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Faire converger les SI lors des fusions / acquisitions |
Quand elles
décident de se rapprocher, les entreprises se focalisent sur la complémentarité
de leurs activités plutôt que sur celle de leurs systèmes d'information.
Pourtant, cet aspect des choses peut s'avérer stratégique.
(23/03/2007)
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| Lorsqu'elles
sont amenées à piloter un projet de fusion/acquisition, rares sont les entreprises
à accorder dès le départ un grand intérêt à la dimension système d'information
du futur ensemble. Pourtant, au-delà des raisons stratégiques et de positionnement
concurrentiel motivant leur projet, les systèmes d'information (SI) peuvent constituer
un facteur clé de réussite à part entière.
Car, en faisant le
choix de la fusion ou de l'acquisition, l'entreprise à l'initiative de l'opération
compte non seulement capitaliser sur la valeur intrinsèque ou les savoir-faire
technologiques de l'entreprise cible (voire s'emparer de sa juteuse base de clients
installée), mais elle peut aussi jouer la carte de la complémentarité en matière
de SI. "Une opération de fusion/acquisition permet de bénéficier de l'expérience
de l'entreprise cible en termes de déploiement et de choix de solutions, mais
aussi de bonnes pratiques permettant un gain de temps des plus appréciables pour
mener à bien de futurs projets informatiques", signale Patrick Bénichou, P-DG
d'Open Wide, intégrateur de solutions Open Source en matière de travail collaboratif.
"Dans le cas de la fusion de deux compagnies aériennes, la complémentarité
se retrouvera non seulement dans le maillage des lignes mais également sur le
volant technique, au travers des systèmes de réservation, de maintenance, des
systèmes logistiques, permettant de faire la différence avec la concurrence",
note de son côté Gérarld Espardellier, directeur associé au sein du cabinet Enora
Consulting.
"Audit
des SI et schéma directeur actualisé sont des pré-requis
à toute opération de fusion/acquisition" (Gérald
Espardellier - Enora Consulting) | Mais
après s'être assurée de la complémentarité de ses systèmes d'information d'une
part et de l'interopérabilité entre les briques et applications fonctionnelles
clés d'autre part, encore faut-il que l'entreprise ait bien balisé le terrain
en s'appuyant sur une démarche appropriée. "L'entreprise qui envisage
une opération de fusion/acquisition doit avant tout commencer par réaliser son
propre audit des systèmes d'information et disposer d'un schéma directeur actualisé,
avec un périmètre bien défini pour chaque application. L'objectif étant de se
positionner clairement par rapport au SI de l'entreprise acquise et de dégager
les futures synergies, tout en tenant compte des faiblesses et contraintes", précise
Gérald Espardellier. Qu'elle soit volontaire ou non, cette démarche de
cohabitation des systèmes d'information - pour une durée s'étalant parfois sur
plusieurs années - fera en tout cas partie de la palette des moyens mis en uvre
par certaines entreprises pour se prémunir des difficultés. "La plupart
du temps, il est fréquent de voir les deux SI cohabiter, avec une mise en commun
des briques transverses liées à des fonctions bien spécifiques comme la paye ou
encore la comptabilité, tandis que d'autres briques métiers demeureront, elles,
beaucoup plus longtemps indépendantes", indique Patrick Bénichou. "Dans
le cadre d'une opération de fusion, les composantes du système d'information finissent
toujours par être harmonisées comme dans le cas du SIRH où l'on assiste d'abord
à l'adoption de règles communes en matière de paye et de rémunération avant le
rapprochement des conventions collectives", ajoute Eddy Corcos, directeur des
services clients d'ADP-GSI, fournisseur de solutions dans le domaine de l'externalisation
des ressources humaines.
"La
convergence des SI devient un moteur du succès de l'opération de
fusion/acquisition" (Jean-Louis Gross - CSC) |
Mais alors que la cohabitation des SI tendra in fine vers une fusion,
le temps requis pour y parvenir dépendra non seulement de la facilité à
rapprocher les briques du SI que de l'activité des entreprises. Ce dernier élément
conditionnant même plus que tout autre la pertinence du rapprochement de deux
systèmes d'information. "Dans le cas où une société en rachète une autre,
dont l'activité est différente mais complémentaire, l'intérêt de fusionner les
deux SI n'est pas évident tandis qu'elle s'avérera largement supérieure
dans le cas de rachats entre entreprises d'activité comparables où la nouvelle
entité créée ne doit pas se reposer sur deux SI mais bien sur un tout commun",
annonce Gérarld Espardellier. Pourtant, il ne faut pas perdre de vue
que la fusion des SI, si elle constitue le plus souvent un vecteur de performance
pour le futur ensemble, n'est qu'une première phase : "la solution optimale de
convergence dépend de nombreux facteurs et sa planification doit anticiper le
fait que les entreprises sont de toute façon amenées à réactualiser leur schéma
directeur tous les 3 à 5 ans, impliquant le plus souvent des évolutions techniques
et fonctionnelles d'envergure", analyse Jean-Louis Gross, vice-président du cabinet
CSC. Et Jean-Louis Gross de prévenir : "considérée suffisamment tôt de
façon à anticiper les obstacles à l'harmonisation des pratiques, la convergence
des SI, au lieu de poser problème, devient un moteur du succès de la fusion/acquisition".
Alors que l'identification des complémentarités entre les SI des entreprises
se préparant à une opération de fusion/acquisition demeure - malheureusement -
une étape souvent négligée mais non moins essentielle, elle ne semble toutefois
pas constituer, en soit, l'unique critère de décision. "Si l'évaluation
de la qualité de service fourni par un SI à ses clients se révèle faible, elle
pourra rentrer en ligne de compte dans le choix de ne pas se rapprocher d'une
entreprise ; mais l'idée de choisir une entreprise seulement au travers de la
qualité de son SI demeure une utopie", conclut Patrick Bénichou. |
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