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INTERVIEW
 
26/04/2007

Denis Mennesson (LDLC) : "Nous pouvons rapidement déployer des machines virtuelles"

Dans un souci de réactivité, LDLC privilégie les développements internes. Face aux montées en charge, le site s'appuie sur la virtualisation et des serveurs lames. Première priorité : la disponibilité.
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JDN Solutions. Quelle infrastructure supporte le site Internet LDLC ?

Nous sommes en full Microsoft : sur la partie OS avec Windows, applicative avec IIS en serveur Web et SQL sur les bases de données, et enfin sur de l'ASP en ce qui concerne le développement. Les parties données sont supportées sur du SAN. Les bases de données sont organisées en cluster, avec un certain nombre de serveurs frontaux exécutant des requêtes sur ces dernières.

 

Combien une telle architecture compte-t-elle de serveurs ?

LDLC n'a pas de parc fixe. Il varie constamment selon la charge et donc les événements sur le site. Aujourd'hui, nous réfléchissons bien plus en termes de puissance qu'en nombre de serveurs.

Lors de la période de noël par exemple, les pics de charge sont importants et il faut pouvoir les absorber. Nos serveurs HP étaient précédemment en environnement 32bits. Pour répondre à cet impératif de charge, nous avons donc réalisé une évolution : migrer vers des technologies bi et quadcœur Intel en environnement 64bits.

Avant cette mutation technologique, nous étions arrivés à des charges supérieures à 80%. Le taux est depuis redescendu à 30-40%. Cela a permis d'alléger considérablement les bases de données et de gagner en performance. Pour les serveurs Web, un taux d'utilisation élevé n'est pas un motif d'inquiétude, à moins de devenir une constante. Là je m'inquiète. Mais avec les outils de supervision, on peut difficilement être ainsi pris totalement au dépourvu.

 

Utilisez-vous également la virtualisation pour réagir face aux pics de trafic ?

En plus de l'ajout de serveurs physiques, si nous éprouvons un besoin de puissance dans le cadre d'une action particulière, LDLC peut rapidement déployer des machines virtuelles VMware. Nous avons mêmes des frontaux permanents, en virtualisation.

VMware ESX apporte l'indéniable avantage d'être rapide à déployer. Nous utilisons de plus des serveurs en lame. Ainsi, même sans faire appel à la virtualisation, il est très simple de monter une lame supplémentaire et de descendre une image. En quelques minutes, vous avez un serveur opérationnel. Toutes ces évolutions apportent en souplesse pour l'administration, la répartition des données et la mesure de la charge.

 

"VMware ESX apporte l'indéniable avantage d'être rapide à déployer"

Quel est votre choix dans le domaine de l'hébergement ?

Nous louons des salles blanches chez Completel, mais l'exploitation et l'administration restent entièrement assurées en interne pour des raisons de réactivité et de maîtrise de l'environnement. C'est un choix historique au sein de LDLC. Les compétences ont toujours été disponibles en interne.

Le motif principal demeure la réactivité, face à des incidents ou au besoin d'effectuer des modifications logicielles. Si un pépin quelconque se produisait, pas forcément d'ordre matériel à 3 heures du matin, un dimanche, que se passe-t-il ? Si c'est de nature essentiellement hardware, l'intervention peut être réalisable par un prestataire, mais si vous allez sur la partie développement, cela devient déjà nettement plus complexe.

Nous maintenons le choix actuel de conserver cette partie en interne, mais je ne prédis pas l'avenir. La question ne s'est en tout cas pas encore posée. Mais comme pour la logistique, nos serveurs et ses applications forment la colonne vertébrale du site.

 

Entièrement sous Microsoft, avez-vous cependant étudié l'opportunité d'adopter des solutions du libre ?

Pour comprendre le choix de Microsoft, il faut se projeter 4 ans en arrière. A ce moment-là, les technologies Microsoft répondaient à nos besoins, et continuent de le faire. De plus, nous pouvions nous appuyer sur des compétences en interne. Et puis, pour l'environnement SAN que nous souhaitions mettre en place, et en raison également de la qualité des drivers, le choix de Microsoft nous paraissait apporter plus de garanties que Linux.

