Grèves : les acteurs du monde informatique s'organisent

A l'occasion de la grève dans le secteur des transports, les sociétés informatiques s'organisent et mettent la technologie au service des salariés. L'équipement aussi bien en entreprise que chez les particuliers aide alors à minimiser l'impact de des mouvements sociaux sur les salariés et les entreprises.

Par exemple, chez Business & Decision une grande partie des équipes de production travaille à distance. «Le télétravail réclame bien sûr une attention supplémentaire au niveau du suivi, surtout dans ces conditions. Mais les outils sont là. Nous mettons à disposition sur notre extranet des outils de suivi de source, d'exploitation des serveurs à destination des équipes de développements», déclare Eric Magneron, responsable de l'activité e-business chez Business & Decision.

Même chose coté constructeur informatique. «70% du parc informatique de notre entreprise est composé de PC portables, car nos collaborateurs se retrouvent régulièrement en situation de mobilité. Ensuite, nous mettons à disposition tous les outils et applications qu'ils auraient eu au bureau. Par exemple, tout le monde a la possibilité de se faire installer un client VPN sur son PC portable ou un PC de bureau», affirme Matthew Foxton, directeur de la communication du groupe Bull.

«Par ailleurs, pour nos salariés en situation de mobilité ou en cas d'évènements exceptionnels comme la grève des transports, nous avons à notre disposition un réseau WiFi par lequel il est possible d'établir une connexion VPN à distance. Dans le même ordre d'idée, nous sommes en phase de déploiement de cartes 3G pour certains collaborateurs. D'autre part, il y a 18 mois maintenant nous avons commencé un projet de mise à disposition de BlackBerry», ajoute Matthew Foxton.

La téléphonie sur IP, elle aussi, a commencé à rendre service. Sur les PC portables d'entreprises, le collaborateur hors de son bureau peut réceptionner ses appels à distance, recevoir ses mails et être en communication avec ses collègues. Chez Keyrus par exemple, un accès par Webmail à son compte de messagerie a été proposé aux collaborateurs travaillant à distance.

Pour les équipes sous contrainte, des procédures de remontées d'alertes par escalier et de prise de contrôle à distance simplifient également le travail. Mais il reste des tâches pour lesquels la présence humaine est nécessaire en informatique, et que la grève des transports fait alors ressortir. «Certains métiers nécessitent d'être présents, principalement dans l'infrastructure, l'exploitation, la production, la sécurité. En interne, le directeur informatique avait prévu et organisé à l'avance des astreintes», souligne Soumia Malinbaum, directrice des Ressources humaines de Keyrus.

Par ailleurs, certains systèmes d'habitude réservés à des prestations clients se retrouvent aussi exploités par les entreprises et leurs salariés. «D'ordinaire, nous fournissons déjà à nos clients en région des accès au réseau par VPN et des systèmes de télé-conférence. Ces systèmes là ont pu être utilisés pour organiser des réunions malgré tout ce jour là avec des équipes dont les membres travaillaient de chez eux. De même, nous avons prêtés certains PC portables utilisés par l'équipe informatique d'ordinaire», explique Nathalie Choux, directrice des ressources humaines de Micropole-Univers.

C'est aussi sans compter le déploiement de plus en plus courant de PDA / téléphone DECT, 3G ou WiFi auprès des populations informatiques. Les connexions Internet et les PC des particuliers permettent aussi de délivrer à distance plus de ressources que par le passé. Reste le problème pour les entreprises informatiques de sécuriser les données qu'elles mettent à disposition. Sans compter les collaborateurs en déplacements chez les clients.

«Il est très difficile de poursuivre un projet au forfait pour un client à distance. Ca peut se faire sur quelques jours, mais sans aller plus loin. D'abord parce que certains clients ne donnent pas accès à Internet depuis l'extérieur parce que leurs données s'avèrent confidentielles. D'autres part, certains projets particulièrement critiques en termes de dates ne peuvent tout simplement pas être décalés», analyse Soumia Malinbaum (Keyrus).

Dans le cas de salarié en clientèle, la discussion s'effectue d'abord à deux entre le salarié et le client, puis passe au besoin par l'intermédiaire de la RH si des aménagements sont nécessaires. «Certains collaborateurs ont par exemple pu se concentrer sur la rédaction de documents, une tâche qui s'effectue bien à distance. Pour d'autres, nous avons inversé leur planning entre la présence en clientèle et au siège», indique Nathalie Choux (Micropole-Univers).

Outre le taxi ou l'hôtel qui par exemple ont été des solutions pour certains salariés chez Micropole-Univers, les SSII et les clients ont parfois adaptés leurs horaires au bureau. De même, sur l'intranet la plupart ont mis en place un système de covoiturage sur un simple document partagé ouvert à tous. Chez Keyrus, le co-voiturage s'est même étendu à tous les collaborateurs d'un même bâtiment.

Cependant, chose assez étonnante les mentalités restent encore parfois très fermées au travail à distance, même dans le secteur informatique qui pourtant bénéficie de tous les outils nécessaires pour le faciliter. «Si je peux me permettre, étant anglo-saxon, je constate que les entreprises françaises sont un peu en retard dans l'acceptation de la notion de télétravail, sur la qualité des tâches effectués de cette manière, et sur la qualité de vie que cela permet au salarié», confirme Matthew Foxton (Bull).

De même, les applications hébergées et les services de travail collaboratif en ligne restent quant à eux relativement peu utilisés par les sociétés informatiques pour le moment.

Une initiative à signaler : pendant la grève, le CNIT avait mis à disposition de ses visiteurs des navettes gratuites dès le 13 novembre 18h et jusqu'au 15 novembre pour transporter les visiteurs et exposants des salons, forums et autres évènements professionnels IT organisés à cette période.