Tirer parti du modèle open source à travers une communauté dynamique
et créatrice, tout en rassurant les investisseurs ou les clients
potentiels du produits : ce défi bien connu dans le monde des
créateurs de logiciels libres trouve aujourd'hui deux nouvelles
réponses apportées par Novell et Mozilla pour leurs produits
respectifs SuSE Linux et Firefox.
Chez Novell, le directeur marketing chargé des produits open
source et de Linux, Greg Mancusi-Ungaro, a confirmé mercredi
3 août les rumeurs d'une possible ouverture du code source.
"Nous sommes en train de préparer une version de Suse disponible
pour n'importe qui, n'importe où", déclarait ainsi le directeur
marketing au quotidien Infoworld.
Jusqu'à
présent, les développements du produits étaient assurés en interne
par les équipes de SuSE, puis de Novell depuis le rachat de
l'éditeur allemand en 2003 (lire l'article
du 05/11/2003). La semaine prochaine, à l'occasion de la
conférence LinuxWorld qui se tiendra à San Francisco, Novell
ouvrira le code source de SuSE à l'ensemble des contributeurs
Linux de la communauté.
Pour l'occasion, c'est une version dédiée, baptisée OpenSuSE,
issue de SuSE Linux Professional qui sera proposée aux internautes
via à un mini-site créé pour l'occasion. Cette distribution
évoluera en parallèle de la version professionnelle avec pour
objectif d'enrichir mutuellement les deux produits.
Novell
imite son concurrent Red Hat et sa distribution Fedora |
Ce modèle s'inspire directement de celui de son concurrent
Red Hat et de sa distribution grand public Fedora. Mais au
contraire de cette dernière, Novell compte proposer,
en plus des téléchargements gratuits, une version boite d'OpenSuSE
accompagnée de services de support. Les versions officielles
d'OpenSuSE serviront de base aux prochaines versions des produits
SuSE Linux Enterprise Server, Open Enterprise Server et Novell
Linux Desktop.
Chez Mozilla, la problématique est toute autre. Confrontée
à une multiplication de ses revenus, la fondation Mozilla
a décidé de créer une entité commerciale dépendante à 100
% de l'association dont elle est issue. La Mozilla Corporation
emploie plus d'une trentaine d'employés avec pour objectif
de réaliser des bénéfices qui seront par la suite intégralement
reversés à la fondation avec pour objectif de promouvoir les
standards du Web édictés par le W3C.
Cette entité commerciale se distingue des projets open source
comme JBoss ou MySQL, le produit restant gratuit et ouvert
à tout contributeur. Elle vise à répondre dans un premier
temps aux interrogations fiscales auxquelles l'association
pourrait être sujette en signant des contrats avec d'autres
sociétés. Par ailleurs, la Mozilla Corporation précise qu'elle
ne se réserve pas les droits exclusifs de la distribution
du produit.
A la clé, les créateurs du projet Mozilla espèrent donc multiplier
les sources de revenus et ainsi promouvoir plus efficacement
l'utilisation de Firefox, dont les parts de marché atteignent
désormais près de 15% en Europe et plus de 10% aux Etats-Unis.
Mais cette cohabitation du logiciel libre stricto sensu
avec des modèles commerciaux comporte également des risques.
Lors d'un changement de stratégie, l'entreprise peut ainsi
rapidement perdre le support de sa communauté ou de ses clients,
comme en témoigne les entités responsables de
logiciels libres (lire l'article
du 03/03/2005).
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