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Joël Ronez
Consultant
Cup Of Tea |
| Joël
Ronez
"Toutes
les initiatives Web 2.0 n'ont pas pour vocation à devenir des Amazon"
Pour le consultant, en s'ouvrant au Web 2.0, les marques prennent le risque de voir leur image écornée. Il previent également du risque d'être confronté
à une Bulle 2.0.
29/05/2006 |
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JDN
Solutions. Quels sont les apports des
services Web 2.0 ?
Joël Ronez. Au départ, le Web
2.0 fait référence à des outils qui misent sur la participation des utilisateurs
et qui disposent d'un haut degré de personnalisation, d'une intuitivité avérée
en termes de navigation, et qui se démarquent par l'absence de barrière
à l'enregistrement.
Dans l'univers Web 2.0, la qualification de l'internaute
n'est plus un pré-requis indispensable dans la mesure où un simple couple login/mot
de passe permet désormais d'accéder à un service en ligne. Cette facilité d'enregistrement
au travers d'un profiling simplifié au maximum s'appuie également sur une
ergonomie efficace et particulièrement agile. Ainsi, Ajax (Asynchronous
JavaScript and XML), rend la consultation de pages plus intuitive et agréable.
Mais ce qui rend les applications Web 2.0 efficaces, c'est la limitation
volontaire des fonctionnalités pour permettre à l'internaute d'aller directement
à l'essentiel.
En quoi le Web 2.0 permet-il
un meilleur partage d'informations ?
Ce qui est innovant, c'est
l'idée même de parvenir à décomplexer l'utilisateur en l'incitant à publier lui-même
du contenu et être acteur d'un service en ligne. Des services comme Wikipédia,
Daily Motion ou encore Flickr placent l'utilisateur au centre du service qui passe
ainsi du statut de récepteur à celui d'acteur.
Pour autant, une application
Web 2.0 ne signifie pas ipso facto que toutes les données de tout le monde
sont partagées, mais que les données que l'utilisateur choisi de partager le sont
vraiment. Parmi les avancées notables du Web 2.0, le système de tags et de description
d'un contenu par un mot clé est réellement passionnant.
Le Web 2.0 est-il caractéristique d'une évolution des mentalités ?
Les technologies comme RSS (Really Simple Syndication) commencent à être
utilisées car elles permettent de structurer des contenus de façon
simple et efficace. Pour autant, cette technologie est loin d'être novatrice et
le Web 2.0 n'introduit en rien une rupture mais est simplement caractéristique
d'une évolution de l'Internet que l'on connaît depuis plus d'une dizaine d'années.
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 Le Web 2.0 n'introduit en rien une rupture mais est simplement caractéristique d'une évolution" |
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Les évolutions sont moins liées à la technologie
en elle-même qu'au désir de partage d'informations entre les utilisateurs, qu'ils
soient internautes ou collaborateurs en entreprise. C'est cette propension à vouloir
partager de l'information et à s'ouvrir aux autres qui est caractéristique d'un
changement de mentalité. Les utilisateurs se décomplexent par rapport au partage
de l'information.
Il faut se rendre également compte que les technologies
qui sous-tendent le Web 2.0 peuvent totalement être décorellées de ce contexte.
Par exemple, en utilisant simplement RSS pour des alertes, l'utilisateur souhaite
juste gagner du temps, ce qui n'a, en soit, pas grand chose à voir avec
le Web 2.0.
Si des applications de social networking comme Open
BC apportent une innovation, il ne faut pas tomber dans un excès de cynisme qui
consiste à faire croire que la moindre application qui utilise un peu de Ajax
et met trois personnes en relation est Web 2.0.
Les
marques ont-elles intérêt à implémenter des technologies Web 2.0 ?
Les marques ont tardé à recourir aux technologies dites Web 2.0, mais vont progressivement
rattraper leur retard. De la même manière que les sites Web sont passés du HTML
vers le CSS, elles vont évoluer vers le RSS et les wikis.
Ainsi, certaines
marques ont déployé, mais souvent à titre de test sans promotion particulière,
des blogs marketing visant à recueillir les avis des consommateurs. Aujourd'hui,
peu de marques ont osé mettre un pied dans l'eau et les communicants ne semblent
pas pressés de les mettre en uvre. Car la problématique qui est soulevée relève
de la nature même de l'unicité et de l'intégrité du message que
la marque souhaite ou non diffuser.
