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Manuel Diaz
Directeur des opérations
Groupe Reflect |
| Manuel
Diaz
"Il ne faudrait pas prendre prétexte de coûts peu élevés pour mettre en uvre des services Web 2.0 peu pertinents"
En
reposant sur des technologies désormais arrivées à maturité et sur la mise à disposition
d'interfaces de programmation, les services Web 2.0 sont, sur le papier, enthousiasmants. Mais attention à bien veiller à la pertinence du service.
29/05/2006 |
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JDN
Solutions. Quelles sont les principales briques technologiques du Web 2.0 ?
Manuel Diaz. Les technologies qui sont utilisées dans les applications
et services Web aujourd'hui ont atteint l'âge de la maturité, marquant l'aboutissement
d'une progression initiée dans le milieu des années 90.
Désormais, les
technologies se démocratisent et de nouveaux usages en découlent. Le Web 2.0 est
une expression parmi d'autres qui matérialise cette évolution avec notamment une
navigation qui ne se limite plus seulement aux hyperliens.
Les évolutions
ont commencé avec l'apparition et le développement des technologies orientées
serveurs comme PHP et ASP puis par l'avènement des standards de clients riches
avec l'arrivée à maturité des technologies Ajax, JavaScript, XML et XMLHTTPRequest
notamment.
Mais il faut garder à l'esprit que ces évolutions reposent
d'abord sur des technologies ayant déjà fait leur preuve - comme Ajax -, couplées
à des coûts d'acquisition de matériels qui n'ont jamais été aussi bas, ayant pour
effet de dynamiser la mise en production d'applications et de services innovants.
Une autre condition de l'avènement des services Web 2.0
a été leur interopérabilité avec le plus grand
nombre possible de navigateurs. L'évolution des navigateurs et la mise en conformité
des services Web 2.0 avec les standards du W3C est à ce titre inévitable.
Ainsi, la navigation par onglets qui permet une meilleure fluidité en termes de
navigation est une fonctionnalité déjà implémentée
dans Firefox, et qui le sera bientôt dans Internet Explorer.
Quels
sont les atouts technologiques du Web 2.0 ?
L'une des caractéristiques
du Web 2.0 est la possibilité de mixer et d'agréger différents services grâce
à la fourniture d'interfaces de programmation (NDLR API pour Application Programming
Interface) vers des applications tierces pour en créer de nouvelles. La création
de ces applications mashups est rendue possible par une mise en conformité
globale et le respect de standards.
Car un service Web 2.0 repose avant
tout sur l'utilisation de technologies matures et communément partagées comme
peuvent l'être désormais RSS, CSS ou encore XHTML. Ce n'est qu'une fois l'étape
du respect des standards acquise par le plus grand nombre que l'on
a pu voir apparaître des services en ligne innovants. La révolution des services
Web, c'est qu'ils sont désormais entièrement tournés vers un utilisateur qui se
les approprie de plus en plus.
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Dans
le développement d'une application Web 2.0, les phases d'itération
sont plus courtes" |
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Quelles sont
les particularités d'un projet Web 2.0 ?
La phase de conception des projets et applications
Web a évolué et ne passe plus par un cycle de développement long nécessitant
des phases de conception avec itérations constantes.
Aujourd'hui, les
utilisateurs sont directement sollicités par les développeurs d'applications et
services Web 2.0 et en cela, la démarche est réellement innovante par rapport
à ce qui se faisait auparavant.
Dans le modèle de développement Web 2.0,
les phases d'itération sont courtes, limitées, et placent l'utilisateur au centre
de l'objectif de couverture des besoins. Dans un cycle où le mieux est l'ennemi
du bien, cette recherche constante d'innovation et d'amélioration perpétuelle
constitue une perspective réjouissante
Aujourd'hui, les services en ligne
sortent dans leur plus grande majorité en version beta afin d'être continuellement
améliorées et prendre en compte les avis des utilisateurs finaux. Cette démarche
se différencie notamment de celle qui est time to market, engendrant des
phases de développement longues et coûteuses.
Cette démarche de soumission
des applications aux internautes constitue une avancée majeure de ce que l'on
peut appeler le Web 2.0.
