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ANALYSE
 
21/06/2007

Le papier électronique sonne-t-il le glas des écrans ?

Les constructeurs se tournent vers des solutions d'impression électroniques et boudent les écrans. Autonomie, économie d'énergie et qualité d'écriture ont été considérablement améliorées.
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La fin du papier physique va-t-elle finalement survenir ? Annoncée à la fin des années 1990 avec la sortie des premiers livres électroniques ou e-book, elle n'aura pas eu lieu en raison de multiples problèmes techniques. Depuis 2003, la technologie évolue toutefois très vite pour effacer ses premiers échecs sur des aspects tels que la résolution, la luminosité ou la gestion de la couleur.

Le premier bond technologique concernant le papier électronique concerne la mise au point par la société E-Ink d'une encre spécifique aux besoins de la lecture. Là où l'affichage s'effectuait sur des écrans LCD dans les premiers modèles, provoquant des problèmes de scintillement de l'image et gênant le lecteur de part la luminosité de la matrice active, les nouveaux supports électroniques tentent d'imiter plutôt le format papier et de s'éloigner de la notion d'écran.

Concrètement, l'affichage ne dépend plus d'une alimentation électrique constante pour alimenter des diodes ou un tube cathodique. Le courant sert uniquement à modifier la polarisation de micro-capsules. Ces capsules contiennent des particules et un colorant injecté qui, selon la charge négative ou positive, ressortiront ou non en surface. En alternant par exemple les particules noires et blanches, un texte complet peut être affiché.

 

 
Fonctionnement de l'encre électronique
© E-Ink
 

 

Par le biais de cette technologie, les constructeurs estiment se rapprocher de la qualité d'un affichage papier. Sur une feuille de papier au format A4, le spécialiste E-Ink annonce une précision d'impression qui peut aller jusqu'à 200 dpi (contre 300 dpi pour une impression standard sur papier, mais 75 dpi pour les premiers livres électroniques) et une résolution de 1650 x 2340 pixels. Mais les principaux avantages de ces écrans, dits bi-stable, concernent plutôt la consommation d'énergie et la luminosité.

Des écrans moins gourmands en électricité et plus proches de l'impression que de l'affichage électronique

Avec ce procédé, le papier électronique offre un ratio de contraste de 10:1, et ne nécessite une alimentation électrique qu'au moment de tourner les pages. Mieux, dans le cas d'une feuille unique, l'alimentation électrique peut être complètement déportée sur un équipement externe. Epson a par exemple équipé ses nouveaux prototypes de puces RFID. Moins gourmand que le WiFi en électricité, le RFID permet au papier électronique de se mettre à jour automatiquement à proximité d'un autre équipement RFID.

Quasi-autonome, la feuille électronique se rapproche alors du papier traditionnel. De même, elle peut désormais être transportée en pleine journée sans que le lecteur ne soit ébloui par le soleil, car l'information n'est pas affichée mais imprimée en quelque sorte au contraire des écrans LCD. Une page stockée de cette manière à une durée de vie infinie en théorie. En pratique, la durée de vie dépend de la fiabilité du matériel qui, jusqu'à présent, n'a pu être testé que sous forme de prototype.

 

 
Le modèle Readius à affichage bi-stable © Polymer Vision
 

 

Ce type de papier électronique à technologie d'affichage bi-stable, voit cependant venir la concurrence des nouveaux écrans plats à faible consommation d'énergie (OLED, SED...). Ces écrans proposent un faible temps de réponse, proche des 2 ms, et surtout des couleurs que ne peuvent fournir à l'heure actuelle les écrans bi-stables par exemple le 32 bits, soit 4 milliards de couleurs.

Le cabinet d'études iSuppli estime le marché des écrans bi-stables autour des 350 millions d'unités à l'horizon 2012, contre 29 millions d'unités uniquement en 2007, soit une croissance annuelle de 65%. En valeur, il atteindrait 516 millions de dollars en 2012, contre 78 millions en 2007. A l'inverse, le marché des écrans à affichage OLED représente déjà un volume de 6 milliards de dollars en 2007, et pourrait atteindre 24 milliards de dollars en 2012.

 

 
Feuille électronique souple à affichage bi-stable © Plastic Logic
 

 

Une autre distinction aura a priori lieu entre les feuilles électroniques indépendantes, conçues pour une mobilité totale (encombrement réduit et feuille souple), et les livres électroniques. Des constructeurs comme Sony via sa filiale iRex, ou Philips via Polymer Vision, se sont intéressés au moyen de stocker de l'énergie et des données de manière à rendre le produit le plus autonome possible par exemple pour une consultation d'un livre.

Une concurrence de la part des écrans OLED sur les terminaux mobiles

Aujourd'hui, la plupart des constructeurs travaillent justement sur cette équation encombrement / fonctionnalités. L'objectif étant d'offrir en plus de produits fiables et robustes, des écrans couleurs et interconnectables avec les stations de travail actuelles. Le tout à un prix raisonnable. Pour l'instant, ce dernier objectif n'est pas vraiment rempli, les modèles les moins onéreux comme le Sony Reader débutent à 300 euros.

Des groupes comme Decathlon ou les Echos en France ont déjà franchi le pas de l'expérimentation à grande échelle mais ces opérations restent réservées à un public très restreint. Pourtant les applications ne manquent pas (journalisme, publicité, affichage public, livres, GPS, document PDF ou présentation powerpoint, emails à conserver...).

 
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Si les constructeurs informatiques se pressent pour conquérir le marché, le retard pourrait venir de l'industrie de l'édition et du livre en général, qui doit encore trouver le modèle adéquat de commercialisation de ses contenus sur ces formats électroniques. Des projets en ligne, comme celui de Gutenberg, ont déjà fleuri pour proposer par exemple des banques de livres électroniques gratuits.



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