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Analyse
 
02/10/2007

Le Kenya, future Silicon Valley d'Afrique noire ?

Grands chantiers d'infrastructure, zones franches... le Kenya s'est lancé dans une politique ambitieuse en faveur des nouvelles technologies. Son objectif : s'imposer comme un centre de services offshore.
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Calé entre l'Ethiopie au nord, la Tanzanie au sud, la Somalie à l'est et le Soudan et l'Ouganda à l'ouest, le Kenya affiche une superficie de 580 000 kilomètres carrés. Colonie allemande puis britannique, le pays est aujourd'hui une démocratie qui compte 34 millions d'habitants. Sa capitale : Nairobi.

Après l'agriculture, avec notamment le thé et le café, ainsi que la culture vivrière, la production hydroélectrique des barrages de Kiambare et de Turkwell constitue la plus grande richesse industrielle du pays. Le Kenya vit aussi du tourisme et, dans une moindre mesure, de l'industrie minière. Son produit intérieur brut s'élève à 555,8 dollars par habitants (chiffre OCDE 2005) - contre 30 000 dollars pour la France (2005).

Comme la plupart de ses voisins, le Kenya a vu les nouvelles technologies de l'information (TIC) n'apparaître que tardivement. Mais, depuis 2004, il semble bien qu'un mouvement politique se fasse sentir dans cette direction. Le gouvernement kenyan a en effet initié une série de mesures de promotion des TIC, en ciblant notamment le créneau de l'externalisation de processus métier. En ligne de mire, la volonté de faire du pays un centre de services offshore.

Plusieurs actions ont été annoncées dans cette direction. D'abord l'instauration d'une réglementation sur la sécurité et la confidentialité des données informatiques. Ensuite, la privatisation de l'opérateur historique (Telkom Kenya) et l'attribution de licences à des acteurs privés. Enfin, l'amorce d'un chantier de modernisation de l'état et une politique en faveur de la formation et de l'enseignement supérieur technique.

Alors que la téléphonie mobile atteint 7,4 millions de clients, avec à la clé l'apparition de services évolués, comme Edge et la VoIP, le gouvernement entend ainsi rattraper le retard accumulé sur le terrain de la téléphonie fixe - qui se limite à 280 000 abonnés.

7,4 millions de clients pour les opérateurs mobiles, et 2,7 millions d'internautes

Des concurrents de Telkom Kenya ayant déjà fait leur apparition, Bell Western pour la téléphonie fixe et et Celtel Kenya (Celtel International) pour le mobile, l'opérateur national se prépare déjà à négocier son virage. Une mutation qui devrait se traduire par la suppression de 12 000 emplois. Le groupe s'est donc lancé dans la diversification de son offre. Au programme : le développement de prestations autour de la fibre optique, le VSAT, le CDMA... ainsi que la VoIP.

Pour Telkom Kenya, la VoIP est d'autant plus stratégique qu'elle représente le principal marché émergent au Kenya dans les télécoms. Une tendance qui s'explique par le faible coût de ce type de solutions. Dans ce domaine, les attributions de nouvelles licences vont bon train. Une trentaine de FAI proposent déjà leur service. Parmi eux figurent AfricaOnline, InterConnect, Uunet, Flashcom ou encore SwiftGlobal. En mai 2007, on comptait 2,7 millions d'internautes au Kenya, opérant principalement depuis l'un des 2 000 cybercafés du pays, et 320 000 abonnés à Internet.

De plus en plus de fournisseurs d'accès proposent des services d'hébergement, et des sociétés spécialisées dans le développement et la maintenance de systèmes ont en outre vu le jour. La volonté des politiques est de promouvoir le dynamisme de ce secteur émergent.

La principale arme du gouvernement réside dans deux grands projets d'infrastructure : EASSY (Eastern African Submarine Cable System). Estimé à 100 millions de dollars, ce chantier a pour but de relier les villes de Mombasa au Kenya et de Fujairah aux Emirat Arabes Unis. Autre initiative : un soutien au projet TEAMS (The East African Marine System) qui vise à créer un backbone sous-marin, longeant la côte est de l'Afrique, de l'Afrique du Sud au Soudan. Ces infrastructures, qui doivent être achevées d'ici fin 2008, permettront de réduire le coût des communications internationales, principal frein au développement d'une économie offshore.

 
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A ce premier axe s'ajoute la mise en place de zones franches pour faciliter l'implantation de sociétés de services. Les arguments en faveur de ce type d'activité sont nombreux : présence d'une main d'œuvre diplômée et anglophone, et un fuseau horaire compatible avec l'Europe.

Car c'est bien là l'objectif final de la politique initiée par le gouvernement : faire du Kenya un centre offshore au même titre que l'Inde. Le retour d'expérience de la société kenyane Kencall montre que ce rêve pourrait bien devenir réalité. Positionnée sur la prestation de centres d'appels à destination des entreprises européennes et américaines, elle exploite pour l'heure une liaison par sattelite (7 000 dollars par Mb par mois).

 


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