Maintenant si un besoin particulier se présente et qu'une technologie Open Source y répond, ce n'est évidemment pas interdit. Lorsque le niveau de risque par rapport à l'évolution du produit n'est pas critique, c'est d'ailleurs l'option que nous retenons. Et lorsque nous avons des impératifs de maitrise, notamment en termes d'évolution et de réactivité, ce sont les développements internes que nous privilégions. C'est ainsi le cas en matière de gestion des commandes, de logistique et de facturation. La partie finance en revanche se fait via le progiciel Cegid.

 

A quand remonte la dernière refonte du site ? Sur quels éléments a-t-elle porté ?

La refonte était environnementale et remonte à 4 ans. Il s'agissait à la fois de faire évoluer l'architecture et l'environnement de développement au travers d'une migration ASP. Chaque projet de refonte représente des coûts directs et indirects dont il faut avoir bien conscience. C'est notamment des formations pour mettre à jour les compétences et permettre la maitrise de la nouvelle architecture. Il s'écoule naturellement un temps d'acquisition après ce type d'évolution.

 

"Le souci premier est celui de la disponibilité dans un environnement"

Quelles sont les évolutions fonctionnelles récentes ou à venir sur les sites LDLC ?

Il y a toujours des réflexions qui se posent sur le sujet, mais cela relève plus de la direction clients que de la technique. Mon rôle se situe avant tout dans la mise en musique. J'ai néanmoins bien conscience que les internautes sont de plus en plus exigeants. La question que je me pose en termes d'évolutions est : est-ce que la valeur est sur ce que vous allez voir à l'écran ou sur le service que va rendre le site, notamment en matière de délai livraison, de qualité, d'interactions ?

Prenons l'exemple d'une modification de commande. Jusqu'où pouvez-vous permettre à un client de changer sa commande sans impacter la logistique ? Les outils autorisent de plus en plus de possibilités et ainsi de répondre à des clients exigeants. Même quelle que soit l'évolution fonctionnelle décidée pour le site, une réflexion de fond est menée et les impacts mesurés.

 

Et quels seraient les impacts d'un accroissement de la personnalisation ?

Si je prends l'exemple de création de communautés avec échange de fichiers, se pose alors une problématique technique de stockage des données. C'est presque un autre métier en termes d'attentes à satisfaire. Les architectures elles-mêmes changent. L'utilisateur va demander de la modélisation d'espace, de la personnalisation.

Quelle taille de bande passante puis-je allouer à ce service ? Comment je priorise ? C'est une véritable évolution métier. Mais toute entreprise, sur Internet ou non, est poussée à évoluer par ses clients, mais aussi par la concurrence. Notre marché change lui aussi et il faut s'y adapter.

 

Quelle est la ou les principales problématiques à laquelle doit répondre un site de e-commerce comme LDLC ?

Le souci premier est celui de la disponibilité dans un environnement ou le trafic peut augmenter de manière exponentielle du jour au lendemain, selon les campagnes. Il faut donc en permanence savoir faire face aux explosions de charge. Un autre point auquel je suis tout aussi attentif est celui de la fiabilité des données.

Ensuite, c'est la bonne marche de nos outils de gestion pour le traitement logistique. Il faut que tout ronronne si je puis dire. C'est un souci permanent, même s'il n'est pas uniquement le mien. Il faut aussi pouvoir adapter ce volet logistique aux demandes. Mes premiers clients se sont les utilisateurs et ils ne sont pas moins exigeants que les autres.

 

Compte tenu du caractère critique de la disponibilité, sur quels axes agissez-vous pour la garantir ?

Une logique de continuité, c'est notamment dans le plan d'architecture doubler les composants critiques, définir pour l'environnement fonctionnel les délais maximums d'indisponibilité et fournir les moyens d'une reprise dans les temps, et assurer la réplication des données. Pour cela, on s'appuiera beaucoup sur la technologie, dont les outils de monitoring pour adopter une approche plus préventive que curative.

