Quoi de commun entre les pages ASP,
PHP, JSP ou ColdFusion, familières aux développeurs de sites Web ? Elles font toutes appels à des langages de scripts, c'est-à-dire des langages qui ne nécessitent pas une compilation préalable pour former un exécutable, mais qui sont interpêtés par le serveur Web.
La multiplication des applications Web a donc poussé à la généralisation de l'usage des langages de scripts dans les développements d'entreprise, et en premier lieu bien sûr dans
les directions informatiques aguerries aux développements Internet et intranet.
"Les
scripts sont très présents dans les outils d'infrastructure
ou d'architecture système nécessitant peu de lignes de code et devant être programmés et administrés rapidement.
Par ailleurs, le scripting est l'un des premiers langages
enseigné à l'école et tous les algorithmes relativement simples
peuvent être programmés par ce biais. Le Web a juste poussé
davantage cette utilisation", analysent Laurent Calamy et
Benjamin Lupu de Business Interactif.
Le développement d'Internet et sa généralisation dans les
foyers a également été l'occasion pour le particulier de s'essayer
au développement informatique par le biais des langages de
script, créant une culture des applications Web chez les utilisateurs
avertis.
"Début 97 en France, l'entreprise a découvert une nouvelle
génération d'informaticiens formés sur le tas. Quand ils se
sont retrouvés dans le monde de l'entreprise, leurs capacités
portaient surtout sur les langages de script Web. Comme ils
maîtrisaient bien ces outils, ils n'ont pas hésité à développer
des applications métiers avec" affirme Mehdi Randé, expert
en technologies Web chez la société de services Aliacom.
Les
applications métiers nécessitant une grande
réactivité tirent partie de ces technologies |
Dès lors, les langages Web s'imposent comme le moyen le plus
rapide de construire une application par opposition à des
langages comme C/C++, réputés plus lourds à mettre
en uvre. Les technologies comme l'ASP, le PHP ou les JSP
forment alors le socle d'applications métiers côté serveur nécessitant
une réactivité toute particulière comme par exemple le partage
d'informations, les solutions liées aux ressources humaines ou à l'assistance
aux forces de ventes.
"Avant, les gens utilisaient Access ou Lotus Notes pour réaliser
de telles applications. Tout cela constitue ce que l'on appelle
les applications sales, c'est à dire celles qui ont été initiées
par des directions métiers sans consultation de la DSI, sur
des schémas qui ne correspondent pas forcément aux plan directeur
de l'entreprise", note pour sa part Guillaume Plouin, responsable
de la veille technologique chez SQLI.
L'avenir de ses langages se nomme architecture orientée services
(SOA). Par leur simplicité à établir
rapidement une interface applicative, les scripts Web viennent
conquérir la plate-forme de services de l'entreprise. Un cheminement
que suivent d'ailleurs les grands industriels de l'informatique
comme IBM, Oracle et SAP, qui travaillent à développer des
connecteurs entre leurs applications et ces technologies.
Toutefois, le Web impose ces propres limites. "L'interface
HTML ne permet pas de produire des applications métiers très
riches, de type drag & drop ou même d'interactions entre différents
logiciels", expliquent ainsi Laurent Calamy et Benjamin Lupu.
Autre contrainte : les langages Web se révèlent peu adaptés
à une gestion transactionnelle lourde ou des interactions
entre différents logiciels d'infrastructure.
Les
langages Web se professionnalisent en se rapprochant de
l'objet. |
Mais les langages de script Web ont gommé, au fur et à mesure
de leurs évolutions, certains défauts de jeunesse. Ainsi,
PHP peut créer des applications clientes à interface
non Web. Avec sa version 5, PHP se rapproche d'un langage objet comme le C++. Une évolution qui se traduit
par une meilleure structuration du code. Même changement chez Microsoft dont l'ASP.Net est un langage objet.
Les outils de développements accompagnent petit à petit cette
tendance. "Quand les applications Web sont apparues en 95,
les informaticiens avaient perdus de vue le système RAD [NDLR
: Rapid Application Development]
et codaient alors sous Notepad. De plus en plus, les environnements
RAD réapparaissent, comme en témoigne la dernière version
de Visual Studio sur laquelle il est possible de coder en
ASP", ajoute Guillaume Plouin.
Mais si les technologies de scripts influencent le reste
des langages objets, les deux mondes ne cherchent pas à se
concurrencer, simplement à se rejoindre. "A trop se diversifier,
Ruby a réduit son usage par exemple. Pour ASP ou PHP, la migration
vers la technologie objet risque de se traduire par des lourdeurs
sur la partie Web. D'une manière générale, le C++ et le Java
ont des domaines où ils seront toujours intouchables. Ils
ne visent pas le même domaine ni le même public de développeurs.
En revanche, la tendance actuelle consiste à créer des librairies
pour se connecter avec d'autres langages", résume Medhi Randé.
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