Les femmes représentaient 20% des effectifs cadres en informatique en France en juillet 2002, selon une étude réalisée par la DARES. C'est 4% de moins que dix ans plus tôt (en 1992, donc). Pourtant, dans le même temps la féminisation des postes cadres s'est accentuée. Elles représentaient en 2002 39,6% des métiers cadres contre 36,4% en 1992.
Selon l'enquête emploi menée par l'Insee en 2003, les femmes constitueraient, par catégorie socio-professionnelle, seulement 12,9% des techniciens et 15,5% des ingénieurs et cadres techniques d'entreprise.
Pourtant les femmes représentent une part de plus en plus importante des effectifs des écoles d'ingénieurs.
Selon les derniers chiffres de la Direction de l'Evaluation et de la Prospective (DEP), 95.430 étudiants étaient inscrits en école d'ingénieur à la rentrée 2002. Parmi eux, les filles représentaient 24,5% des inscrits. La part des femmes dans ces écoles a augmenté régulièrement depuis 1975 où elles constituaient seulement 9,2% de l'effectif total.
Mais elles sont davantage présentes dans les écoles publiques (Universités de technologie, ENSAM, Instituts nationaux polytechniques, Ecoles centrales...) que dans les écoles privées, respectivement 30,8% dans les premières, 20,6% dans les secondes.
A l'université, les femmes sont de plus en plus nombreuses à choisir la voie Sciences de la nature et de la vie (62,7% en 2002-2003) alors que leur nombre diminue en Sciences et structures de la matière (31,8% en 2002 - 35,1% en 1996) et en Sciences et technologie, sciences pour l'ingénieur (19,5% en 2002 - 22,5% en 2000).
Evolution de la part des femmes
dans les écoles d'ingénieurs en France métropolitaine
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Années
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Total
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Femmes
|
Part des femmes
|
1975
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33.788
|
3.111
|
9,2 %
|
1980-1981
|
36.952
|
5.391
|
14,6 %
|
1985-1986
|
45.365
|
8.265
|
18,2 %
|
1991-1992
|
61.798
|
12.860
|
20,8 %
|
1992-1993
|
67.072
|
14.430
|
21,5 %
|
1995-1996
|
75.640
|
16.907
|
22,4 %
|
1996-1997
|
76.841
|
17.332
|
22,6 %
|
1999-2000
|
85.751
|
19.417
|
22,6 %
|
2000-2001
|
89.313
|
20.606
|
23,1 %
|
2002-2003
|
95.430
|
23.333
|
24,5 %
|
Source : DEP - Direction de l'évaluation et de la prospective, 2003
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Les femmes seraient présentes dans tous les métiers de l'informatique mais essentiellement sur les postes de chef de projet, de développeur - surtout dans les grandes entreprises - et dans les métiers du multimédia et de l'Internet (infographiste, webmaster, rédacteur...) selon une étude du WWW.ICT (Widening Women's Work in Information and Communication Technology). Elles seraient sous-représentées dans les postes à responsabilité, davantage accessibles pour elles au sein des grandes entreprises.
Les femmes ne sont pas réfractaires à la technologie |
Menée entre 2002-2004 sur sept pays européens, l'étude fait ressortir des conclusions éloignées de celles généralement avancées pour expliquer la faible représentation des femmes dans l'informatique. Les femmes ne seraient pas particulièrement réfractaires à la technique et accepteraient les contraintes de travail - investissement, disponibilité - des métiers des technologies de l'information si elles peuvent bénéficier d'autonomie. Les raisons seraient davantage à rechercher dans le manque de lisibilité et d'information sur les métiers, l'absence de formalisme sur l'évolution des carrières - essentiellement dans les petites entreprises -, la faible présence du syndicalisme sur ces métiers pour lutter contrer les inégalités. L'organisme dresse une série de recommandations pour favoriser la présence féminine dans les métiers IT.
Quelques recommandations pour une plus
grande présence des femmes dans les métiers TIC
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Promouvoir une meilleure compréhension des métiers TIC
|
Informer les femmes et les jeunes
filles sur la variété des contenus des
métiers TIC (stages, universités d'été).
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Promouvoir des séminaires de gestionnaires
des ressources humaines
pour reformuler les critères d'entrée
dans les métiers en fonction de la
diversité des parcours de formation.
|
La conciliation des temps
sociaux
|
Encourager les entreprises à mettre
en place des politiques spécifiques
pour permettre aux personnes ayant
des enfants, particulièrement des
jeunes enfants, de pouvoir travailler.
|
Encourager les partenaires sociaux à
définir de nouvelles régulations du
travail qui tiennent compte d'une
évaluation du travail par les résultats
et d'un autre rapport au temps de
travail, afin de donner plus d'autonomie
aux salariés dans la gestion
du temps de travail.
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La gestion des ressources
humaines
|
Favoriser, à l'intérieur de l'entreprise,
les contacts entre les jeunes
recrues et des femmes qui mènent
une belle carrière, afin de développer
des modèles et de mieux
connaître les perspectives professionnelles.
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Encourager la pratique du tutorat.
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Mettre en place des politiques spécifiques
pour les personnes qui ont
des charges familiales.
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Les réseaux de femmes
|
Encourager la formation de réseaux
professionnels de femmes sur le
Web comme espace d'échange de
connaissances et d'expériences.
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Source : Lettre EMERIT, premier trimestre 2004
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La présence des femmes de plus en plus importante dans les écoles d'ingénieurs devrait néanmoins favoriser au final leur accession progressive dans les postes informatiques et par la suite à ceux du management IT.
Mais pour être n'est-ce pas tout, une étude de l'Observatoire des discriminations du Cergors (Centre d'étude et de recherche sur les organisations et les relations sociales) de janvier 2004 montrent que les femmes obtiendraient moins au niveau professionnel parce qu'elles demanderaient moins. Sur 2004, 15% des hommes ayant un travail aurait demandé une promotion contre seulement 7% des femmes, 23% une augmentation de salaires pour 13% des femmes. Principale raison? Elles jugent que cela ne sert à rien (25%) et estiment qu'il vaut mieux changer d'emploi pour obtenir quelque chose.
Plus globalement, les femmes seraient surtout représentées dans les catégories employés (essentiellement dans les services aux personnes, l'administration d'entreprise ou la fonction publique) et professions intermédiaires (surtout dans les métiers de la santé et du social ou instituteurs et assimilés).
Point confirmé par
l'étude de la DARES qui souligne que l'emploi féminin reste concentré, même si les femmes commencent à investir progressivement les métiers techniques. Dix familles professionnelles sur 84 regrouperaient plus de la moitié des emplois occupés par les femmes (agent d'entretien, enseignant, assistant maternel, secrétaire, employé administratif de la fonction publique, vendeur, employé administratif en entreprise, infirmier, aide-soignant, professionnel de l'action sociale, culturelle et sportive).
Part des femmes
selon la catégorie socioprofessionnelle
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En
France
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Employés |
|
Professions intermédiaires |
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Dont techniciens |
|
Commerçants |
|
Cadres et professions intellectuelles supérieures |
|
Dont ingénieurs et cadres techniques d'entreprises |
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Agriculteurs |
|
Artisans |
|
Ouvriers |
|
Chefs d'entreprise de 10 salariés ou plus |
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Source : Insee, enquête emploi de 2003
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