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Dialogue social : un patronat inexpérimenté

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Sommaire
Une culture non syndicale
Les difficultés du secteur
Un syndicalisme de services
Un patronat inexpérimenté
Des réformes nécessaires
Les reproches des syndicats
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La montée du syndicalisme reste modeste puisque le Munci estime entre 1 000 et 3 000 le nombre de salariés syndiqués dans l'ensemble de la profession (soit entre 0,5 et 1% du total des salariés, contre 7 ou 8% pour la moyenne nationale). Mais même modeste, elle est souvent mal perçue par le patronat qui y voit un reproche, voire une agression, contre sa façon de diriger l'entreprise.

"L'histoire d'une entreprise est très importante par rapport à la facon dont elle regarde le syndicalisme et ses délégués syndicaux. Chez Alcatel France, qui est une entreprise avec une longue histoire et beaucoup de personnel qui faisait de la fabrication, on ne retrouve pas la même culture que dans le domaine de la distribution de logiciels où les entreprises sont plus jeunes. Lancer un syndicat se passe très bien s'il y a un respect des partenaires. Ce respect se jauge par exemple en fonction de la réaction des dirigeants lorsque le syndicat refuse une de leurs propositions", affirme Jean-Baptiste Triquet, responsable CFDT pour le groupe Alcatel-Lucent.

Or, les organisations matricielles majoritairement adoptées par les entreprises informatiques posent plus de problème de dialogue qu'elles n'en résolvent. "Petit à petit, ces entreprises se sont réorganisées, avec pour conséquence une perte de pouvoir local. Il est très dur de trouver le bon interlocuteur lorsqu'on se présente comme un élu local. Il y a quelques années, les patrons avaient encore une marge de manœuvre", estime Jean-Baptiste Triquet (CFDT).

Le reporting social n'est pas non plus une habitude, et les questions des salaires, du turn over ou de la formation sont encore des tabous qu'il est difficile de lever. Logique selon les syndicats, car le patronat a choisi d'individualiser au maximum la question des rémunérations. "La dernière étude du groupe Alpha étudiant le reporting social des entreprises du CAC 40 place Capgemini en lanterne rouge. Tout un symbole", estime Régis Granarolo (MUNCI).

Les employeurs sont rarement à l'initiative du dialogue avec les syndicats. Pourtant, ils sont tenus par la loi à des réunions mensuelles avec les délégués du personnel lorsque se présentent des réclamations individuelles. Certains vont même jusqu'à contester les syndicats ou jouent sur des moyens de pression pour éviter la création d'une nouvelle instance.

"La représentativité des syndicats pose un problème aujourd'hui. Si vous ne voulez pas adhérer aux 5 confédérations nationales, votre structure pourra être contestée par la direction ou même par les autres syndicats lors de sa création. Et si vous êtes contesté, il faut des moyens pour se défendre, moyens que n'a généralement pas un jeune syndicat indépendant au moment de sa création", précise Hamid Chouchane (SUD).

De même, il est rare que les syndicats puissent rencontrer à la fois le directeur des ressources humaines, le directeur financier et le directeur général. Parfois, les décisions prises donnent l'impression d'être totalement déconnectées de la réalité. Pourtant, un dirigeant a beaucoup à gagner à se plier au jeu du dialogue avec les syndicats.

"Serge Tchuruk était un décideur très disponible pour les syndicats puisqu'il dirigeait tous les comités de groupe France. Il était donc en contact avec nous 4 fois par an. Je pense qu'à travers ses réunions, il pouvait mesurer le climat social de l'entreprise sans intermédiaire, ce qui me semble important. Au même titre que nous, pendant un instant, nous pouvions connaître les préoccupations du P-DG", se souvient Jean-Baptiste Triquet (CFDT).

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