Créer le quatrième plus grand supercalculateur au monde, c'est
l'ambition d'un programme européen baptisé DEISA (Distributed
European Infrastructure for Supercomputing Applications) dont
les avancées ont été présentées mardi 14 décembre à la presse.
S'appuyant sur le principe des réseaux en grille, le DEISA a
pour objectif de relier les différents supercalculateurs des
centres de recherches européens pour décupler la puissance de
calcul des machines.
Dirigé par l'Institut du Développement et des Ressources
en Informatique Scientifique (IDRIS), une branche du Centre
National de Recherche Scientifique (CNRS) français, le projet
DEISA est né au mois de mai 2004. Il compte parmi ses membres
les instituts de recherche FZJ et RZG en Allemagne, CINECA
en Italie, EPCC et ECMWF au Royaume-Uni, CSC en Finlande et
SARA en Hollande. Financé par la commission européenne, le
DEISA souhaite donner les moyens à la recherche européenne
de se faire une place face à la surenchère en matière de supercalculateurs.
En
effet, la place de l'Europe recule dans le classement des
500 premiers supercalculateurs les plus puissants au monde
publiée en novembre dernier par le biais de l'étude top500.org
(lire l'article
du 10/11/2004). Les réseaux en grille offre l'avantage
de pouvoir réutiliser l'infrastructure existante, ce qui réduit
sensiblement les coûts, tout en disposant d'une grande flexibilité
car chaque laboratoire de recherche peut apporter sa puissance
de calcul au réseau en grille.
Pour rendre transparent le système de calcul en grille aux
scientifiques, le projet DEISA divise son infrastructure en
deux couches principales. La première qui constitue le cur
du réseau, sera opérationnelle dès le printemps 2005. Elle
reliera dans un premier temps quatre supercalculateurs IBM,
dont deux en Allemagne dans les instituts FZJ et RZG, un en
France chez l'IDRIS et le dernier en Italie chez le CINECA.
Le système combinera les capacités de calcul de plus de 4
000 processeurs pour une puissance totale évaluée à 22 teraflops,
soit 22 000 milliards d'opérations par seconde.
"Le
concept est basé sur la conviction que le débit
réseau deviendra un produit banalisé" |
A ce réseau vient s'adjoindre un système de partage de fichiers
fourni également par IBM à travers un réseau étendu. Cette première couche viendra se fédérer avec d'autres plates-formes
de calcul pour constituer une seconde couche applicative qui
masquera l'accès au réseau en grille par des interfaces web.
Cette seconde couche fera appel au supercalculateur SGI Altix
du centre de recherche SARA en Hollande.
"Le concept DEISA est basé sur la conviction que le débit
du réseau deviendra, d'ici la fin de cette décennie, un produit
relativement banalisé au même titre que la puissance de calcul
brute l'est devenue au début des années 90", affirme le professeur
Victor Alessandrini de l'IDRIS-CNRS, directeur du projet.
Ce projet fait suite à une série d'initiatives européenne
dans le domaine des supercalculateurs.
En septembre, c'était au tour du projet Large Hadron Collider
Computing Grid (LCG) de se dévoiler. Alimenté par plus de
6000 PC à travers le monde, ce réseau en grille rejoint l'objectif
du DEISA dans le domaine de la recherche appliquée à la physique
des particules (lire l'article
du 07/09/2004). Plus récemment, le Centre d'Etudes Atomiques
(CEA) signait avec Bull un accord de plusieurs dizaines de
millions d'euros afin de s'équiper d'un supercalculateur d'une
puissance de 60 teraflops, soit le deuxième plus grand supercalculateur
au monde.
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