La
consommation de services Web 2.0 augmente-t-elle ?
Les services
en ligne tendent à remplacer les applications logicielles traditionnelles. C'est
par exemple le cas avec Writely, un outil de traitement de texte en ligne qui
permet, avec les mêmes privilèges et avec une grande souplesse d'utilisation, d'accéder
à mon univers de suite bureautique depuis n'importe quel ordinateur connecté à
l'Internet. Le service est déporté du poste de l'utilisateur vers un stockage en
ligne, accessible depuis n'importe quel navigateur Web.
Le Web 2.0 a profondément modifié le rapport qu'entretiennent
les individus aux applications qu'ils consommaient jusqu'à maintenant.
Ainsi, l'application ne s'achète plus comme un produit à installer sur son poste
de travail, mais devient un véritable service à haute valeur ajoutée présentant
une souplesse beaucoup plus grande.
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Le
succès des services Web 2.0 repose sur la capacité des acteurs à
générer du buzz" |
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Quels
sont les bénéfices pour les collaborateurs et l'entreprise ?
Les services Web 2.0 sont à même de libérer les énergies et il est nécessaire
que les entreprises ne perçoivent plus leurs collaborateurs en tant que simple
de force de travail et de reporting mais comme des individus force
de proposition et dotés d'une capacité de collaboration et d'innovation.
Cette vision s'oppose à la vision pyramidale d'un management top down ne permettant
pas aux individualités de s'exprimer librement, en mettant à jour leur potentiel
et leur expertise.
L'entreprise commence à prendre en compte une évolution
notable qui est que le poste de travail ne devient plus l'accès privilégié à l'information.
Mais de la même manière que des résistances sont apparues avec le développement
des premiers sites de commerce en ligne, il faudra un peu de temps avant que la
collaboration en ligne se démocratise et que les entreprises lèvent les derniers
freins à leur expansion.
En termes de sécurité, les méthodes de firewalling,
de client léger sécurisé et de VPN crypté ainsi que les techniques de signature
électronique et d'authentification fortes sont autant d'atouts qui permettent
de développer et de démocratiser l'usage des applications en ligne, ce
qui n'était pas le cas au début des années 2000.
Les
services Web 2.0 disponibles sont-ils un succès à vos yeux ?
Le succès des services en ligne Web 2.0 repose sur la capacité des acteurs qui
en sont à l'origine à générer du buzz autour des services. Cette logique se retrouve
dans les accès limités aux invitations ou par le biais de la cooptation.
A l'inverse, il ne faudrait pas que l'on prenne prétexte des coûts peu élevés
d'acquisition pour mettre en uvre des services dont la pertinence puisse s'avérer
au final assez discutable. Il ne faut jamais perdre de vue l'utilisateur et l'inciter
à contribuer le plus possible à améliorer le service afin d'en assurer la pérennité.
Le modèle économique des services en ligne repose moins sur une facturation
mise en place dès la première utilisation, mais plutôt sur celle liée
aux services connexes. Ce modèle économique doit également reposer sur
les nécessaires moyens à mettre en uvre pour leur appropriation.
Comment vont évoluer les technologies Web 2.0
?
Une des grandes révolutions
consiste à accepter le fait que les services sont désormais de plus en plus dématérialisés
et mobiles et que les individus doivent désormais gérer à la fois leur
identité et leur vie numérique.
L'un des enjeux est de passer d'un Internet
de public et d'audience vers un Internet d'acteurs et de communautés, ce que les
marques ont pourtant des difficultés à appréhender.
Le véritable
enjeu consiste alors à accepter la critique sans pour autant être jugé.
C'est précisément cet aspect de la collaboration et de l'ouverture
au dialogue qui caractérise la nouvelle voie tracée par les services Web 2.0 pour
libérer la parole des consommateurs et plus généralement des internautes.
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Propos recueillis par Dominique
FILIPPONE, JDN Solutions | |
PARCOURS | |
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| Manuel
Diaz , directeur des opérations du Groupe Reflect, Web Agency
créée en 1997, à Limoges. |
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