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| Open XML, tête de pont de Microsoft vers la standardisation |
| Profitant de la sortie prochaine d'Office 12, Microsoft cherche à faire certifier en Europe son format Open XML. Il visera ensuite le marché américain via l'ISO.
(23/11/2005) |
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Microsoft a publiquement annoncé hier avoir soumis son format de documents Open XML à l'European Computer Manufacturer Association (ECMA), en vue de le normaliser. Cette actualité est complétée par la mise à disposition de ce nouveau format bureautique aux développeurs Open Source.
La volonté d'en faire un format par défaut, ouvert, et reconnu par tous a été annoncée dès d'avril 2004, lors de la première conférence des développeurs Office. Une pareille volonté a aussi été remarquée il y a un peu plus d'un an, lors de l'ouverture des formats de fichiers XML des éditions d'Office 2003 à plus de 60 pays.
Aujourd'hui, le géant de Redmond a réuni des partenaires comme Apple, Intel, Nextpage, Toshiba et des grands comptes comme BP, Statoil, Essilor, British Library et Barclays
Capital. Cette association, intelligemment formée, n'a qu'un seul but, et pas des moindres : faire reconnaître le nouveau format Open XML par
l'ECMA, puissante association de standardisation européenne, et plus tard, par l'ISO pour le marché américain.
La stratégie - qui vise à imposer le nouveau format - peut sembler naturelle de la part de Microsoft. Mais la nouveauté vient du choix d'ouverture vers tous les développeurs, quels qu'ils soient, afin de promouvoir une interopérabilité entre différentes plates-formes logicielles, bureautiques ou non.
Jean Paoli, responsable du développement XML chez Microsoft
et co-auteur du langage de structuration XML au sein du W3C, revient sur cette volonté : "nous avons bien vu l'importance d'un format ouvert et standardisé pour des acteurs privés et publics. Il nous faut fédérer le poste bureautique avec le serveur pour une intégration bureautique de nos logiciels, des concurrents, des divers outils de workflow et des bases de données. Pour arriver à cet écosystème, l'ensemble de l'industrie des développeurs logiciels doit être compatible avec le format pour réussir une telle intégration. Cette standardisation sera positive pour Microsoft Office et sa gestion de la chaîne documentaire".
Une telle standardisation est la réponse naturelle aux besoins journaliers d'intégration, selon Didier Lambert, DSI d'Essilor. Cet ancien de l'AFNOR évoque sa vision fonctionnelle : "les entreprises sont utilisatrices de quatre fonctions : l'ERP, la suite bureautique, les outils décisionnels et de reporting. Le reste est développé en interne. Mais ces quatre domaines sont mal couplés. Essayez aujourd'hui d'utiliser un fichier Word dans un ERP ou d'intégrer une feuille de calcul Excel dans un logiciel décisionnel, c'est impossible faute de connexion. La standardisation est la réponse, pérenne, aux attentes des utilisateurs".
"J'ai critiqué Microsoft pour son passé propriétaire. Je soutiens sa volonté d'ouverture aujourd'hui"
(D. Lambert, DSI Essilor) |
Or, le marché des suites bureautiques a évolué depuis peu, pourquoi vouloir standardiser un produit commercial, estampillé Microsoft, là où des solutions Open Source comme OpenOffice commencent à séduire ?
Didier Lambert apporte son point de vue : "nos utilisateurs sont sur Office, comme plus de 90% des entreprises. Un standard non compatible avec Office aurait peu d'avenir... J'ai critiqué Microsoft pour son passé propriétaire, mais je soutiens sa volonté d'ouverture aujourd'hui".
Le choix du XML comme format Office fait donc partie d'une stratégie d'harmonisation avec le reste des applications. Office 12 n'est d'ailleurs pas la première version compatible XML. La version XP apparue en 2001 autorisait déjà l'exportation des fichiers Excel en XML. Ensuite, en 2003, Office 2003 a doté Word de cette fonctionnalité et Infopath, nouvelle application de création de formulaires au sein d'Office, travaillait aussi en XML. La migration était déjà entamée avant la volonté d'ouverture.
Mais la décision de standardisation d'un format Microsoft suscite encore quelques interrogations d'autant plus qu'il s'agit d'une variante de la norme XML. Jean Paoli, "militant du XML", comme il se définit lui-même, revient sur ce choix : "le XML a 8 ans, c'est un standard qui permet de créer des formats, comme le HL7 pour le secteur de la santé ou le XBRL pour la finance. Nous avons pu ajouter un format XML à Office dès la version XP". Et Didier Lambert d'ajouter que le XML permet à chacun de définir ses propres données à échanger.
Le XML bureautique se retrouve aujourd'hui face à deux technologies : celle de Microsoft et celle d'OpenDocument. Cette dernière, mise au point par l'équipe qui a développé la suite bureautique gratuite et Open Source OpenOffice.org, a été standardisée par l'OASIS (Organization for the Advancement of Structured Information Standards), recommandé par des instances officielles comme la Commission européenne. Dès lors, comment faire cohabiter deux formats écrits avec le même langage
et pour la même utilisation ?
Jean Paoli ne voit pas de synergies opérantes : "les formats sont à la base non interchangeables, ceci a obligé Microsoft à développer Open XML car nous devions assurer une compatibilité totale avec les documents Office antérieurs... Les fichiers binaires ne sont pas simples à traiter par des applications extérieures".
Avant d'être reconnu comme standard par l'ECMA et plus tard par l'ISO, les utilisateurs d'Office 12 - dont la sortie est prévue en 2006 - pourront utiliser ce nouveau format de documents. Microsoft proposera dans la foulée des convertisseurs gratuits destinés aux versions antérieures d'Office pour assurer une compatibilité avec les nouveaux documents. Par ailleurs, les développeurs Linux peuvent dès aujourd'hui intégrer du code Open XML, Microsoft ayant déposé une licence ouverte, comme Sun l'avait fait avec l'OpenDoc.
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