En s'ouvrant au Web 2.0, les marques
prennent le risque de voir leur image écornée. Aujourd'hui encore, peu de marques
ont la capacité à descendre dans l'arène et à se confronter aux opinions et critiques
de leurs clients. La transparence mettra du temps à s'instaurer.
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Plus
que le désir d'investir, la créativité doit être à
la base d'un service Web 2.0" |
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Quel
regard portez-vous sur le modèle économique des services Web 2.0 ?
Une
des grandes questions que soulève le Web 2.0 est de savoir avec quelle logique
économique les services en ligne sont mis à la disposition de tout le monde. Cette
tendance à voir fleurir nombre d'applications se revendiquant d'être Web 2.0 ne
doit pas faire oublier le risque d'en voir disparaître beaucoup plus qu'on ne
le pense aujourd'hui.
En étant à la base de la constitution d'un service
Web 2.0, il est nécessaire de se demander ce qu'il va bien pouvoir apporter de
nouveau à l'utilisateur, alors que l'on peut voir apparaître ici et là de nombreux
clones d'applications Web 2.0. Toutes les initiatives Web 2.0 n'ont pas pour vocation
à devenir un Amazon
Le Web 2.0 est un état d'esprit et jamais la technologie
ne se suffira à elle-même car c'est à la créativité d'être moteur et non la simple
envie d'investir dans un business qui semble prometteur. C'est justement cette
logique d'investissement qui a mené à la bulle Internet que l'on a connu.
L'engouement autour du Web 2.0 est-il justifié
?
Le terme Web 2.0 a souvent été utilisé a posteriori pour
désigner des technologies qui existaient déjà auparavant comme pour Ajax ou encore
les flux RSS. L'idée étant de faire converger des technologies déjà anciennes
comme le XML, les cookies, ou encore le Flash - couplées bien sûr aux capacités
croissantes en termes de débit - pour simplifier la navigation, faciliter le partage
et la collaboration entre des individus appartenant ou non à une communauté.
La dérive à propos du Web 2.0 ne provient pas tant des utilisateurs que des
promoteurs de services en ligne se revendiquant d'être Web 2.0 et d'apporter un
service révolutionnaire. Pour beaucoup d'entrepreneurs, le Web 2.0 constitue un
saint Graal dont les fondements technologiques reposent pourtant sur des technologies
loin d'être récentes.
Le fait de ne pas se
diriger vers une autre bulle Internet dépendra donc de la capacité des acteurs
à s'autoréguler en proposant des applications Internet innovantes, apportant un
véritable service à l'utilisateur, qui répondent à un besoin existant. Et non
pas sur le capital risque des investisseurs qui pensent avoir trouvé le bon filon.
Le marché du Web 2.0, s'il existe, devrait inéluctablement se recentrer
autour d'acteurs clés, comme c'est aujourd'hui le cas avec Microsoft et son service
de bureau virtuel en ligne Live.com. Beaucoup de services se revendiquant d'être
Web 2.0 ont été créés dans le seul but d'être rachetés. Aujourd'hui, les investisseurs
ont perdu leur sang froid et le nouvel eldorado que semble être le Web 2.0 est
loin d'être garanti.
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Propos recueillis par Dominique
FILIPPONE, JDN Solutions | |
| PARCOURS | |
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Joël Ronez, 34ans, est consultant en communication Internet et dirige
le cabinet Cup Of tea. Diplômé de Sciences Po Bordeaux, Joël
Ronez a également effectué une partie de son cursus à la
Manchester Metropolitan University. Il intervient dans divers séminaires
dont "blogs & wikis, améliorer le partage d'information sur Intranet"
pour le Benchmark Group.
Depuis 2002 : consultant indépendant,
Cup Of Tea
Nov 99 - Janv 02 : directeur du développement, Alphanet
Conseil
Nov 97 - Sept 99 : gérant et associé SARL ICON
Sept
95 - Avril 97 : responsable centre de cocumentation multimédia, Unesco
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Analyse