Quest ce que BPMN ?
BPMN (Business Process Model Notation) est une notation graphique - éléments graphiques et diagrammes - qui est utilisée pour représenter un processus métier en séparant les informations métier des informations techniques. Elle fournit une correspondance vers des langages d'exécution. C'est l'équivalent d'UML appliqué à la gestion des processus. Une modélisation basée sur BPMN peut ensuite être traduite en BPML ou en BPEL4WS (plus communément appelée BPEL).
Cette notation représente plus de deux ans de travail pour BPMI (Business Process Management Initiative). Ce consortium dentreprises créé par Intalio a su rassembler les leaders du marché du BPM. Il sest affirmé en innovateur depuis quelques années sur le BPM. Membre de lOASIS, OMG, W3C et WfMC, son premier objectif est détablir une notation compréhensible par les utilisateurs : des analystes aux développeurs en passant par les acteurs qui gèrent et mesurent les processus.
BPMN définit des diagrammes de processus appelés flowcharts, c'est-à-dire des modèles graphiques ou senchaînent des activités et des indicateurs.
Même si BPMN nest pas encore utilisé par tous les éditeurs, la représentation des objets se retrouve plus ou moins en standard dans la plupart des outils.
La base de BPMN
Ces diagrammes sont constitués déléments simples, compréhensibles par la plupart des analystes et modélisateurs. Lidée des concepteurs était de créer un mécanisme simple pour modéliser la complexité inhérente à un processus. Lapproche BPMN essaie de réunir ces deux exigences paradoxales.
Pour cela, les éléments graphiques sont divisés en quatre catégories basiques. Il est possible dajouter des variations aux éléments de ces quatre catégories sans pour autant les dénaturer.
Les catégories existantes au nombre de quatre :
- Flow Objects ("les objets de flux") : cette catégorie comporte seulement trois types dobjets principaux (les évènements, les activités, les portes ;
- Connecting Objects ("les objets de relation") : les objets de flux peuvent être connectés entre eux par trois types dobjets de connexion (les flux séquence, les flux message, les associations) ;
- Swimlane ("les couloirs") : de nombreuses méthodologies de modélisation utilisent le concept de "swimlane" ; cest un mécanisme qui permet dorganiser les activités dans différentes catégories pour illustrer des fonctionnalités ou des responsabilités différentes ;
- Artifacts ("les objets symboliques") :
BPMN a été créé pour autoriser aux modélisateurs et aux outils de modélisation une certaine souplesse dans les possibilités dextension de la notation basique. Les "artifacts" apportent ainsi des informations et précisions nécessaires dans certains contextes.
Pour les modélisateurs qui veulent créer des modèles simples avec peu dinformations, les éléments de bases suffisent à créer un modèle compréhensible.
Pour les modélisateurs qui ont besoin de détails plus précis, il est possible de personnaliser les différents éléments :
Quelle est lintérêt de modéliser avec la notation BPMN ?
Les membres du BPMI Notation Working Group qui ont conçu le BPM représentent un large segment de la communauté BPM et se sont mis daccord sur cette notation commune.
Le développement de BPMN est une étape importante dans la réduction des différences de notation entre les divers outils du marché. En effet, il existe de nombreuses notations différentes : UML, IDEF, RosettaNet, ebXML
sans compter les notations propres à chaque outil (Aris, Mega
) une notation commune permettra sans doute une interopérabilité entre différentes applications, de la modélisation à lexécution des processus.
BPMN pourra alors permettre de réconcilier modélisation des processus métier et besoin de linformatique.
Même si certains outils le font de manière semi automatique, le passage dune modélisation des processus métier à une modélisation pour lexécution de ces processus demande un travail dadaptation manuelle. Ces adaptations peuvent entraîner des erreurs et même rendre difficile la compréhension, pour les modélisateurs, des évolutions de leur propres processus.
Pour conclure, la notation BPMN a le défaut de ses qualités, elle est simple. Les objets sont élémentaires. Si cette apparence est habituelle aux informaticiens (UML
), elle conviendra moins aux directions métiers en termes de modélisation et de communication sur les processus.
