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Didier Lambert
Président
Cigref |
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Didier Lambert
"Les grandes entreprises travaillent avec des progiciels mais peu, très peu d'ASP"
Formation, logiciels libres, discussions avec les salariés : autant de tâches sur lesquelles se concentrent les efforts du Cigref, tout en gardant un regard critique sur l'évolution des SI des grands comptes.
14/09/2006 |
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JDN
Solutions. Quel est le rôle du Cigref ?
Didier Lambert. Il est triple. D'abord, l'appartenance à une communauté ; le Cigref est un lieu privilégié d'échanges entre les DSI. Ensuite,
l'intelligence du métier par le biais d'échanges sur les outils, méthodes, normes et référentiels. Enfin, le Cigref dispose d'une influence auprès des acteurs de l'informatique que ce soit les partenaires, les fournisseurs ou les pouvoirs publics.
Quels seront les thèmes de travail du Cigref en 2007 ?
D'abord les ateliers "CIGREF 2010" et un accent particulier sur trois thèmes : l'utilisation en entreprise des travaux effectués depuis trois ans, la réconciliation entre l'usage privé et l'usage professionnel, l'apport des DSI à l'innovation en entreprise.
Le Cigref a t-il un poids vis-à-vis de la politique commerciale des grands fournisseurs informatiques ?
On essaye ...avec plus ou moins de succès, par exemple à travers la charte commune avec le Syntec qui définit les bonnes pratiques contractuelles. A ce titre, nous avons travaillé sur l'allongement des délais de support des produits Microsoft, les nouveaux contrats de licences basés sur des indicateurs économiques .... Mais beaucoup reste à faire et notre influence sur les décideurs américains (au hasard) est limitée ...d'où notre adhésion à EuroCIO qui représente un potentiel plus important et donc plus d'écoute.
Mis à part le Syntec, entretenez-vous des relations avec des syndicats ou des associations professionnelles dans l'informatique ? (syndicats de salariés, logiciels libres, Munci...) ?
Le Cigref est une association d'entreprises, pas d'individus et nous avons des relations avec les pouvoirs publics ( français et européens ) l'AFAI, le SYNTEC, des écoles et universités ( HEC, Mines, Grenoble...) mais pas avec les syndicats ( ce n'est pas notre rôle ). Pour les communautés du libre, à mon humble avis, ce n'est pas assez et nous allons renforcer cela en 2006 2007.
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 La mondialisation doit profiter à tous et les asiatiques ont des cerveaux comme les européens" |
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A l'image de votre prédécesseur au Cigref, vous avez expérimenté l'offshore dans votre groupe, ce qui n'est pas sans conséquences ne serait-ce qu'en terme d'image... De plus en plus d'entreprises regrettent ce choix aujourd'hui (délais rallongés, économies beaucoup moins fortes qu'attendues...) et, parfois réinternalisent. Quelle est désormais la position du président du Cigref ?
Le Cigref n'a pas de position officielle sur l'offshore, le président a une position personnelle : la mondialisation doit profiter à tous et les asiatiques ont des cerveaux comme les européens. Je n'ai jamais pratiqué l'offshoring dans une optique de réductions des coûts mais bien comme faisant partie de la stratégie de développement de mon entreprise. En Asie et jusqu'à présent je n'ai pas connu d'échecs.
Votre nomination à la tête du Cigref est relativement récente (fin juin - début juillet). Comment se sont déroulés ces premiers mois ?
Recueil d'informations, discussions avec les salariés, et avec les administrateurs, mise en exergue des points clés ..... Et préparation de l'assemblée générale du 10 octobre qui est le grand évènement de toute association.
La composition du Cigref est-elle amenée à évoluer dans les mois à venir, au cours d'une prochaine assemblée ?
Les adhérents sont très stables en gros les 120 plus grandes entreprises françaises et cela ne devrait pas changer beaucoup. En revanche de nouveaux administrateurs, de nouveaux vice-présidents et de nouveaux chantiers, oui !
Le Cigref s'implique-t-il dans la politique de formation (initiale et continue) des futurs professionnels du secteur ?
J'étais ce matin avec l'école de management de Grenoble car nous avons des cursus définis en commun. Nous avons aussi, comme je l'ai dit, des relations avec des masters ou des doctorants ...pour ce qui est de bouger l'éducation nationale j'essaierai...
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J'essaierai de bouger l'éducation nationale" |
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A l'heure où les grands comptes externalisent et sous-traitent de plus en plus leurs applications informatiques vers les SSII, ne pensez-vous pas que la Charte Cigref-Syntec devrait prendre en compte des problématiques plus sociales qui intéressent de nombreux informaticiens : non-discrimination des seniors, limitation voire interdiction de la sous-traitance en cascade, encadrement de la régie pour éviter les délits de marchandage, non facturation de prestataires stagiaires...etc ?
