SAP ou la mutation forcée d'un géant du progiciel vers le cloud

SAP ou la mutation forcée d'un géant du progiciel vers le cloud Acquisitions d'Ariba et de SuccessFactors, partenariats avec Amazon et multiplication des offres cloud : le spécialiste de l'ERP sort de sa zone de confort sur le on-premise pour attaquer le marché du cloud. Un pari risqué mais nécessaire.

L'avenir du logiciel se joue dans le cloud. SAP, éditeur historiquement positionné sur le marché du progiciel de gestion intégrée (ERP) a fini par le comprendre. A tel point qu'aujourd'hui il compte faire de cette activité un moteur de sa croissance et espère atteindre un chiffre d'affaires de 2 milliards d'euros dans le cloud dès 2015, contre 800 millions d'euros aujourd'hui.

Pour répondre à cette nouvelle ambition, SAP n'y est pas allé par quatre chemins et a privilégié une voie royale pour une entreprise (quand son niveau de trésorerie le permet) : la croissance externe. "SAP aurait pu développer des applications dans tous les domaines du cloud mais cela aurait pris trop de temps", explique Didier Mamma, directeur pour la France des activités data et technologies chez SAP.

Pourtant, SAP a bien tenté de pénétrer le marché du cloud par ses propres moyens. Dès 2007, en lançant Business ByDesign, un ERP en SaaS ciblant les PME et les entreprises du middle-market, mais qui n'a jamais véritablement percé et sur lequel, d'ailleurs, l'éditeur peine à s'exprimer en toute transparence.

2012, année du virage vers le cloud pour SAP

"Les entreprises ont compris l'avantage d'utiliser Business ByDesign et la mayonnaise prend en cette fin d'année auprès des filiales de grandes entreprises qui sont de plus en plus nombreuses à s'équiper", raconte Didier Mamma, sans toutefois fournir de chiffres précis.

2012 apparaît donc plus que jamais l'année du virage vers le cloud pour SAP, un modèle de ventes plus risqué que le on-premise en termes de prévisibilité de la récurrence des revenus. Après une série d'acquisitions pour le moins coûteuses (3,4 milliards de dollars pour SuccessFactors et 4,3 milliards de dollars pour Ariba), d'autres pourraient cependant suivre "sur des technologies ciblées", souffle-t-on du côté de SAP.

"Les clients français sont toujours plus sceptiques que les autres sur le cloud" (Didier Mamma - SAP)

Mais l'éditeur allemand d'ERP, qui table toujours sur une forte croissance de son chiffre d'affaires issu de la vente de progiciels on-premise dans les pays émergents et d'Europe de l'Est, compte aussi d'autres flèches à son arc de la diversification vers le cloud. 

L'une d'entre elles est à voir du côté d'Amazon, et plus particulièrement des différents partenariats technologiques signés entre SAP et le géant du cloud. En 2011 tout d'abord avec l'annonce faite par SAP de porter une première partie de son catalogues d'applications (CRM, Business Objects...) dans le cloud d'AWS. Mais surtout cette année avec les arrivées attendues de sa solution analytique HANA One et de sa Business Suite qui peuvent désormais toutes deux être mises en production sur des instances EC2.

Des résultats dans le cloud surtout issus de la stratégie d'acquisitions

Les résultats ont-ils été au rendez-vous ? Une nouvelle fois, SAP se montre plutôt discret quand il s'agit d'avancer le nombre de clients ayant franchi le pas vers ses solutions motorisées par le cloud Amazon.

"Nous n'avons pas de chiffres tangibles à communiquer. Ce que l'on peut vous dire c'est que certains pays sont plus en retard que d'autres et que c'est notamment le cas de la France par rapport aux Etats-Unis. Les clients français sont toujours un peu sceptiques par rapport au cloud, mais pas seulement par rapport aux solutions cloud de SAP. Toute chose égale par ailleurs, on constate que Salesforce a également plus de mal à pénétrer le marché français que d'autres marchés", explique Didier Mamma.

Pour le moment, le chiffre d'affaires de l'activité cloud de SAP est donc largement tiré par ses opérations de croissance externe, plus que par le recentrage de ses offres historiques dans le cloud. Qu'à cela ne tienne, SAP compte aussi sur d'autres leviers pour tirer sa croissance.

Au premier rang desquelles la mobilité, avec notamment un coup de fouet au développement de sa boutique d'applications en ligne SAP Store pour permettre de développer des applications prêtes à l'emploi à la manière d'un certain Force.com. SAP ne compte toutefois pas faire l'impasse sur ce qui était jusqu'à maintenant son cœur de métier, à savoir l'ERP on-premise.

"Nous ne cherchons pas à favoriser plus nos solutions cloud que nos solutions on-premise. Notre trajectoire est avant tout de nous concentrer sur la réponse aux besoins du client. Le cloud n'est qu'un mécanisme de consommation parmi d'autres de la ressource informatique et nous nous devons d'être présents partout où nos clients nous attendent", conclut Didier Mamma.