La BSD ou Berkeley System Distribution, est une branche du système
d'exploitation Unix qui malgré plus de 25 ans d'age,
reste encore marginale à l'heure actuelle. Son histoire
chaotique, commence à l'Université de Berkeley aux Etats-Unis.
L'école, propriétaire des licences Unix d'AT&T, apporte
peu à peu au système des modifications substantielles
qu'elle regroupe en 1977 sous l'appellation BSD. Le système
d'exploitation de Berkeley recherche alors à mettre au
point un environnement portable répondant aux objectifs
de l'enseignement et de la recherche.
L'une des particularités de l'Unix de Berkeley vient en partie
de sa licence : il choisit d'ouvrir son code source à tous.
Contrairement à Linux, qui impose de part sa licence GPL une
redistribution du logiciel et de l'ensemble des modifications
apportées, la licence BSD laisse à l'utilisateur la possibilité
de revendre la distribution en bloquant l'accès au code. La
seule obligation consistant à citer le logiciel BSD emprunté.
A
l'image du procès SCO / Linux (lire l'article
du 10/08/2004), l'ouverture du code source de BSD par l'Université
de Berkeley provoque la colère d'Unix System Laboratories (USL),
spinoff d'AT&T qui intente un procès à l'école américaine.
Certaines versions de la BSD disparaîtront mais d'autres parviennent
à survivre, notamment 386BSD, portage du système d'exploitation
sur les processeurs 386 réalisé en 1991. C'est cette dernière
version dont sont issus les systèmes BSD actuels.
En effet, en 1993 se créé le projet NetBSD, le plus ancien des
BSD encore exploité. Il reprend l'objectif initial de l'Université
de Berkeley, à savoir la portabilité. Ainsi, à l'heure actuelle,
plus de 50 plates-formes différentes sont supportés par cette
distribution que ce soit des serveurs (Alpha, HP700, Sparc
),
des solutions embarquées, des PC, des plates-formes de jeux
ou de vieilles architectures (Amiga, Atari
).
Depuis
NetBSD, les versions dérivées se spécialisent
et se multiplient |
Deux versions dérivées (ou forks) sont venues depuis agrandir
la famille BSD : FreeBSD fin 1993, puis OpenBSD en 1996. "NetBSD,
FreeBSD et OpenBSD adressent trois cibles différentes. OpenBSD
est bien connu pour tout ce qui touche à la sécurité, particulièrement
dans le milieu des firewalls ou des VPN. FreeBSD mise sur
la stabilité et les performances coté serveur ainsi que sur
un large choix en logiciels Open Source. Enfin, NetBSD vise
davantage la portabilité du système d'exploitation", explique
Pierre-Olivier Fur, ingénieur-développeur chez la société
de services Idealx.
Coté logiciels et fonctionnalités disponibles,
d'après Emmanuel Dreyfus (lire son interview),
FreeBSD dispose de près de 10 000 composants, contre
5 000 pour NetBSD et 2 000 sur OpenBSD. Les deux dernières
distributions accusent un retard dans ce domaine en raison
de l'aspect sécurité (Open BSD) ou de la portabilité
du composants (NetBSD).
Si ces trois versions s'avèrent les plus connues de l'univers
BSD, plusieurs versions dérivées ont vu le jour ces dernières
années, à l'image de Linux. La plupart des forks récents proviennent
de FreeBSD, la plus connue des trois BSD, notamment Darwin
qui a servi de base au développement de Mac OS X, bien que
le système d'Apple s'appuie également sur des
composants NetBSD et OpenBSD. D'autres solutions s'orientent
vers des systèmes d'interfaces graphiques interactives comme
DragonFlyBSD, PC-BSD ou Desktop BSD.
Le diablotin, symbole des BSD à l'image du pingouin
Linux
"Les distributions BSD restent actuellement moins conviviales
que la plupart des distributions Linux. Il s'agit principalement
de systèmes d'exploitation dédiés au monde de l'entreprise ou
aux informaticiens curieux", déclare Sylvain Boily, directeur
technique de la société de services Proformatique.
L'installation
d'un système BSD passe par la compilation de sources
en binaires |
"Cependant, les environnements BSD de part leur conception proche
d'Unix, se montrent très stables et presque sans failles de
sécurité. Ils intègrent des fonctions puissantes coté réseaux,
où de simples lignes de commandes permettent d'activer un réseau
sans fil, alors que sur du Linux il faut souvent ajouter au
noyau des composants supplémentaires", ajoute le directeur technique.
Au registre des atouts, les systèmes BSD sont réputés pour la
propreté et la clarté du code source, pour leur disponibilité
réseau ainsi que l'homogénéité de trois plus gros systèmes BSD,
entre eux et vis-à-vis d'Unix et de Linux, facilitant ainsi
les tâches d'un administrateur système. En revanche, l'installation
d'un composant personnalisé nécessite de compiler les
fichiers sources souhaités, une étape parfois longue
et complexe. Un inconvénient a priori, mais qui peut aussi présenter
des atouts.
"Un des principes des BSD tient au système de portage. Les logiciels
se présentent sous la forme d'images qui seront ensuite compilés
sur chaque système. L'administrateur de la machine dispose d'une
arborescence des différents logiciels après les avoir compilés
sous forme de paquets binaires. Un système standard est généralement
installé avec peu de composants, donc l'utilisateur se place
davantage dans un esprit serveur. Il construit lui-même son
système en ajoutant uniquement les composants dont il a besoin",
affirme Pierre-Olivier Fur.
Ce principe simplifie également le support des logiciels puisqu'il
suffit à l'administrateur de récupérer les sources d'une nouvelle
application libre pour l'adapter rapidement sous BSD. Enfin,
les distributions BSD se montrent relativement légères, près
de 100 Mo pour FreeBSD par exemple, pourtant l'une des distributions
BSD les plus lourdes car celle proposant le plus de logiciels
Open Source intégrés. Selon chaque distribution,
l'utilisateur va retrouver plus ou moins de logiciels Open Source.
Des
systèmes taillés pour les environnements
serveurs |
Du fait de leurs spécificités, les environnements BSD se retrouvent
principalement dans le monde de l'embarqué ou des vieux systèmes
(NetBSD), des serveurs de fichiers ou serveurs Web (NetBSD,
FreeBSD), des serveurs critiques ou sur des boîtiers de sécurité
(OpenBSD, FreeBSD ou NetBSD).
Reste que malgré leurs communautés actives, des mises à jours
régulières (tous les ans ou tous les 6 mois) et une réputation
d'excellence, les diverses versions de BSD n'ont pas connu à
ce jour le succès de Linux. Une écart qui s'explique notamment
par une communauté plus réduite, un relais moins important dans
les médias et un moindre support des grandes entreprises comme
IBM, Oracle ou Novell. Il souffre aussi des inconvénients des
logiciels libres, à savoir l'absence de feuille de route dans
le développement.
Pourtant, les deux mondes, Linux et BSD, s'empruntent régulièrement
des concepts ou des morceaux de codes. Et l'ensemble contribue
à une certaine émulation autour des logiciels libres ou Open
Source. L'apparition de sociétés de services spécialisées dans
les logiciels libres en France pourrait d'ailleurs servir la
cause des systèmes BSD auprès des utilisateurs à la recherche
de garanties. |