Hélène Caraux (OVH) "Nous comptons quadrupler le nombre d'utilisateurs de notre Cloud public en un an"

Qui utilise le IaaS public d'OVH, et comment ? Quel bilan l'hébergeur fait-il d'une des rares offres françaises qui peut être comparée aux AWS d'Amazon ? La chef de projet livre ses conclusions.

JDN Solutions. OVH propose désormais deux offres IaaS : l'une de type Cloud public comme celle d'Amazon Web Services, l'autre de type Cloud privé. Quel bilan peut-on faire de ces offres ? Qui les utilise, et comment ?

Hélène Caraux. OVH propose depuis janvier 2011 "Private Cloud", une offre de Cloud privé. Le IaaS de type Cloud public baptisé "Cloud" est plus récent, et existe de son côté depuis décembre dernier. L'offre de Cloud privé enregistre désormais chaque mois 100% de croissance annuelle, et même si c'est encore un peu tôt pour faire un bilan de l'autre offre, la tendance est aussi bonne.

L'offre de Cloud public cible surtout les PME et les développeurs. D'ailleurs, ce n'est pas un hasard si le site d'OVH montre des lignes de commande pour présenter cette offre : nous ciblons des personnes pouvant les comprendre. C'est d'ailleurs les développeurs qui en sont les principaux utilisateurs. Ils peuvent ainsi louer les instances dont ils besoin et les activer chaque matin. Pendant la journée, ils peuvent ainsi réaliser des tests, des développements, simuler des montées en charge... Ils éteignent ensuite les instances le soir après leur journée de travail : la facturation est à l'heure.

Des sites Internet peuvent aussi utiliser la flexibilité du Cloud public d'OVH pour une campagne courte, de dix jours par exemple. Auparavant, il aurait fallu s'engager sur un an. Désormais le site client paye ce qu'il consomme, et peut ne plus être facturé après. C'est d'ailleurs finalement l'une des principales différences, aujourd'hui, avec le Cloud : nos clients n'ont plus à s'engager. Ils maîtrisent la durée de l'engagement, et le Cloud leur propose des instances jetables.

De son côté, l'offre de Cloud privé cible à la fois les grands comptes et les PME. Des SSII ont montré leurs intérêts. L'une d'elle, une PME, utilise par exemple cette offre de datacenter virtualisé pour proposer une offre de bureau à distance.

Autre client de notre offre de Cloud privé que je peux citer : konbini.com. Ce site de streaming de vidéos de concerts encaisse souvent de sérieuses montées en charge, mais ses contenus doivent toujours être accessibles. Notre Cloud privé comble ses besoins en scalabilité : les ressources CPU et RAM dont il a besoin peuvent être ajoutées simplement et facilement, presqu'automatiquement, en un simple clic. Auparavant, une telle flexibilité n'était pas possible. Aujourd'hui, la facturation est aussi très différente, plus proche de ce qui a été consommé et de ce dont le client a réellement besoin.

"Notre but est de devenir un acteur du Cloud incontournable en France et dans le monde."

Sur le terrain du Cloud public, quels sont vos principaux concurrents en France ? Vos rivaux sérieux sont des opérateurs, comme SFR ou Orange, ou comme vous, des hébergeurs, tel Claranet ou Ikoula notamment ? (voir notre panorama "Cloud Computing : comparatif des offres IaaS présentes en France") 

Honnêtement, en France, je ne vois pas de concurrents frontaux à notre offre de Cloud public, proposant une solution qui permet d'activer des instances en 4 minutes après les avoir payé par carte bleue en ligne. Notre approche diffère de celles des opérateurs que vous avez cités : pour accéder à notre offre, il n'y pas besoin de passer par un conseiller commercial, contrairement aux solutions de ces opérateurs.

Quant aux hébergeurs, je ne connais pas toutes leurs offres en détails, mais j'attire juste l'attention sur une autre caractéristique de notre offre qui n'existe pas toujours chez d'autres hébergeurs : l'allocation dynamique de ressources ou l'auto provisionning, qui peut s'activer lorsque l'instance est utilisée à 80%. Chez d'autres offres, les VM ne s'adaptent pas à la charge automatiquement. Notre modèle est celui d'Amazon AWS.

Quelles perspectives et feuille de route pour ces offres?

Dans les jours qui viennent nous allons proposer la brique stockage, comme celle qui est appelée S3 chez Amazon. Ensuite, nous allons bientôt proposer aux clients de choisir la localisation des instances louées. Aujourd'hui, elles se situent à Roubaix, mais dans quelques mois, il sera possible de choisir d'autres lieux, en France ou ailleurs...
 

Nous prévoyons également de mettre en place un catalogue d'instances préconfigurées et déjà utilisées par les utilisateurs. Ces derniers pourront donc partager leurs images, qui seront accessibles et proposées via la console d'administration du Cloud.

Enfin, nous voulons proposer aux clients de conserver leur adresse IP sur leurs instances. La piste des partenariats est aussi en réflexion. Quant à Hadoop, pour l'instant, nous regardons.Notre but est de devenir un acteur du Cloud incontournable en France et dans le monde. D'ici un an nous comptons bien doubler le nombre des clients de notre offre de Cloud privé, et quadrupler celui des utilisateurs de notre offre de Cloud public.

Hélène Caraux est chef de projet Cloud chez OVH.