Les concours de référencement biaisent la pertinence des moteurs

"Le spam est interdit et vous expose à des poursuites via notre service juridique" indique le site acf-webmaster - Association des Casinos Francophones - dans ses conditions d'utilisation dans le cadre d'un concours d'optimisation lancé le 10 mars 2007.

Après le tout premier concours français au nom de code "mangeur cigogne", les tournois de référencement se sont multipliés (Lire l'article Quand le référencement devient un jeu du 03/11/2006).

Dernier en date lancé sur le moteur Google, celui d'acf-webmaster. Le défi à relever pour les participants : ressortir dans les premiers résultats sur la requête "casino" sur Google.fr et Google.be. Afin que tous les concurrents partent sur une base égale, l'organisateur du concours a fourni la page à référencer.

Ethique ce concours de l'acf-webmaster ? "C'est tout simplement de l'hypocrisie. C'est un détournement du travail de référencement. Ce concours est surtout un moyen de trouver une armada de webmasters bénévoles dans le but de générer du trafic sur leur propre site. Le marché des casinos en ligne est fortement concurrentiel : le revenu généré par les pages satellites sera plus qu'intéressant pour l'organisateur. Et ce dernier ne prend aucun risque, ce qui n'est pas le cas des participants", signale François Houste, directeur SEO de l'agence Web LSF Interactive.

Le danger pour les participants n'est pas des moindres. Outre le fait que ces derniers peuvent eux-mêmes mettre en place des méthodes spammantes, ils s'exposent à une suppression de leur site dans les index en présentant un contenu dupliqué. En effet, la page à référencer étant identique pour chaque participant, Google, sensible aux doublons, peut repérer ce "duplicate content". A l'heure d'aujourd'hui, sur la requête "concours SEO casino 770", huit pages sur Google France présentent le même contenu.

Les concours de référencement sont de plus en plus critiqués par les professionnels du secteur. Autrefois participants, ils évitent aujourd'hui de s'y associer. "Les spécialistes du référencement préfèrent gérer discrètement leurs propres sites test", explique François Houste. Les derniers concours lancés n'ont plus pour valeur d'expérimenter les moteurs. Celui d'acf-webmaster passe plus pour une publicité optimisée avec la création massive de liens vers son site.

Autres limites directement liées au concours : la pollution des index. La palme revient au concours "globalwarming awareness2007".Alors que jusque là, les concours se plaçaient sur des requêtes improbables créées pour ne pas gêner l'internaute dans la recherche, un concours internationale de SEO a vu le jour au cours du mois de janvier 2007. Son but : se positionner sur les trois principaux moteurs de recherche - à savoir Google, Yahoo et MSN - sur la requête "globalwarming awareness2007" - "prise de conscience sur le réchauffement climatique" en français.

Le fait que les noms "globalwarming" et "awareness2007" soient collés ensemble n'empêche en aucun cas la dégradation qualitative des index. A la requête "global warming awareness" sur Google, les résultats sont altérés dès la troisième réponse. Un utilisateur lambda en recherche d'informations sur les risques du réchauffement climatique peut arriver sur des pages concours du jeu, ne contenant aucune information utile. Ces sites volent la place de sites prioritaires sur une problématique environnementale et humaine critique. Un concours qui en devient presque cynique puisque le gagnant de "globalwarming awareness2007" se verra remettre une voiture, un comble vu le thème du concours.

Les moteurs ne sont pas les seuls victimes de ces concours de référencement : "les blogs et autres outils communautaires type Digg sont touchés par le spam résultant de ces concours", souligne François Houste. Une des conséquences les plus marquantes est la décision de l'encyclopédie Wikipedia de remettre en place l'attribut "nofollow" sur tous ses liens externes, suite à de nombreux abus et spams sur les pages du site (lire la brève Wikipedia rétablit le "nofollow" du 24/01/2007).