ANALYSE 14/09/2007 HP, la force tranquille d'un mastodonte informatique
C'est comme ça. En informatique comme ailleurs, certaines entreprises rêvent de la place de numéro 1. Dans le même temps où d'autres mettent tous les moyens en uvre pour la conquérir...ou la conserver. Convoitant ainsi depuis le milieu des années 80 le titre convoité de plus grand fournisseur mondial de PC, HP est en passe de réussir son pari. Au premier semestre 2007 le constructeur a montré les crocs et est même parvenu à détrôner son féroce rival, Dell. Mais alors qu'il est également numéro 1 sur cette période en France et en Europe, ce n'est pas le cas pour le marché américain, qui manque toujours au palmarès du constructeur. Cependant les temps changent, et le dernier bastion historique de la forteresse Dell est désormais sur le point de céder. Alors que son compatriote possède près de 30% de parts de marché aux Etats-Unis - contre 25% pour HP - selon les dernières estimations du Gartner, leurs évolutions sur un an ont de quoi laisser songeur. Ainsi, alors que la part de marché d'HP bondit d'une année sur l'autre de plus de 26%, celle de Dell chute dans le même temps lourdement de plus de 11%.
Cette agressivité pour gagner à tout prix du terrain sur ce marché hyper concurrentiel qu'est celui de la vente de PC porte en tout cas ses fruits et se traduit directement dans les comptes du groupe. Ainsi, en deux ans, le chiffre d'affaires du constructeur n'a t'il pas grimpé de 15% et son résultat net ne s'est-il pas envolé de presque 80% ? Cela étant, sur l'année 2006, HP demeure malgré tout derrière son principal rival en termes de nombre de PC vendus. Mais avec seulement 21 000 pièces d'écart - sur plus de 38 millions de machines vendues - HP devrait en 2007 ravir la première marche du podium. Fondée par Bill Hewlett et Dave Packard en janvier 1939, HP (alors Hewlett Packard), n'aura en fait jamais eu de cesse que d'aller de l'avant en procédant à des séries de rachats, toujours plus nombreux, toujours plus ambitieux...non sans en payer parfois les pots cassés.
Ainsi, après la méga fusion réalisée en 2002 avec Compaq pour la bagatelle de 25 milliards de dollars, le groupe a été en proie à des divergences internes quant à la stratégie que devait mener le groupe. Des difficultés qui auront finalement abouti à la démission, en 2005, de Carly Fiorina, sa présidente. Contraint de se séparer de près de 15 000 employés au milieu des années 2000 afin de satisfaire ses actionnaires et redresser sa rentabilité, la société a tout de même réussit à se sortir de cette spirale de l'échec, en procédant à de nouvelles séries de rachats. Que d'aucun cette fois auront jugé plus judicieux. En plein cur de l'été 2006, HP jette ainsi son dévolu sur l'éditeur de solutions de tests logiciels Mercury Interactive pour 4,5 milliards de dollars (lire l'article du 27/07/2006). Et plus récemment, HP met la main sur Opsware et Neoware pour 1,8 milliard de dollars, lui permettant de se renforce sur le terrain du client léger et de l'automatisation de centres de données (lire l'article du 26/07/2007 : HP lancé à plein régime dans la course folle aux acquisitions).
Revigoré par ces acquisitions stratégiques, le groupe se sent aujourd'hui prêt à amplifier son développement. Et les dirigeants d'HP d'annoncer dans la foulée l'embauche de plus de 10 000 nouveaux collaborateurs dans le monde sur les 140 000 collaborateurs que comptent le groupe. Mais le métier d'HP ne se résume pas pour autant uniquement à la vente de PC. Loin s'en faut. Ainsi, la vente de services contribue aujourd'hui pour près de 25% des revenus du groupe, tandis que la société demeure un concurrent de poids dans le domaine des solutions de stockage sur disque externe à contrôleur intégré. Un marché où le cabinet d'études Gartner le positionne 3ème.
Enfin, autre secteur où l'entreprise se révèle être un leader naturel : l'impression. Et avec une part de marché de près de 43% sur le 1er semestre 2007, les dirigeants d'HP ont de quoi se frotter les mains. Mais cette situation de position dominante ne doit rien au hasard : en 2006, la société a investi 1,6 milliard de dollars en R&D, notamment dans sa technologie Inkjet. Depuis longtemps éventé, mais toujours d'actualité, la recette du succès semble plus que jamais reposer sur deux ingrédients : une bonne dose d'investissements et un zeste d'audace.
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