Entreprendre une démarche de développement durable : un concept
d'abord rattaché au domaine de l'industrie mais qui gagne depuis
peu les services, notamment le secteur informatique à travers les éditeurs de logiciel et les sociétés spécialisées dans la fourniture de services (SSII).
Pour ces dernières, les
contraintes environnementales s'avèrent pourtant, a priori, moins critiques
que dans le secteur secondaire : pas de rejet massif de matière
première et une consommation d'énergie réduite.
Mais les démarches de développement durable se sont, entre-temps,
élargies. Désormais, elles se rapprochent davantage d'une approche
globale de management auquel s'ajoutent, en plus des critères
économiques habituels, des aspects aussi bien sociaux qu'environnementaux.
L'objectif consiste fès lors à fournir à la direction de l'entreprise
un contexte sain de développement pour le futur, sans se focaliser
uniquement sur les profits à courts termes au détriment d'autres
facteurs.
"La démarche de développement durable entreprise chez Euriware
se traduit par 10 engagements qui représentent les fondamentaux
de la performance en entreprise. Nous y mesurons notamment l'implication
sociale à travers la gestion de l'emploi, la satisfaction client
et l'intégration dans les territoires, c'est-à-dire nos relations
avec des parties prenantes locales comme les écoles, les associations",
indique Serge Douillot, directeur de l'organisation et des systèmes
d'information de la SSII Euriware.
A ces engagements, Euriware ajoute des critères de performance
économique, de gouvernance d'entreprise et d'évaluation des
équipes de directions. Ainsi, tous les mois dans le cas d'Euriware,
la progression de ces indicateur est évalué. Si cette démarche
ne change pas fondamentalement la façon de mener la barque dans
l'entreprise, elle permet de prendre en compte tout l'écosystème
économique, environnemental et social qui s'est constitué autour
de l'entreprise.
Les
tableaux de bord intègrent les facteurs sociaux
et environnementaux |
"Pour ce qui est capital client ou capital humain, ce genre
de tableau de bord nous permet de regarder les choses sous un
autre angle que le nez dans le guidon des résultats financiers,
surtout pour une société cotée qui publie des chiffres tous
les trimestres. C'est une démarche orientée sur le long terme,
on recherche des facteurs de pérennité dans nos relations clients
par exemple", ajoute Jean-François Gautier, P-DG de la société
de services en informatique Aedian.
L'intérêt est évident pour une société de services dont la valeur
se base sur le capital humain et les relations sociales avec
ses clients. Dès lors, la contribution du salarié au chiffre
d'affaires de l'entreprise, si elle reste essentielle, est mise
en relation avec son apport au niveau social. De même, à l'occasion
d'auto-évaluations régulières, l'entreprise remonte des informations
telle que la motivation des salariés ou leurs intérêts afin de
construire un plan de progrès cohérent sur l'année suivante.
Toute la difficulté revient dès lors à choisir les bons indicateurs.
"Par exemple, nous avions commencé par mettre en place des indicateurs
quantitatifs sur la gestion de la connaissance dans l'entreprise.
Il s'agissait de suivre le volume de documentation notamment.
Mais si ces pages ne sont pas consultés, peu importe qu'il y
ait 5 000 ou 35 000 pages de documentation", affirme le P-DG
d'Aedian.
Cette recherche du bon indicateur doit parvenir à intégrer ces
nouveaux concepts sans trop s'éloigner des objectifs économiques
du groupe. En conséquence, la mise en uvre d'une démarche de
développement durable ne saurait s'appliquer à tous de la même
façon.
Objectif
: prendre les décisions de manière cohérente
avec son écosystème |
"La façon dont un projet est déployé et le temps même du déploiement est une question
de rythme d'intégration. D'ordinaire, un projet de ce type se
mène sur un cycle de l'ordre de 1 à 2 ans. De toute manière,
la démarche n'est pas une fin en soi, plutôt un moyen en terme
de pilotage", confie Muriel Garnier, responsable développement
durable pour le cabinet de conseil PEA Consulting, filiale d'Euriware.
Si le développement durable ne concerne encore que peu de société
de services informatiques et d'éditeurs, elle gagne du terrain
en raison des réglementations en vigueur en France, notamment
la RSE (réglementation sociétale d'entreprise). "Quelque part,
nous assistons à une convergence au travers de la gouvernance,
du développement durable, de l'ISO 9000, voire du CMMI. J'ai
le sentiment que dans 10 ans, tout cela aura fusionné, car ils
expriment la même chose mais sous des angles différents", souligne
Jean-François Gautier.
Derrière cette nouvelle démarche de management, apparaissent
encore quelques actions mieux connues du développement durable,
notamment le financement aux associations ou le respect de l'environnement.
Ainsi, chez Aedian, l'entreprise consacre régulièrement une
partie de son résultat net pour le financement d'organisme tels
que l'Adie, qui vient en aide aux personnes surendettées. Chez
Euriware, des méthodes d'économies d'énergie, de papiers et
de recyclage de matériel informatique ont été instaurées.
Reste pour l'entreprise à bien faire accepter sa démarche de développement durable
auprès des différents échelons de direction, mais aussi vis-à
vis de ses employés et de ses actionnaires. Et de garder une
certaine cohérence dans ses décisions, en ne prônant pas l'offshore
ou la réduction des coûts d'un coté, et le développement
durable de l'autre.
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