Les 5 projets informatiques les plus prisés par les sites Web

En 3 ans, les préoccupations des directions techniques de sites Web ont changé (lire l'article : "Cinq choix-clés pour un directeur technique de site Web" du 06/04/2004). Toujours axées en priorité sur la fiabilité de leur exploitation informatique, elles ont toutefois mis des moyens supplémentaires pour atteindre un niveau de performance plus proche des 100% de disponibilité.

Moins axées sur la réactivité, et plus sur la fiabilité et l'évolutivité de leurs choix informatiques, elles consacrent des moyens supplémentaires par exemple à l'optimisation des développements et de la base de données. Cette démarche les conduit à opter de plus en plus pour des architectures dotées de serveurs d'application, et à privilégier les solutions du marché au détriment des développements internes.

C'est la priorité numéro un de tout site. Dans le secteur des médias, François Boury (l'Equipe) indiquait avoir connu un trafic allant jusqu'à 400 Mbits pendant la coupe du monde de football en juin-juillet 2006. Pour gérer un tel trafic, le site avait alors "mis en place, avec Atos Origin, un système de cache pour minimiser la charge en frontal". Sur les 7 serveurs de l'architecture, 2 sont par exemple exclusivement dédiés à la répartition de charge en frontal.

D'autres sites optent pour une approche différente afin de minimiser la charge serveur. L'astuce consiste à minimiser les traitements effectués sur les serveurs frontaux et à les déporter sur la base de données ou les serveurs d'applications. Ces serveurs, désormais peu sollicités pour des calculs gourmands, disposent tous de la même image système ce qui leur permet de supporter la charge du voisin en cas de panne de celui-ci.

Enfin, deux autres approches coexistent : la spécialisation des serveurs et les grappes de serveurs (cluster). Dans le premier cas, les serveurs sont organisés par fonction pour être optimisés, dans le second cas, il s'agit de pouvoir exécuter en parallèle un traitement sur plusieurs serveurs différents. Le premier cas s'adapte bien à un site de services ou à un cyber-commercant. C'est notamment le cas de Voyages-SNCF qui dispose d'une infrastructure "entièrement redondée en 2x2 et 1x1, dans des endroits différents".

Les solutions d'externalisation du trafic vidéo commencent aussi à connaître un certain succès. Que ce soit par le biais de prestataire comme Akamai, ou par des solutions de type YouTube, DailyMotion, Google Video ou Yahoo Video. L'audio est aussi concerné, puisque le Pole Largardère Musique a choisi pour sa part Akamai afin de minimiser la charge serveur en entrée.

» La montée des applications métiers de type ERP / CRM / BI

Chez PriceMinister, l'informatique décisionnelle a fait l'objet de la création d'une équipe dédiée chargée d'administrer les produits Oracle et Business Objects. Un projet qui se justifie au vu de l'internationalisation du site, et de la nécessité dès lors de pouvoir mieux segmenter et étudier la demande client. Un projet de relation client est en cours. Ce projet est révélateur du souhait des directions techniques à vouloir exploiter l'information qu'elles traitent.

Alors que l'informatique décisionnelle vise à conquérir le client, les solutions de gestion de la relation client tentent de le fidéliser. Dans ce cadre, Voyages SNCF a tenté son premier projet du genre en 2006 avec Léa, un personnage virtuel qui "comprend le langage naturel et à qui il est possible de poser de questions".

Tout comme Voyages-SNCF, Boursorama s'est construit son propre outil de CRM. L'objectif ? "nous ne voulions pas d'un logiciel qui imposerait d'adopter un autre mode d'organisation", déclarait Alexandre Baumeister. Ecrit en J2EE, l'outil sert aussi bien aux centres d'appels qu'aux agences et aux différents services de la société. Même chose pour Karavel-Promovacances qui a construit ses cubes OLAP autour des technologies Microsoft SQL Server Reporting et Analysis Services.

» Les plans de continuité d'activité ou la redondance géographique des sites

L'enjeu de la continuité, voire de la reprise d'activité monte dans les directions technique de sites Web. Il s'agit de pouvoir dans le premier cas mutualiser les ressources informatiques sur deux sites géographiques distants. En cas de panne ou d'incident majeur sur l'un des deux sites, l'autre n'est pas affecté et peut prendre le relais.

Ces plans de continuité d'activité s'inscrivent comme la suite logique des politiques d'équipements réalisées par les directions techniques ces 3 dernières années. Tout d'abord, le choix de solution de répartition de charge et la montée des grappes de serveurs. Ensuite, la généralisation des solutions de stockage en réseau (SAN) et des solutions d'archivages sur bandes. Enfin, l'utilisation croissance des solutions de virtualisation serveur, qui permettent une reprise sur incident plus rapide (un serveur type étant défini par un fichier virtuel chargé en mémoire centrale).

Attention toutefois, cette problématique affecte surtout les sites de commerce électronique pour lesquels une panne correspond à un véritable manque à gagner. Dans le cas de sites de services ou de sites médias, la tolérance à la panne est généralement plus forte et ne nécessite pas encore d'envisager de telles solutions.

» Le web collaboratif

Le mouvement du Web 2.0 a affecté logiquement les directeurs techniques de sites Web qui se posent désormais la question de l'intégration de frameworks Ajax, ou de langage XUL dans leur code source. "Nous allons essayer de tester en 2007 ce qu'Ajax peut apporter sur nos sites. Mais pour que nous y ayons recours, il faut qu'il y ait une réelle plus-value. Il s'agit de mettre en place des services qui apportent de la valeur et non de céder aux modes", commentait Karim Djenoubi (Leguide.com).

Le Web 2.0 avait toutefois commencé bien avant que l'appellation existe pour des sites comme ComparHaut où les internautes saisissent les meilleurs prix trouvés. L'utilisation de forums, de blogs ou de pages personnalisées a également touché les voyagistes, à l'instar des médias.

Les sites Web français jouent plutôt la carte de la prudence, et réutilisant les produits connus. C'est par exemple le cas d'Allociné, qui a travaillé avec la plate-forme PHP d'Abricoo. "Nos blogs sont hébergés chez eux, il existe juste une interface de communication entre leurs blogs et nos sites", expliquait à cette occasion Samuel Rohaut. D'autres allient leurs services avec des produits bien connus comme Google Maps ou Google Earth, ou avec les bibliothèques photos de Flick'r. Ces services croisés évitent de développer à nouveau une solution en interne.

» L'Open Source en embuscade

Si l'utilisation de l'Open Source est traditionnellement plus forte dans les directions techniques que dans les DSI de grandes entreprises, il touche désormais également les grands sites Web. La version 5 de MySQL a introduit de nombreuses fonctionnalités propres jusqu'ici aux bases de données robustes comme la gestion des triggers, des procédures stockées, le clustering… Même chose pour les serveurs d'applications comme JBoss ou Tomcat qui atteignent des niveaux de performance comparable à leurs homologues propriétaires.

"Derrière cette contrainte de développement, notre volonté consiste à avoir des API réutilisables", résumait Frédéric Saincy (BestofMicro). Et aussi la possibilité de trouver facilement des fonctions prête à l'emploi mis à disposition de la communauté des développeurs sur Internet. Autre facilité, les directions techniques trouvent plus facilement des compétences Open Source sur le marché de l'emploi. Les migrations des grands sites Web se font toutefois très progressivement, en utilisant d'abord des nouveaux services pour éprouver les technologies avant éventuellement de passer à un déploiement à plus grande échelle.