ANALYSE 
Ces mega-fusions sources d'incertitudes
HP, puis récemment Lenovo, Oracle, Symantec, se sont lancés dans des opérations de croissance externe d'envergure. Mais actionnaires, autorités et utilisateurs sont perplexes devant les conséquences.   (27/01/2005)
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Dossier Où en sont les géants de l'industrie informatique ?
HP, Lenovo, Oracle et Symantec : quatre sociétés qui se sont lancées dans des opérations de croissance externe importantes et qui se trouvent désormais confrontées à des incertitudes qu'elles soient financières, juridiques ou organisationnelles.

Le premier doit faire face à un mécontentement de ses actionnaires. Certes, le constructeur informatique publie un chiffre d'affaires 2004 de 79,9 milliards de dollars contre 73 milliards en 2003, et son résultat net s'établit à 3,4 milliards de dollars contre 2,5 milliards un an plus tôt, mais malgré cela, HP rétablit seulement le niveau de bénéfice qu'il a connu en 1999, avec alors un chiffre d'affaires presque deux fois inférieur.

Et ce rétablissement s'est inscrit dans la douleur. Après une année 2001 difficile où HP publie un résultat net de 680 millions de dollars, la firme de Palo Alto décide de racheter Compaq. Une décision qui s'accompagne alors de plus de 17 900 licenciements en 2002 et plombe le résultat net qui atteint alors -903 millions de dollars. Sur les cinq dernières années, la valeur de l'action d'HP a chuté d'environ 55%, contre 32% pour IBM et 7% pour Dell.

Et le constructeur voit ses parts de marché s'effriter lentement. Anciennement numéro un des vendeurs de PC dans le monde en 2002, HP a suivi la croissance en volume du secteur, de l'ordre de 11 à 12% par an, quand les ventes de son concurrent Dell progressaient à un rythme supérieur à 20%. En 2004, selon le cabinet d'études Gartner, Hewlett Packard se classe second des constructeurs de PC dans le monde avec 14,6% du marché contre 16,4% pour Dell.

La majorité des bénéfices d'HP issus de sa seule activité imprimantes

Autre désillusion pour le groupe, la réunion de l'activité grand public d'HP et celle plus professionnelle de Compaq n'a pas engendrée les économies escomptées. Ainsi près de 70% du résultat net du constructeur est issu de l'activité imprimantes. Un constat qui a conduit actionnaires et analystes à proposer une scission des différentes activités (lire l'article du 09/06/2004). Or, en janvier 2005, la P-DG Carly Fiorina coupe court aux rumeurs et décide de consolider les activités du groupe plutôt que de les diviser (lire l'article du 19/01/2005).

Deux jours plus tard, le Wall Street Journal affirme que le conseil d'administration d'HP envisagerait de déléguer une partie des pouvoirs de Carly Fiorina, P-DG et présidente du conseil d'administration, au profit de Vyomesh Joshi, Ann Livermore et Shane Robinson. La rumeur, démentie par HP le lendemain, illustre néanmoins le climat d'incertitude quant à l'avenir du groupe.

Pour Lenovo, les problèmes sont tout autres. Ayant décidé de racheter l'activité PC d'IBM en décembre 2004 pour 1,25 milliard de dollars (lire l'article du 09/12/2004), le constructeur chinois se heurte désormais aux instances gouvernementales américaines. En effet, mardi 25 janvier, trois responsables républicains ont envoyé une lettre à l'administration du président Georges W. Bush, exprimant les risques en matière de sécurité nationale si l'opération Lenovo / IBM avait lieu.

La vente de l'activité PC d'IBM à Lenovo pourrait être annulée.

D'après Bloomberg, les instances gouvernementales s'inquiètent du fait que des employés de Lenovo puissent avoir accès à des informations confidentielles par le biais d'usines IBM situées en Caroline du Nord. En marge de ce problème, les actionnaires du constructeur chinois se sont montrés sceptiques sur l'opportunité de ce rachat, et l'action de Lenovo a depuis perdu près de 20% de sa valeur.

Chez IBM, le problème reste entier si la vente venait à être annulée. En effet, d'après les chiffres communiqués par Big Blue, l'activité PC aurait cumulé quelque 973 millions de dollars de pertes à la fin de l'année 2004. D'autre part IBM doit faire face à la concurrence des deux géants HP et Dell qui tirent les prix vers le bas grâce à des productions en volume largement supérieures aux siennes. En 2004, selon Gartner, IBM détenait 5,5% du marché des PC en volume soit plus de 10 millions d'unités vendues contre 27 millions chez HP et 31 millions chez Dell.

Mêmes incertitudes des actionnaires chez le géant de la sécurité Symantec, malgré de bons résultats trimestriels. Le groupe enregistre en effet un chiffre d'affaires en hausse de 41%, établi à 695 millions de dollars pour un résultat net de 164 millions de dollars. Malgré cette bonne santé financière, le rachat du spécialiste du stockage Veritas en décembre 2004 pour 13,5 milliards de dollars (lire l'article du 17/12/2004), les licenciements à prévoir et les annonces sécurités de Microsoft sont autant de pièges qui attendent l'éditeur. En conséquence, le titre Symantec a chuté, fin novembre, de 30 à 24,91 dollars.

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Dernier exemple : le rapprochement Oracle / PeopleSoft, devenu le prétexte à une reconquête des clients déçus par cette annonce. Microsoft et SAP ont ainsi lancé des programmes de migration accompagnées d'offres de réduction et de maintenance particulières pour séduire les anciens clients de PeopleSoft (lire l'article du 21/01/2005). Côté salariés, 5 000 suppressions d'emplois ont été annoncées, soit 10% de l'effectif des deux groupes réunis. Reste à voir si, comme HP, Lenovo et Symantec, la facture financière sera elle aussi salée.

Yves DROTHIER, JDN Solutions
 
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