Limpact de la représentation dune modélisation des processus est souvent sous estimée dans les projets de BPM. Elle permet pourtant de faciliter ladhésion et la compréhension des acteurs du projet. Malgré tout, les outils de modélisation de processus permettent, pour les plus performants dentre eux, de passer dun modèle "communicant" à un modèle BPMN.
Lautre défaut dune telle notation concerne le nombre dobjets limités qui ne permet pas de représenter vraiment précisément un processus (type de données etc.).
De BPMN à BPEL, de la modélisation à lexécution
Dans le monde de lexécution des processus, BPEL4WS est devenu le langage phare. Plus communément appelé BPEL, BPEL4WS est un langage de programmation qui permet de définir une activité par la combinaison de services web. Annoncé en 2003 par BEA, IBM et Microsoft, il est basé sur WSFL (Web Services Flow Language). BPEL a été crée à linitiative de BPMI et doit encore être approuvé par lOASIS.
En fait, les futures spécifications validées par lOASIS ne changeront pas fondamentalement BPEL. En effet, le groupe de travail dOASIS na pas pris de décision clé. Quand les éditeurs nétaient pas daccord avec certaines spécifications, il a volontairement laissé des "trous" dans le standard pour que les éditeurs les remplissent avec leurs propres spécifications.
Pour compléter cette version standard, les clients devront alors obtenir les extensions des éditeurs et il sera impossible de faire le lien entre le BPEL dun éditeur à lautre.
Bien que la version de BPEL ne soit pas encore officielle, beaucoup doutils disent le supporter. En fait, chaque éditeur a mis en uvre et complété son propre langage BPEL une sorte de BPEL propriétaire - à partir dun socle commun. On peut cependant espérer que les spécifications finales seront rapidement validées par lOASIS et que les éditeurs modifieront en conséquence leur version pour y être conforme.
Beaucoup dentreprises sont concernées par ce travail sur BPEL, mais elles sont daccord pour dire que BPEL ne peut pas répondre à tous les besoins du BPM. En effet, tout le monde saccorde à dire que le BPM doit réussir à gérer et les processus métier (les activités des employés de lentreprise) et lexécution de ces processus. La version actuelle de BPEL ne permet que de gérer lexécution des processus.
Il est possible tout de même de passer de BPMN à BPEL mais ce passage nest pas automatique et demande plusieurs adaptations. BPMI a donc prévu détendre BPEL et de le rapprocher au maximum de BPMN pour faire un standard global qui permettra la description et lexécution des processus ; BPMN pour que les utilisateurs métier puissent modéliser et se transmettre des diagrammes, BPEL pour que les applications suivent les processus métiers.
Lavenir de BPMN
Aujourdhui, la plupart des outils du marché supporte la notation BPMN. Même si une révision majeure de BPMN nest pas envisagée pour le moment, il est prévu une version 1.1 diffusée dans quelques mois. Les efforts se porteront sur lélargissement de BPMN à plusieurs contextes différents, notamment dans la modélisation des règles métier et de la stratégie de lentreprise.
BPMI nest pas une organisation "officielle" qui se charge de mettre en place des standards. Elle crée et développe des spécifications clés dans le BPM. BPMN doit donc encore passer dans une organisation qui formalisera ses statuts et permettra den faire un vrai standard. Cest le sens de la fusion entre BPMI et lOMG de juin 2005. Une nouvelle voie souvre pour BPMN à travers le développement de la notation UML par lOMG qui est, de fait, devenu un standard, un rapprochement entre BPMN et UML ne serait pas à exclure.
Cela dit la voie vers une standardisation de la description des processus est semée dembûches. Lintérêt des éditeurs peut être parfois contraire à celui des utilisateurs finaux. Les organisations chargées dédicter ces standards ont elles-mêmes différentes approches.
Il est donc probablement trop tôt pour voir émerger un véritable standard qui fera lunanimité. En revanche, il nest pas trop tôt pour que les entreprises définissent et formalisent leurs besoins sur le BPM et surtout quelles réfléchissent au travail à effectuer ensemble pour quémergent des standards.
Et en attendant quun standard unique et convaincant simpose, le recours à des outils de modélisation spécialisés, quel que soit leur notation actuelle, permettra de faire évoluer le moment venu, les représentations de leurs processus métier vers ce standard.
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