ANALYSE
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Quand la fraude comptable frappe le secteur informatique
Les sociétés du secteur des nouvelles technologies se livrent de temps à autres à des malversations financières, entraînant dans la tourmente salariés, clients, fournisseurs, partenaires et actionnaires. Bilan.   (09/02/2006)
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Quel est le point commun entre des sociétés aussi différentes qu'Altran, Nortel Networks, Computer Associates, Lucent Technologies et Peregrine Systems ?

Réponse : toutes ces sociétés ont, entre 1998 et 2004, falsifié leurs comptes. Elles ont par la suite connu une descente aux enfers - passagère ou permanente - en raison de la communication au grand public et aux marchés financiers de ces malversations (voir notre tableau récapitulatif).

Le cas d'école dans le domaine des nouvelles technologies est l'affaire WorldCom, opérateur télécoms qui aura gonflé pour près de 11 milliards de dollars ses comptes entre 2001 et 2002. Une affaire découverte par la SEC, l'autorité de régulation des marchés financiers aux Etats-Unis, et qui a abouti en 2005 à de très lourdes condamnations à l'encontre du P-DG et directeur financier de l'époque, ces derniers écopant respectivement de 25 et 5 ans de prison.

Avec 20 millions de clients et 50% du trafic Internet américain, le scandale a éclaboussé l'ensemble de la sphère technologique ainsi que les investisseurs et actionnaires de la société. Fin 2002, le Nasdaq (indice des valeurs technologiques aux Etats-Unis) - déjà secoué par l'éclatement de la bulle Internet -, a atteint son niveau le plus bas, à moins de 1 200 points (contre 2 250 points actuellement).

En Belgique, le cas Lernout & Hauspie est sorti du placard à la même époque, avec un impact aussi important à l'échelle du pays. Ce spécialiste de la reconnaissance vocale avait misé sur la communication et la croissance externe, en rachetant notamment ses concurrents Dragon et Dictaphone. Entré au Nasdaq à 4 dollars le titre, l'action était montée jusqu'à 72 dollars, avant de retomber à son niveau d'origine après la découverte d'une malversation concernant 277 millions de dollars.

Tous les secteurs de l'informatique sont touchés
Présenté comme le succès belge en matière de nouvelles technologies, sa faillite a lésé de nombreux actionnaires individuels et petits porteurs.

Au Japon, le cas LiveDoor, moteur de recherche Japonais au succès foudroyant, connaît un déroulement similaire quatre ans plus tard. Là encore, c'est toute l'économie high-tech nippone qui est touchée par le scandale, la bourse suspendant même ses cotations quand le scandale présumé éclate, pour éviter tout krach boursier.

10 affaires juridiques majeures de fraudes financières
Société / Secteur
Faits reprochés
Année de la fraude
Dénouement
Lucent Technologies
Réseaux
Présomption de fraude comptable à hauteur d'1,15 milliard de dollars par 5 cadres dirigeants
2000
Accord à l'amiable avec la SEC et condamnation à 25 millions de dollars d'amende pour non coopération
Network Associates
Sécurité
Annonce d'un chiffre d'affaires incluant les produits en cours de distribution au lieu des ventes réelles strictes
Fin 2000 - début 2001
Dédommagement à hauteur de 70 millions pour les actionnaires ayant porté plainte. Changement de nom en 2004 pour McAfee
Qwest Software
Télécoms
L'ancien PDG Joseph Nacchio et 8 autres dirigeants sont soupçonnés d'avoir manipulé les comptes de la société
1998-2001
Paiement d'une amende de 250 millions de dollars à la SEC
Peregrine Systems
Gestion des actifs
Suspecté de fraude fiscale et disparition des audits financiers datant de cette période
2000-2002
Mise en redressement judiciaire, licenciement de 2800 salariés, rachat en 2005 par HP
Lernout & Hauspie
Reconnaissance vocale
Fraude comptable organisée par les dirigeants et fondateur Jo Lernout et Paul Hauspie pour un montant estimé à 277 millions de dollars
2000
600 millions de dollars de dettes découvertes, cession d'actifs et faillite de la société. Les dirigeants ont été jugés et condamnés
Nortel Networks
Réseaux
Déclaration de fausses ventes à hauteur de 3 milliards de dollars
2001-2003
Dix dirigeants licenciés dont deux ex-PDG, Frank Dunn et John Foster. Vague de licencement de 3200 collaborateurs
WorldCom
Télécoms
Fraudes à hauteur de 11 milliards de dollars
2001-2002
Condamnation de Bernard Ebbers, ex-PDG à 25 ans de prison. Restructuration de l'entreprise après mise en redressement judiciaire. Changement de nom en 2003 pour MCI
Computer Associates
Gestion du système d'information
Manipulation comptable sur un montant total de 2,2 milliards de dollars
2000-2001
Inculpation de Sanjay Kumar (PDG) et Stephen Richards (responsable des ventes). Versement d'une amende de 225 millions de dollars à ses actionnaires
Altran
Société de services
Surfacturation des clients à hauteur de 70 millions d'euros
2002
Mise en examen de l'équipe dirigeante, chute du cours de bourse de 100 euros en 2000 à 6 euros en 2002
Gemplus
Carte à puces
Diffusion d'informations financières inexactes
2000-2002
Condamnation des dirigeants suspectés à une amende de 600 000 euros par l'AMF. Depuis décembre 2005, Gemplus a fusionné avec Axalto
Société / Secteur
Faits reprochés
Année de la fraude
Dénouement

