclairage.

"Dans la grande distribution, le niveau de maturité des SI est moins avancé que dans d'autres secteurs, la finance ou l'industrie par exemple. On y trouve moins d'uniformisation des architectures, moins de projets d'externalisation, moins de solutions intégrées, les enseignes étant - au contraire - plus équipées en produits best of breed. Au cœur du terrain et seuls à pouvoir faire leur propre métier, les responsables prônent la réactivité, veulent garder la confidentialité de leur SI et font leur maillage d'outils eux-mêmes", déclare Thierry Chevalier, responsable du développement du retail sur Paris / Ile-de-France, chez Unilog.

Cette exigence de "sur mesure" et de très haute réactivité se traduit le plus souvent par un décalage entre les besoins des directions métier et les capacités des équipes informatiques, les contractions budgétaires ne facilitant pas la tâche de ces dernières.

DSI : un poste difficile à tenir dans la grande distribution
"Prenez les programmes de fidélisation : la créativité des commerçants est bien plus forte que la capacité des systèmes à évoluer. Dans un secteur aussi sensible et politique, il est difficile de livrer un projet dans les délais attendus par le commerçant. La synchronisation des rythmes de production des outils avec les demandes des utilisateurs est un véritable enjeu. Le turn over des DSI est élevé, le poste est difficile à tenir car dans la grande distribution, l'informatique - tout comme la logistique - doivent suivre, on planifie un peu moins qu'ailleurs. Les DSI ont donc moins de facilité à défendre l'évolutivité du SI à long terme", illustre Gilles Cohen, associé en charge du pôle consumer business chez Ineum.

C'est la raison pour laquelle des projets dont la mission est clairement identifiée - "plus de productivité" - se multiplient. Planification des flux, automatisation des réassorts, pilotage opérationnel des ventes, dématérialisation des factures, enchères électroniques... font ainsi florès.

"Nous observons une tendance à l'automatisation de la gestion des appels d'offres à travers des places de marché électroniques dont les bénéfices sont visibles à court terme mais dont il est encore trop tôt pour analyser les effets collatéraux. Nous avons également vu ces dernières années les centrales d'achat se rapprocher pour une meilleure maîtrise des coûts d'achats directs", note Laurent Rossi, consultant chez HP Services, division conseil & intégration.

Une hausse de 1 point du taux de service grâce à un système de GPA
Chez Bricorama, l'automatisation du traitement de 250 000 factures quotidiennes en provenance des fournisseurs va progressivement remplacer le système en place. Le groupe de distribution spécialisé dans le domaine du bricolage a ainsi choisi les éditeurs Readsoft et Illicom. Le projet consiste notamment en la reprise du système EDI actuel qui permet la transmission des commandes vers 150 fournisseurs et la mise en place d'une nouvelle plate-forme d'intégration EDI et B to B.

Castorama, de son côté, a choisi l'applicatif de pilotage des achats IBS Deals de Soft Solutions pour automatiser l'évaluation et le suivi de ses fournisseurs dans ses magasins français, italiens et polonais. "Il nous fallait une solution qui se positionne comme un méta-référentiel, au-dessus des deux plates-formes cohabitant dans le groupe : celle de Getinor, le GIE regroupant les informatiques de Castorama et de Brico-Dépôt, et celle de B&Q en Grande-Bretagne. [...] Grâce à la partie comptable d'IBS Deals, nous allons accélérer le paiement des remises par nos fournisseurs, sans le moindre oubli. Nous serons évidemment plus exhaustifs et pertinents qu'avec le système manuel encore utilisé il y a quelques semaines", précise Philippe Meurillon, DSI de Getinor.

Ce mouvement vers une simplification et un meilleur contrôle des flux échangés avec les fournisseurs trouve bien évidemment écho de l'autre côté de la barrière. Coca-Cola Entreprise a ainsi développé un système de GPA (Gestion Partagée des Approvisionnements) avec ses principaux clients de la grande distribution. "On est passé avec la GPA de la réception traditionnelle d'une commande passée par un client à un processus de réapprovisionnement en continu. Pour les distributeurs, cela signifie une réduction du taux de stock sans impact sur le taux de service. Aujourd'hui, le système GPA est rôdé et nous constatons déjà en moyenne une hausse de 1 point du taux de service, taux qui mesure la disponibilité des produits en magasin", précise Isabelle Bellaïche, responsable ECR (efficient consumer response) Supply chez Coca Cola Entreprise (lire son interview).

Cadbury invité par Auchan à faire évoluer sa plate-forme EDI
Cadbury, spécialiste de la confiserie de sucre et du chewing-gum, a adopté une démarche proactive similaire envers ses distributeurs. Pour orchestrer les échanges avec ses clients, la filiale française du groupe Cadbury Schweppes s'adosse ainsi sur la plate-forme EDITrade du français Influe. "A l'origine, nous avions retenu un réseau à valeur ajoutée - RVA - spécifique pour traiter l'envoi des données. En 2003, Auchan nous a demandé de migrer vers le protocole Internet sécurisé AS2", développe Francis Cabourg, DSI de Cadbury (lire le cas utilisateur).

Certaines autres enseignes, comme cette chaîne de magasins spécialisée du nord de la France, prennent d'autres chemins pour se simplifier la tâche. "La difficulté consiste à se construire un panel de fournisseurs à jour et suffisamment performants pour sélectionner le meilleur. La volatilité du marché et le nombre d'offres spécialisées rendent cette recherche de plus en plus difficile. Pour gagner du temps, nous faisons de plus en plus appel à des cabinets externes qui ont une bonne vision du marché", témoigne anonymement un chef de projet supply chain de cette enseigne.

Autre aspect à prendre en considération : l'environnement réglementaire. Les normes IAS/IFRS imposent ainsi - aux sociétés cotées - une plus grande transparence quant à leurs performances et la manière dont elles comptabilisent certains postes comptables. C'est le cas de la norme IAS 14 qui permet de mieux comprendre comment les résultats sont construits par segments stratégiques pertinents.

Normes IAS / IFRS et réforme de la loi Galland à prendre en compte
"A cette segmentation correspond une analyse de l'exploitation et du bilan. Pour chaque segment, les actifs qui y sont consacrés doivent ressortir clairement. Pour pouvoir produire cette information, les systèmes d'information comptables doivent pouvoir éclater les immobilisations, les chiffres d'affaires, les coûts... par segment et pouvoir les comparer d'une période à une autre. Deux problèmes se posent : la capacité à fabriquer cette information et la fourniture d'informations confidentielles aux concurrents", analyse Gilles Goldenberg, associé en charge de l'industrie consumer business pour Deloitte en Europe.

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Toujours dans le registre législatif et réglementaire : le rapport Canivet, qui vise à réformer la loi Galland en faisant baisser le seuil de revente à perte des distributeurs. "Ce rapport implique pour la grande distribution de plus tenir compte du local dans la fixation des prix. Dans ce contexte, les grands distributeurs reviennent à une approche plus décentralisée accompagnée toutefois d'une consolidation en central", détaille Marc Grosset, associé en charge du secteur chez Valoris.
 
 
Fabrice DEBLOCK, JDN Solutions
 
 
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