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Les fonds d'investissements font les yeux doux au secteur IT |
Comment les fonds d'investissement choisissent-ils leurs entreprises cibles, et pour quelles raisons ? Trois investisseurs nous éclairent sur les pratiques du secteur.
(19/01/2006) |
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Médiatisés en 2005 à la suite d'opérations phares telles le
rachat de Geac par Golden Gate Capital (lire l'article
du 15/11/2005) ou celui de Serena Software par Silver Lake
Partners, les fonds d'investissements cherchent à accroître
leur présence sur le marché des technologies de l'information,
un secteur en croissance où la concentration des acteurs amène
ses acteurs à rechercher des moyens importants de financement.
"Dans le domaine des technologies de l'information, ce sont
principalement des fonds en capital risque qui interviennent
pour aider le lancement de start-ups. Nous voyons assez peu
au contraire de fonds spécialisés en retournement d'entreprise,
où l'objectif est alors de redresser une société, car les résultats
de ce secteur sont souvent en dents de scie. Il devient donc
difficile de rembourser une dette à échéance", déclare Antoine
Garrigues, managing partner chez Iris Capital.
Et
même si l'éclatement de la bulle Internet a refroidi les investisseurs
et les projets d'entreprise un temps, les technologies de l'information
restent un marché où les croissances font rêver. "Tout est encore
possible aujourd'hui, comme le prouvent des réussites comme
Skype ou RIM avec le BlackBerry. Il y a encore quatre ans, personne
ne connaissait Skype mais désormais la société revendique aujourd'hui
plusieurs millions d'utilisateurs", indique Gilles Rigal, directeur
associé chez Apax Partners.
L'investisseur recherche pour ce type d'investissement des technologies
de rupture qui émergent et pourront demain imposer l'acteur
comme un incontournable du marché. Ce sont aussi les investissements
les plus risqués car les technologies évoluent vite, sont soumises
aux aléas de la normalisation, de la concurrence et à l'obsolescence.
Des
opérations de capital risque toujours séduisantes |
Un deuxième axe, moins risqué et relativement bien représenté,
consiste à financer des jeunes sociétés en pleine croissance,
mais plus matures que les start-ups. Cette activité, dite de
capital development, vise à accélérer la croissance de
la société et multiplier ainsi sa valeur.
"Nous avons procédé à des opérations de ce type en investissant
par le passé dans GSI, devenu ADP-GSI, ou plus récemment CCMX
ou Cartesis. Notre part dans le capital est en général significative
et, en tant que membre du conseil d'administration, nous prenons
part aux décisions stratégiques de l'entreprise. Notre particularité
consiste à disposer d'une forte expertise métier. Ainsi, avant
de rejoindre Apax Partners, j'ai géré pendant 20 ans des sociétés
informatiques en tant que dirigeant", souligne Gilles Rigal.
En plus des moyens supplémentaires qu'il met à la disposition
de l'entreprise, le fond d'investissement pourra uvrer proposer
plus facilement des opérations de croissance externe, par exemple
en piochant dans son propre portefeuille d'entreprisse. Autre
atout, les interlocuteurs disposent d'un savoir-faire dans la
gestion financière d'entreprise.
"Quand nous cherchons à racheter une société, il nous arrive
d'être en concurrence avec des industriels. Or, une opération
entre deux industriels peut nécessiter des réductions d'effectifs.
Notre stratégie consiste à accompagner la croissance des entreprises,
ce qui conduit plutôt à effectuer des recrutements. Et nos acquisitions
se font en association avec l'équipe de management en place",
ajoute le responsable d'Apax Partners.
Le
marché des services se tournent petit à
petit vers les investisseurs privés |
Enfin, les fonds d'investissements se montrent moins réticents
que les banques à prêter de l'argent à des acteurs jugés risqués
car sans actif à vendre en cas de dépôt de bilan, un phénomène
très fréquent sur le marché des services informatiques.
"Ce marché représente de réelles opportunités car c'est l'un
des secteurs où les acteurs financiers sont le moins présents,
avec pourtant un grand nombre d'acteurs présents en bourse.
Cela s'explique par le contrôle qu'ont joué jusqu'à présent
les fondateurs de ces sociétés. Mais si la bourse est intéressante
quand l'entreprise va bien, elle se montre implacable en cas
de difficultés. Aujourd'hui, le secteur se concentre et les
acteurs souhaitent des actionnaires de référence", analyse Laurent
Parquet, associé chez Butler Capital Partners.
Mais contrairement au marché du logiciel, les rachats en vue
d'un redressement peuvent être plus facilement appliqués, à
l'image des acquisitions d'Osiatis et de Groupe Focal, toutes
deux anciennement endettées, par Butler Capital Partners.
"Nos opérations de redressement concernent des acteurs importants
du marché confrontés à des difficultés financières pendant un
moment de leur existence. Contrairement aux logiciels, axés
technologies, les services informatiques basent leur fond de
commerce sur les actifs humains", explique Laurent Parquet.
Une donnée moins volatile que le logiciel car fondée en grande
partie sur la confiance du client.
Autre différence entre services informatiques et logiciels informatiques,
les marchés adressés. Pour un fond d'investissement, les sociétés
françaises en services informatiques disposent d'un marché intérieur
élevé tandis que les acteurs du logiciel doivent rapidement
passer à l'international pour profiter des effets de volume. |
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