Espérant redonner confiance aux actionnaires, les directions générales annoncent généralement des licenciements massifs. Ce fut le cas de WorldCom où le licenciement de 17 000 salariés a été annoncé dans les jours suivant le scandale, mais sans résultat.

Et dans sa chute, Worldcom a entraîné celle de ses partenaires. Le 26 juin 2002, après la découverte des falsifications comptables de Worldcom, le titre d'EDS perd 6,5%, celui de Nortel 12% et chez Alcatel cette baisse atteint 16,5%.

Vient ensuite l'heure de la restructuration. Lors de l'affaire Peregrine Systems, découverte en 2002, l'éditeur a choisi le placement en redressement judiciaire, à travers le chapitre 11 du droit américain sur les faillites. Il se recentre alors sur son cœur de métier et parvient à intéresser trois ans plus tard le constructeur HP. Mais la plupart, plombés par les dettes, ne parviennent pas à rétablir un équilibre stable. Dans le cas de Lernout & Hauspie, la société a dû mettre la clé sous la porte.

Les actionnaires s'organisent pour obtenir réparation
Nombreuses dans le secteur des nouvelles technologies, ces fraudes comptables touchent la plupart des secteurs : télécoms (Lucent, Nortel, WorldCom…), Internet (LiveDoor, AOL…), matériels (Xerox, Gigastorage…), prestations de services (Altran, EDS…) et éditeurs (Network Associates, Computer Associates, Lernout & Hauspie…).

La très forte croissance de certaines sociétés du secteur des nouvelles technologies de l'information expose ces dernières - plus que d'autres - à une forte pression des investisseurs et des marchés financiers, très attentifs aux chiffres publiés. Le moindre faux pas est lourdement sanctionné, les tentations d'arranger les comptes sont donc fréquentes. Les succès de Google ou de Yahoo! font en effet rêver.

Face à ces risques, les investisseurs s'organisent. Dans le cas de WorldCom, les capitaux risqueurs, JP Morgan Securities et Deustche Bank Securities en tête, sont parvenus à obtenir un remboursement partiel de leurs créances, à hauteur de 6,1 milliards de dollars. Même cas et même résultat pour Qwest Software et Computer Associates où les actionnaires ont reçu - à l'amiable - une indemnité après avoir porté l'affaire devant les tribunaux.

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Pour prévenir d'autres cas similaires, la législation internationale change petit à petit. Aux Etats-Unis, la loi Sarbanes-Oxley impose aux grands groupes une meilleure conservation des données financières et une plus grande transparence lors des audits. Les normes comptables internationales IAS/IFRS tendent également à empêcher ce type de situation.

Yves DROTHIER, JDN Solutions Sommaire Acteurs
 
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