Après des années de recherche, l'écran flexible ou papier électronique serait enfin prêt pour une production de masse. C'est le message qu'adresse la PME anglaise Plastic Logic aux industriels et aux consommateurs, en prenant les devants pour imposer sa technologie.
Bâtie en 2000 autour des travaux de recherche de l'Université de Cambridge en Angleterre, la société emploie 90 salariés et compte à son capital des actionnaires tels qu'Intel Capital, Bank of America et BASF (un des plus grands acteurs du secteur de la chimie). Sa technologie : l'encre électronique et les modules d'affichage flexibles à matrice active.
Le papier contient en fait de petites capsules remplies de microbilles de couleurs qui s'activeront sur commande par une impulsion électronique déclenchée à l'intersection d'une ligne et d'une colonne donnée. Mais là où l'entreprise souhaite se démarquer de la concurrence, c'est dans la capacité de son papier à pouvoir être transporté et lu partout, quelque soit l'exposition à la lumière notamment.
Une grosse différence par rapport aux premiers échantillons de papier électronique présentés il y a 2 ans sur les salons hi-tech, où le papier électronique souffrait encore de nombreux défauts : écran limité au noir et blanc, résolution faible, fréquence de rafraîchissement insuffisante pour éviter la fatigue des yeux
Un exemple de papier électronique - Plastic Logic
La donne change, puisque non seulement les nouveaux écrans supportent la couleur, mais ils peuvent aussi afficher une résolution plus proche de la qualité d'une impression papier en 200 dpi, tandis que la taux de rafraîchissement atteint 80 images / secondes, quand il en faut 60 en moyenne pour regarder un film.
| Une autonomie de 10 000 heures atteinte sur papier électronique |
Mieux, avec l'évolution des réseaux, le papier électronique proposé sera équipé d'une connexion sans fil et d'une prise USB, afin par exemple de récupérer le dernier livre à succès et de le consulter dans le métro. Le prototype présenté offrait une diagonale de 12 pouces, soit une surface légèrement inférieure à celle d'une feuille de papier 21x29,7cm. L'autonomie d'une feuille de papier atteint en moyenne 10 000 heures.
Avec un marché gigantesque à ses pieds (affichage de panneaux publicitaires, livres, étiquettes, journaux, documents électroniques), le livre électronique façon Pastic Logic a attiré les magnats de la finance. Ainsi, l'entreprise a réussi à réunir 100 millions de dollars lors de son dernier tour de table, réalisé début janvier avec les fonds Oak Investment Partners et Tudor Investment Corporation.
L'argent sera utilisé pour construire une usine de production majeure sur le site de Dresden, en Allemagne où se trouvent aussi les centres de production et de R&D du fabricant AMD et de l'allemand Infineon. Cette usine sera chargée de produire plus d'un million de modules d'affiche par an à partir de 2008, pour une demande attendue de 41,6 millions d'unités en 2010.
Près de 140 emplois directs seront ainsi créés dans la région, estiment les dirigeants de l'entreprise. A ce chiffre s'ajouteront les emplois créés chez les partenaires de l'entreprise, notamment E Ink, spécialisé dans l'encre électronique.
Sony, de son coté, a lancé un premier livre électronique de masse pour tester la réaction du marché japonais, en règle générale très réactif aux nouvelles technologies. Avec le Librié, le livre électronique vaut tout de même 300 euros auquel il faut ajouter 5 euros pour louer un livre entre 30 et 90 jours.
Philips s'est quant à lui lancé sur le PDA à écran souple à travers sa filiale iRex. L'ER-100 dispose d'un processeur à 400 Mhz, avec pour avantage de pouvoir afficher directement le contenu d'une carte mémoire flash, en plus des documents XHTML, HTML, PDF, TXT.
Il reste toutefois plusieurs freins au développement de cette technologie. Son prix, tout d'abord qui dépasse la centaine d'euros encore aujourd'hui, son affichage couleur qui nécessite des ajustements coûteux sur le terminal, et un frein culturel pour les habitués du livre papier.
Enfin, un vaste problème environnemental se profile. L'écran flexible supprime la consommation de bois pour la production du papier physique, mais entraîne une surconsommation de pétrole pour produire les matières plastiques qui composent l'écran flexible.
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