ANALYSE
Sommaire Acteurs 
Red Hat : la réussite d'un modèle commercial
Créée en 1994, la société revendique aujourd'hui près de 200 millions de dollars de chiffre d'affaires annuel. Entre son entrée en bourse en 1999 et la première année fiscale rentable, cinq années auront été nécessaires.   (16/02/2006)
  En savoir plus
 Red Hat
 MySQL invite Red Hat, Intel et SAP à sa troisième levée de fonds
Encore aujourd'hui, Red Hat fait figure de modèle en termes de réussite économique sur le secteur de l'Open Source et des logiciels libres. Partie de zéro, la société a misé toute son activité sur le système d'exploitation Linux. Plus de 10 ans après sa création, le distributeur de la version Red Hat Linux est parvenu à générer une activité annuelle de près de 200 millions de dollars, rentable, en employant plus de 1 100 collaborateurs.

Ce succès, Red Hat le doit en partie à ses fondateurs, Robert Bob Young et Marc Ewing. Le premier a senti le vent tourner en faveur de Linux et a développé la reconnaissance du système libre, le second a conçu la première version de la distribution Red Hat, puis a contribué au système d'installation de package par ligne de commande, le RPM (Red Hat Package Manager), un outil de gestion de la configuration des serveurs.

En 1994, lorsqu'il lance Red Hat 1.0, Marc Ewing accuse pourtant un léger retard face à des distributions comme Debian, lancée un an plus tôt, ou SuSE Linux, distribution produite par l'entreprise allemande éponyme, sortie quelques mois plus tôt. Mais la popularité de sa distribution, Red Hat la doit aussi aux services proposés autour. A partir de décembre 1995, et la sortie de Red Hat Linux 5.0, le support téléphonique est disponible pour tous les clients.

La mécanique se met alors progressivement en place et conduit l'éditeur aux portes de la bourse en 1999. A l'époque, son chiffre d'affaires annuel dépasse péniblement les 10 millions de dollars et il affiche des pertes. Malgré le risque, les investisseurs répondent à l'appel en masse, ce qui conduit l'entreprise à rehausser le prix de l'action. Lors de son introduction, Red Hat parvient à lever 100 millions de dollars et entre alors dans un nouveau rythme de croissance.

Première action consécutive à ce nouvel apport d'argent : l'éditeur rachète en novembre 1999 son concurrent Cygnus, positionné sur l'informatique embarquée, par échange d'actions pour un montant valorisé à l'époque 674 millions de dollars. Toujours en 1999, Red Hat ouvre deux implantations en Europe, la première au Royaume-Uni, la seconde en Allemagne.

En 2003, Red Hat ferme le support à destination de la version gratuite de sa distribution
Les deux fondateurs laissent alors les commandes de l'entreprise : Matthew J. Szulik prend la tête de l'entreprise et Michael Tiemann, co-fondateur de Cygnus, remplace Marc Ewing en tant que directeur technologique (CTO). Deux autres acquisitions majeures auront ensuite lieu : celle de Sistina Software, fournisseur d'infrastructure et de stockage en 2003, puis celle de la plate-forme Netscape Communication Server en 2004 pour 20,5 millions de dollars.

En 2003, pour améliorer sa rentabilité, Red Hat ferme son support à destination de la version gratuite de sa distribution. Il s'attire alors les foudres d'une partie de la communauté des développeurs de logiciels libres qui lui reprochent d'avoir entamé un virage trop commercial depuis 2001.

L'éditeur reviendra finalement sur sa décision deux ans plus tard, et s'engagera dans la défense des intérêts du logiciel libre à travers son procès face à SCO (lire l'article du 06/08/2003), mais aussi en menant une campagne de lobbying contre les brevets logiciels en Europe (lire l'article du 25/10/2004).

Les résultats financiers de Red Hat
(en millions de dollars)
Indice
2005
2004
2003
2002
2001
Chiffre
d'affaires
196,46
124,73
90,27
79,50
80,76
Résultat
net
45,42
13,73
-6,73
-139,94
-86,77
Source : Editeur, 2005

Toujours en 2003 apparaît son principal rival actuel : Novell qui s'empare de la distribution SuSE qu'il va populariser. Deux mois plus tard, Red Hat dévoile un plan visant à émettre de nouvelles actions pour un montant total de 600 millions de dollars.

A cette époque, il noue des partenariats avec Wind River et lance de nouveaux produits dans le domaine des portails et des outils de gestion de contenu Web. Un positionnement qui lui permet de s'affirmer dans deux domaines clés : les serveurs Web et l'informatique embarquée. Sur les serveurs Web, il s'accapare un serveur Web Linux sur deux (34% pour Red Hat, 16% pour Fedora), d'après les chiffres de la société Netcraft.

Dans une moindre mesure, Red Hat est aussi présent dans le domaine des serveurs sécurisés, et dans celui des ordinateurs haute performance, le dernier supercalculateur du CEA s'appuie par exemple sur une Red Hat modifiée (lire l'article du 19/01/2006). Mais l'échec permanent de Red Hat se situe sur le poste client, un domaine où Linux n'a jamais réussi à créer un marché de masse, à l'inverse des serveurs.

Une distribution très présente dans le domaine de l'embarqué et des serveurs Web
Il dispose pourtant d'une version "desktop", prévue pour les postes clients en entreprise, et de la distribution gratuite Fedora. Mais elles n'offrent pas l'ergonomie de ses concurrents comme Ubuntu ou Mandriva Linux. Une situation qui pourrait cesser à l'avenir, depuis la création, en octobre dernier, du Free Standards Group, un organisme chargé de la promotion des standards et de l'Open Source sur le poste de travail soutenu par des poids lourds de l'industrie comme IBM, Intel, HP, Adobe et Novell.

Red Hat doit aussi s'imposer sur l'ensemble de la scène internationale. Il reste encore aujourd'hui trop dépendant du marché américain qui occupe 67% de son chiffre d'affaires en 2005. Les gouvernements, déjà sensibles aux sirènes de l'Open Source en Europe et aux Etats-Unis, le sont encore davantage dans les pays émergents d'Amérique Latine ou d'Asie.

En Asie / Pacifique, le chiffre d'affaires de Red Hat a d'ailleurs bondi de 17 millions de dollars en 2004 à 29,4 millions de dollars en 2005. La société dispose pour s'étendre de bureaux répartis dans 25 pays, et de traductions localisées en 15 langues.

  En savoir plus
 Red Hat
 MySQL invite Red Hat, Intel et SAP à sa troisième levée de fonds
Au troisième trimestre de son exercice fiscal 2006, le groupe affiche un chiffre d'affaires de 73,1 millions de dollars, en hausse de 44% sur un an. Sur la même période, son résultat opérationnel atteint 18,7 millions de dollars, soit une progression de 147% sur douze mois. Le résultat net s'élève à 23,2 millions de dollars, lui-même en hausse de 114% par rapport à 2005. Il est récemment rentré dans l'indice Nasdaq 100, qui recense les valeurs technologiques à fort potentiel boursier.

 

Yves DROTHIER, JDN Solutions Sommaire Acteurs
 
Accueil | Haut de page
 
 

  Nouvelles offres d'emploi   sur Emploi Center
Auralog - Tellmemore | Publicis Modem | L'Internaute / Journal du Net / Copainsdavant | Isobar | MEDIASTAY

Voir un exemple

Voir un exemple

Voir un exemple

Voir un exemple

Voir un exemple

Toutes nos newsletters