Le principe de redondance est appliqué sur toute la partie site, sur les bases de données, ainsi que les outils de gestion. Mais avoir plusieurs frontaux et donc une réplication n'empêche pas de mettre en place également des systèmes de sauvegarde. Continuité et sauvegarde sont deux théories différentes, mais complémentaires.

Le SAN permet une réplication de baies en temps réel par exemple. Le coût de stockage est plus élevé mais vous bénéficiez de services supplémentaires. Exemple tout bête : vous avez une machine avec disques. Vos données augmentent jusqu'à saturation du disque, vous obligeant à arrêter la machine et à le changer. Avec le SAN, sans coupure, il suffit d'allouer de l'espace. C'est totalement transparent pour l'internaute. Grâce aux clusters, vous pouvez également réaliser une mise à jour applicative progressive sans jouer sur la disponibilité du service.

 

"La réplication distante peut nous servir à basculer [...], mais aussi à absorber de la charge"

Pour pallier un risque d'indisponibilité, fonctionnez-vous en architecture multisite ?

Nous ne sommes pas en actif passif, c'est-à-dire un site principal opérationnel et l'autre dormant. La réplication distante peut nous servir à basculer si une partie de l'infrastructure est indisponible, mais aussi à absorber de la charge.

Tout choix de redondance est évalué sur la base d'une analyse de risques et d'estimation des coûts de couverture des différents risques. Je peux évidemment décider de tout dupliquer, mais il me faudra dans ce cas accepter d'en payer le prix. Le principe reste le même que celui de l'assurance : quel niveau d'occurrence d'un risque ? Comment puis-je le couvrir ? Combien suis-je prêt à investir pour m'en protéger ?

Les choix ne peuvent être faits qu'au niveau de la direction générale. Pour être en mesure de prendre une décision, il est nécessaire qu'elle est connaissance des risques. Chez LDLC, j'ai la chance d'avoir une direction extrêmement sensible à la chose. Mais c'est un des nerfs de notre métier après tout.

 

Quelle technologie de moteur de recherche interne utilisez-vous ?

Il s'agit de développements internes. C'est encore une fois un peu historique. Les compétences existent au niveau du groupe, ce qui permet d'apporter des améliorations constantes à l'outil. Les progrès dans ce domaine sont naturels : peaufiner l'indexation pour parvenir en un minimum de clics à ce que l'on souhaite… lorsque l'internaute sait ce qu'il cherche.

 

Quels sont selon vous les défis à relever pour les sites de e-commerce ?

Sur les aspects technologiques, c'est toujours la disponibilité. C'est votre image qui en dépend directement. Le logiciel de comptabilité peut s'arrêter, c'est certes ennuyeux mais il n'y a pas mise en péril immédiate de l'entreprise. Si le site est inaccessible, les conséquences sont aussitôt critiques.

Autre défi, la gestion de la volumétrie, le volume de données. Quotidiennement, ce sont énormément de transactions, des volumes importants à traiter, manipuler et digérer dans un laps de temps relativement court. Cela revient à s'engager dans une démarche quasi permanente d'optimisation des flux, d'automatisation et de fiabilisation. Et tout ceci doit s'exécuter dans un environnement très changeant.

 

 
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Quelles sont les évolutions, les chantiers auxquels vous allez vous atteler dans les prochains mois ?

Nous évoquions précédemment les serveurs lames. Ce projet n'est pas encore finalisé et il faudra donc le conduire à son terme. Nous entreprenons également diverses migrations applicatives, ainsi que des évolutions au niveau des bases de données. En ce qui concerne la partie Web et fonctionnelle du site, ce n'est malheureusement pas à moi de vous le divulguer.

 

 
Les choix de LDLC
 
  Hébergement Interne  
  Développement ASP  
  Base de données SQL Server  
  Moteur de recherche Interne  

 

Denis Mennesson est le directeur du système d'information de la société LDLC. Son rôle : assurer le bon fonctionnement de l'infrastructure technique et gérer l'adéquation entre le budget et les ressources. La DSI compte 27 personnes.


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