Lors d'une réunion tenue au sein de l'Asian Government Leader
Forum, le président de Microsoft, Steve Ballmer, a invité tous
les gouvernements au monde à considérer les risques juridiques
consécutifs à l'utilisation du système d'exploitation Linux.
"Un jour viendra où pour chaque pays présent au sein de l'organisation
mondiale du commerce, quelqu'un apparaîtra en demandant rétribution
pour sa propriété intellectuelle.", affirmait Steve Ballmer.
Le dirigeant appuyait également son discours en citant l'étude
menée par une jeune société spécialisée dans le conseil et
l'assurance, Open Source Risk Management, qui soutient que
le noyau Linux viole 283 brevets, dont 27 appartiennent à
Microsoft (lire l'article
du 03/08/2004).
Cette
déclaration intervient une semaine après l'annonce de l'extension
de la protection juridique des clients Microsoft en cas de
litige relatif à des droits de propriété intellectuelle.
La clause nouvellement insérée prévoit l'indemnisation du
montant des poursuites juridiques qui pourraient être lancés
contre un client si certains des produits Microsoft qu'il
utilise viole un ou plusieurs brevets.
Une stratégie qui avait déjà été mise à l'uvre par Novell
et Red Hat pour protéger leurs clients lorsque l'entreprise
SCO, détenteur des droits sur le système Unix, avait lancé
une bataille juridique contre Linux en l'accusant de violer
une partie du code source d'Unix (lire l'article
du 03/01/2003). Mais l'enjeu est bien plus vaste ici. En s'adressant
aux gouvernements réunis à l'OMC, Microsoft compte ainsi enrayer
la progression de l'open source dans les administrations.
En
Asie, la bascule vers Linux fait l'unanimité. |
Et ce projet ne sera pas chose facile. L'Inde, la Chine,
la Corée du Sud, la Malaisie, l'Indonésie et le Vietnam ont
déjà fait état de projets ambitieux autour des logiciels libres.
Dernièrement en Thaïlande, ce sont 160 000 ordinateurs
qui ont été fournis aux établissements scolaires équipés de
Linux et d'Open Office. Pour contrer le mouvement, Microsoft
a choisi de commercialiser une version bridée et bradée de
son système, baptisée "Windows XP Starter Edition" disponible
pour 35 dollars lors de l'achat d'un ordinateur.
Mais la menace n'est pas nouvelle et il sera difficile pour
Microsoft de faire jouer l'argument de la propriété intellectuelle
dans un marché où Linux est devenu le fer de
lance d'autres géants de l'informatique comme IBM et HP. Autre
problème de taille, Microsoft ne peut attaquer directement
le monde du libre pour une question d'image.
Car l'éditeur se veut en effet acteur en matière de
réduction de la fracture numérique. Le 17 novembre, lors d'une
conférence de presse, Bill Gates révélait la signature d'un
accord avec l'Unesco. Outre des formations, Microsoft s'est
engagé à équiper les pays émergeants avec ses propres logiciels.
Un double jeu qui fait douter des bonnes intentions de la
firme.
|