Le Cigref n'est pas le ministère du travail ni le syndicat des informaticiens ..mais nous encourageons l'évolution des métiers vers plus de professionnalisme : forfait plutôt que régie, externalisation plutôt que sous-traitance car nous pensons que tout le monde doit gagner à faire émerger les métiers de l'informatique.
Que pensez-vous des référentiels de bonnes pratiques type ITIL, COBIT ou CMMI ? Est-il essentiel de se positionner dessus ou formaliser ses propres méthodes peut être suffisant ?
Les référentiels sont de mauvais maîtres mais de bons serviteurs ( proverbe chinois ? ). ITIL et CMMI fournissent un langage commun et je suis 100% pour mais le travail de réappropriation doit être fait dans chaque entreprise autrement cela ne sert à rien !
Quel est le rôle d'un DSI dans une informatique de plus en plus dominée par les modèles hébergés ?
Oh là là ! Tout ça ne marche pas tout seul et dans les grandes entreprises on travaille avec des progiciels mais peu, très peu d'ASP ! Et puis les meilleurs instrumentistes du monde auront toujours besoin d'une partition (la stratégie de l'entreprise) et d'un chef d'orchestre ! Ok, on peut faire un trio de jazz à l'oreille mais pas une symphonie de Beethoven.
En tant que DSI, êtes-vous confronté a la crise dont parle les SSII sur certaines compétences ? (Mainframe notamment)
Non mais je n'ai plus de mainframe. Il y a peut-être un message marketing derrière cette prétendue (ou réelle je ne sais pas) crise.
Au delà du buzz, les grands comptes réalisent-ils ou envisagent-ils des projets d'entreprise autour de produits Open Source comme Liferay, Alfresco, SpagoBI, Compiere... ?
Honnêtement je ne connais aucun de ces produits ce qui répond à la question ! Honte sur moi, mais visiblement le marketing de l'Open Source n'est pas (encore) aussi efficace que celui des éditeurs de logiciels propriétaires. Plus sérieusement, au Cigref, nous savons que 2007-2010 sera la période de maturité des offres Open Source et un des grands défis pour les DSI sera de savoir monter dans le train.
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Visiblement le marketing de l'Open Source n'est pas (encore) aussi efficace que celui des éditeurs de logiciels propriétaires" |
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A quand l'adoption d'OpenOffice et Firefox dans les grands comptes ?
Quand la cohabitation entre les architectures en place et ces nouvelles (et pas seulement ces produits là mais aussi plein d'autres) ne posera pas de problèmes, que nous pourrons garantir à nos utilisateurs au moins le même service que celui qu'ils ont maintenant avec les vieux outils Microsoft ... et que nos équipes connaîtront aussi bien ces technologies ! Donc entre 2007 et 2010 me parait un bon pari.
SOA / Web Services : c'est vraiment une réalité chez les grands comptes ?
Pour les Web services, je réponds OUI et partout. SOA : on le faisait déjà avant qu'un marketeur trouve le nom.
L'informatique des grands comptes est-elle réellement différente du SI des PME aujourd'hui ?
Oui .. Et pas forcément dans le bon sens. Le danger pour tous les grands groupes c'est la complexité et la difficulté de changer des organisations complexes ... mais sans la météorite les dinosaures régneraient sur la terre, donc oui l'évolution est plus difficile mais les moyens sont tellement plus importants.
Chez Essilor, comment dirigez-vous l'informatique de vos filiales et sites français ?
Je réponds pour Essilor monde ( 30 000 personnes dont seulement 3 500 en France ). Pour l'infrastructure ce n'est pas optionnel : le groupe décide et les pays implantent. Pour les applications, la DSI doit vendre des solutions au métiers et parfois elle perd.
Pourquoi avez-vous voulu être président du Cigref ?
J'adore mon métier , je suis DSI depuis 22 ans et il y a tellement de choses à faire. Le Cigref est et sera un élément clé dans l'amélioration de la compétitivité des entreprises françaises et je suis patriote économique, donc je vais essayer de faire passer quelques idées dans ce magnifique haut-parleur !
Avez-vous un Blackberry ? Un ordinateur portable ? 3 écrans ?
J'ai un portable, un smartphone avec push mail et synchro d'agenda et de contacts, un abonnement triple play, un iPod 30 Go... et quelques montres mécaniques. J'ai eu un Black et je l'ai rendu : je devenais asocial !
Merci à tous.
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Propos recueillis par Yves DROTHIER, JDN Solutions |
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PARCOURS
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Didier Lambert, 59 ans, est président du Cigref (Club informatique des grandes entreprises françaises) depuis juillet 2006. Il occupait précédemment la place de vice-président du Cigref. Didier Lambert est par ailleurs directeur des systèmes d'information chez Essilor.
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