Le projet Videolan naît en 1996, à l'initiative de l'école centrale
de Paris et de ses étudiants avec pour objectif d'offrir la
télévision aux étudiants non équipés d'un téléviseur. Les premiers
tests de diffusion débutent en 1997 sous la norme Mpeg2. Le
projet prend finalement réellement de l'ampleur lorsqu'en 2001,
l'école donne son accord pour ouvrir le code du logiciel à tout
contributeur externe en lui attribuant la licence libre GPL.
L'une des premières réalisations sera alors le portage du logiciel
sous Windows. En 2003, l'ensemble du campus universitaire est
relié sur un réseau multicast diffusant une dizaine de chaînes
de télévision. Actuellement, entre 100 à 150 chaînes différentes
transitent quotidiennement sur une infrastructure à 2 Gbits
complétée en bout de réseau par des liaisons à 100 Mbits. Devant
ses capacités de diffusion à grande échelle, le projet Videolan
est sorti du cadre purement universitaire pour séduire les sociétés
amener à traiter des contenus multimédia.
"Parmi
les utilisateurs les plus connus, nous comptons Free, le fournisseur
d'accès Internet, qui utilise Videolan dans sa version client
pour diffuser de la vidéo sur ADSL et l'opéra de Barcelone
qui a combiné le logiciel avec des encodeurs matériels. Enfin,
le logiciel est en cours de déploiement à Matignon", affirme
Antoine Cellerier, chef du projet Videolan à l'école centrale
de Paris. Le logiciel intéresse même les constructeurs de
cartes d'optimisation matérielle comme Visionetics ou Apple.
Etudiants et contributeurs développent alors eux-mêmes les
drivers nécessaires au constructeur.
Certains utilisateurs se sont aussi improvisés développeurs
de temps à autre, notamment Free et Anevia. D'autres, comme
HP, ont privilégié le partenariat en hébergeant les serveurs
web du projet. Mais le phénomène reste encore limité, à cause
en partie du modèle de licence choisi. "Les gens sont effrayés
par la licence GPL car cela signifie que tout ajout de leur
part au code sera public à terme. C'est ce qui refroidit les
entreprises en général, notamment celles qui voulaient y introduire
des systèmes de DRM [NDLR : gestion des droits numériques]",
relève Antoine Cellerier.
Exemple d'interface de Videolan Client sous Linux
Au delà du soutien des industriels, Videolan peut également
compter sur une vingtaine de contributeurs actifs, externes
à l'université, et qui viennent renforcer les effectifs des
étudiants. A l'origine, deux versions de Videolan co-existaient,
une version client et une version serveur mais elles ont depuis
fusionné. Le logiciel traite un grand nombre de flux en entrée
: réseau, satellite, TNT, DVD, CD vidéo, fichiers ou carte
d'acquisition analogique vidéo. Il s'adapte aussi à tout type
de mode de diffusion vidéo.
L'outil
accepte de la vidéo à la demande sur Internet,
du temps réel, du multicast ou de l'unicast |
Ainsi, le multicast est disponible pour les réseaux locaux.
Il réduit la charge réseau en centralisant l'émission sur
un seul serveur puis les différents routeurs se chargent d'amener
ce flux aux abonnés. Mais le logiciel propose également de
la vidéo à la demande sur Internet, ou de la vidéo temps réel.
La diffusion unicast ou par le biais de protocole comme http
sont par ailleurs disponibles.
"L'un des grands atouts de la solution se situe au niveau
de son architecture modulaire. Le cur de la solution demeure
très restreint, 40000 lignes de code environ. Il n'a pas d'autre
fonction que celle d'être un moyen de communication avec les
différents modules. Cette organisation nous permet d'ajouter
très simplement des options et facilite le portage du programme.
Aujourd'hui, Videolan est disponible sous Windows, Mac OS,
Linux, Pocket PC, BSD, BeOS et Solaris", ajoute le chef de
projet.
Aux fonctions de diffusion de contenu multimédia, les créateurs
du projets ont ajouté un lecteur open source client, à l'image
de Quicktime, RealPlayer ou Windows Media Player. Le gros
avantage de ce lecteur, outre sa portabilité, vient de son
utilisation de la librairie FFMpeg, ce qui supprime le besoin
de codecs. Il existe pourtant des exceptions parmi les formats
QDM2 ou WMV3 notamment. Enfin, dans un délai de deux à trois
ans, les membres de la communauté souhaiterait élargir l'usage
de Videolan à la webconférence.
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