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19/02/2008

Le matériel informatique libre sort de l'ombre

Jusqu'ici confiné aux composants, le matériel libre pourrait devenir une notion adoptée par le grand public. Les projets ne manquent pas. La réussite en revanche n'est pas encore au rendez-vous.
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Hardware Open Source, où en est on ? Cette antienne souffre de l'explosion ces dernières années du logiciel libre, popularisé tant au niveau du grand public que des entreprises. Alors que le modèle économique des logiciels libres peut sembler sur la voie de la pérennisation, celui du hardware libre ne rencontre pas le même entrain médiatique.

 

Richard Stallman, apôtre du Libre, voyait dès 1999 dans le hardware libre un exemple frappant de la différence que beaucoup ont du mal à faire encore aujourd'hui entre le Libre et le gratuit. "Un matériel libre est un matériel dont il est légalement possible de reproduire le design et la conception sans que des licences payantes d'utilisation s'appliquent", expliquait alors Stallman. En revanche, la construction d'un tel objet, d'un point de vue physique, aura toujours un coût. "Si ce n'est celui de la main d'œuvre, au moins celui des matériaux physiques", concluait Stallman. D'où la gratuité impossible d'un matériel libre.

 

G. Seaman, le webmaster d'Opencollector.Org, donne lui sa définition du matériel libre comme suit : L'interface du matériel doit être rendue publique, et ce de manière à rendre libre son utilisation. Le design du matériel doit être rendu public. Les outils utilisés pour créer le design devraient être libres, de manière à permettre à d'autres de développer et améliorer le design.

 

Documentation ouverte

 

 

L'idée d'une documentation ouverte a pourtant provoqué par le passé quelques initiatives. Les processeurs Sparc de Sun ont une documentation libre depuis longtemps, mais la demande pour une telle technologie reste faible. On citera également le projet Simputer, alternative indienne au PC, une sorte de PDA qui n'a jamais connu le succès escompté. Pour favoriser sa diffusion, ses concepteurs ont placé les spécifications matérielles sous Simputer General Public Licence (SGPL), une licence inspirée par la licence GPL.

 

Neuros Technology International (NTI) pourrait peut être changer la donne et mettre le matériel libre au premier plan avec le lancement récent du Neuros OSD (pour Open Source Device), un enregistreur multimédia qui permet le transit de flux numériques en provenance de différentes origines et donne également la possibilité de diffuser ce flux sur divers appareils, du PC au téléviseur.

 

"Pour le côté hardware, on vous fournit les schémas électroniques pour refaire la carte (à base de composants standards du commerce), Ce qui revient à l'idée de départ d'Openhardware.net ", explique Patrick Kadionik, Maître de Conférences à l'ENSEIRB.

 

De fait, la société donne toute la documentation technique de ce produit à tout développeur la demandant, afin d'ajouter des fonctionnalités supplémentaires, bien entendu à condition de livrer les modifications à la communauté. C'est le même modèle que celui des logiciels libres.

 

"C'est confidentiel parce qu'il s'agit d'un travail invisible pour le public"

Pour environ 200 euros, le prix de la machine, il est possible la modifier à sa convenance. L'entreprise basée à Chicago souhaite ensuite que les modifications effectuées sur la machine soient également documentées de manière à ce que ces modifications soient accessibles au plus grand nombre.

 

Par ailleurs, les logiciels utilisés dans la machine sont tous Open Source, basés sur Linux. Ces logiciels sont également modifiables et adaptables. Un utilisateur a dans ce contexte développé un programme qui permet de regarder les vidéos du site en ligne ou directement sur une télévision.

 

"On parle beaucoup de logiciel libre, mais je préfère parler du Libre au sens large, qui recoupe les cours libres, et le matériel libre également ", explique Patrick Kadionik.

 

Ce chercheur qui travaille sur les systèmes embarqués trouve pourtant pour sa part des applications quotidiennes du matériel libre dans son activité. "Le matériel libre est utilisé dans les systèmes embarqués. Dans ce secteur, on utilise beaucoup les composants programmables, les composants FPGA. Au lieu d'avoir un port série, un port USB, on intègre tout dans un composant programmable où des blocs représentent des fonctionnalité, développées en langage textuel, du VHDL en Europe et du Verilog aux Etats-Unis ".

 

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Un domaine des plus "underground" qui attire peu le public et les médias favorables aux logiciels libres. "C'est confidentiel parce qu'il s'agit d'un travail invisible pour le public. C'est un travail assez ingrat de ce point de vue là. Mais on trouve des FPGA dans les Playstation par exemple, sous la forme d'accélérateur matériels ", précise le chercheur. Et de conclure en précisant que les personnes intéressées par ce type de projet peuvent se rapprocher d'une petite communauté active sur des sites tels que fpgacpu.org, opencollector.org, opencores.org, ou encore openhardware.net.

 

 


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