|
|
|
|
Dans les Dom-Tom, intégrateurs locaux et dépenses publiques font la loi |
Les départements et territoires d'outre mer constituent une myriade de marchés régionaux où les grands acteurs s'avèrent encore souvent absents. Une aubaine qui profite au tissu industriel local.
(31/08/2006) |
|
Guadeloupe, Martinique, Guyane, Réunion, Nouvelle-Calédonie, Polynésie française et Mayotte pour les plus peuplés : les départements et territoires d'Outre-mer représentent une multitude de petites régions dont la population totale combinée atteint plus de 2,5 millions d'habitants.
Ces territoires disposent d'un avantage de taille pour les entreprises de la métropole souhaitant s'y installer : la langue officielle est le français, même si des différences culturelles existent. D'autre part, hormis les territoires d'Outre-mer (Nouvelle Calédonie, Polynésie française et Mayotte) où la monnaie est différente de la métropole (Franc CFP), les DOM présentent l'avantage d'une législation et d'une monnaie similaire à la métropole.
L'économie, dominée par le tourisme et l'exploitation des matières premières, laisse toutefois moins de place à l'informatique qu'en métropole. "La dépense informatique réalisée sur ces territoires reste relativement faible en comparaison de ce que nous pouvons observer sur une région métropolitaine", affirme Mathieu Poujol, consultant pour le cabinet Pierre Audoin Consultants (PAC).
Les principales tâches portent surtout autour de la maintenance, des projets en télécommunications ou de l'intégration d'outils choisis par des maisons mères. La demande des administrations et les dépenses publiques tirent globalement la dépense informatique locale.
"La dépense de ces territoires étant limitée, il n'est pas économiquement viable pour les grands groupes de monter une filiale. Même en régie ou au forfait, envoyer son personnel pour une mission ponctuelle coûte cher. Les départements d'Outre-mer sont donc souvent laissés aux acteurs locaux indépendants, ce qui est une bonne chose pour l'économie de la région", ajoute le consultant.
Données chiffrées sur les DOM-TOM
(en millions d'euros)
|
Région
|
Population en 2005
|
Superficie
|
Densité de population
|
PIB en 2000
|
PIB / habitant en 2000
|
Guadeloupe
|
453 028
|
1 703 km2
|
258 hab / km2
|
5 593
|
13 071
|
Guyane
|
190 841
|
86 504 km2
|
2 hab / km2
|
1 729
|
10 550
|
Martinique
|
397 820
|
1 128 km2
|
338 hab / km2
|
5 496
|
14 283
|
Réunion
|
775 000
|
2 517 km2
|
309 hab / km2
|
9 923*
|
13 291*
|
Polynésie française
|
260 338
|
4 167 km2
|
65 hab / km2
|
-
|
-
|
Nouvelle Calédonie
|
232 258
|
19 058 km2
|
12 hab / km2
|
-
|
-
|
Mayotte
|
201 234
|
374 km2
|
538 hab / km2
|
-
|
-
|
Métropole
|
60 702 000
|
675 417 km2
|
93 hab / km2
|
1 405 000
|
23 385
|
Source : Insee et Wikipedia, 2006
* ces données proviennent des statistiques de 2002
|
Toujours en raison de la taille du marché, les acteurs locaux ne parviennent pas non plus à réussir la transition en métropole car il reste difficile d'obtenir une taille critique suffisante. D'autre part, les territoires à proximité des départements et territoires d'Outre-mer restent inaccessibles aux entreprises locales.
"La Réunion est proche de l'Afrique du Sud mais cette région est déjà attaquée par des acteurs américains, de même que les Seychelles ou l'Ile Maurice. De même, en Martinique et en Guadeloupe, la présence des Etats-Unis tout proches empêchent ces sociétés de s'étendre. En Nouvelle Calédonie, les pays voisins sont le Japon, l'Australie ou la Nouvelle-Zélande", poursuit Mathieu Poujol.
La dépense des PME attire quelques SSII de la métropole |
En revanche, la barrière de la langue aura eu un effet bénéfique en protégeant ces territoires contre l'incursion de grands groupes internationaux des services. Malgré des marchés jugés étroits, certaines sociétés françaises ont toutefois pris soin de faire le déplacement dans les DOM-TOM, à l'image d'Absys. Positionnée sur les solutions de gestion dédiées aux PME, elle dispose d'une antenne à la Réunion depuis 1999.
"Nous avons eu une opportunité à un moment donné en démarchant des entreprises locales. Aujourd'hui, l'entité compte 10 collaborateurs et traite 150 clients au total. Nous sommes spécialisés sur les logiciels Sage et Microsoft Dynamics. Le marché est un petit marché et l'on s'adresse à des tranches de clientèles très différentes", note Jean François Tardif, gérant d'Absys à la Réunion.
Conservant son optique de la métropole, la société de services se charge de l'audit, de la rédaction du cahier des charges, du développement, de la mise en production, de la formation et de la maintenance. La gestion du matériel et du réseau est confiée à d'autres prestataires de services. Si la méthode n'a, a priori, pas changé, des adaptations ont été nécessaires pour tenir compte des spécificités des clients.
"Nous sommes sur une petite île mais, du fait des difficultés de déplacement, nombre d'entreprises se retrouvent divisées en plusieurs sites qui ont du mal à communiquer entre eux, même dans le secteur de la petite PME. L'autre différence se situe dans la culture du changement. En métropole, les systèmes d'informations en sont peut-être à leur 4e ou 5e version, tandis qu'ici nous en sommes peut être à la 2e ou 3e version", déclare Jean François Tardif.
L'existant informatique dispose donc d'un historique plus conséquent qu'en métropole et rend les changements plus délicats en raison de la quantité d'informations à reprendre dans les nouveaux systèmes.
"La Réunion est un marché très concurrentiel. Tous les éditeurs sont représentés localement par le biais de distributeurs locaux. On retrouve également des acteurs comme IBM, implanté localement, et HP, par l'intermédiaire de grossistes", souligne le gérant de l'antenne de la Réunion.
Le cas de la Réunion reste toutefois un peu à part, étant le département d'Outre-mer totalisant la plus forte population. Les territoires d'Outre-mer, eux, demeurent moins bien desservis par les grands constructeurs et éditeurs. Une des solutions de secours consiste alors à faire appel aux ressources de la métropole.
|
|
|