A quoi va ressembler le nouvel ensemble Dell-EMC

A quoi va ressembler le nouvel ensemble Dell-EMC En s'offrant EMC, Dell donne naissance à un groupe géant, qui va peser lourd, surtout sur le marché du stockage. Certaines activités pourraient toutefois être restructurées.

C'est désormais officiel, Dell est en train de s'offrir EMC pour un montant record : 67 milliards de dollars. C'est à l'automne 2013 que Dell est sorti de la bourse : depuis cette date, l'entreprise de Michael Dell n'a donc plus l'obligation de communiquer ses performances financières détaillées.

Ses derniers résultats annuels révélaient un chiffre d'affaires de 57 milliards de dollars (en recul de 8%). En partant de ce chiffre arrondi à 50 millions, et en y ajoutant le dernier chiffre d'affaires annuel publié par EMC (25 millions environ), la somme avoisinerait donc les 75 millions de dollars. C'est moins que le dernier chiffre d'affaires annuel de Microsoft (94 milliards) ou d'IBM (93 milliards). C'est aussi inférieur au dernier chiffre d'affaires annuel d'HP (112 milliards) mais supérieur à celui de chacune des nouvelles entités qui seront créées après la scission d'HP début novembre.

170 000 salariés ? 

Les derniers résultats publiés de Dell révélaient un bénéfice en chute libre

Quant au bénéficie net, en additionnant le dernier résultat annuel net connu de Dell (publié en 2013, il a donc dû évoluer), et celui d'EMC (2,7 milliards), la somme dépasse les 5 milliards de dollars. Mais qu'en est-il aujourd'hui ? Les dernières tendances publiées par Dell étaient très mauvaises. Sur son dernier exercice publié (2012-2013, arrêté fin janvier), Dell avait en effet vu son bénéfice net s'écrouler de 32%, pour atteindre 2,4 milliards de dollars. En août 2013, lors de ses derniers résultats semestriels, Dell affichait un bénéfice net de 234 millions d'euros, soit 71% de moins que le même semestre l'année précédente. Dell est par ailleurs très endetté : avoir sorti l'entreprise de la bourse a coûté très cher, et avant d'acquérir EMC, la dette de Dell s'élevait à 12 milliards de dollars.

 

Concernant l'effectif, EMC déclare employer quelque 70 000 personnes dans le monde. Côté Dell, la dernière communication officielle faisait état, en 2013, de plus de 108 000 salariés, mais il y a eu des licenciements depuis. La somme devrait donc avoisiner, disons les 170 000 personnes. C'est là plus que Microsoft (120 000), mais nettement moins qu'IBM (380 000). Mais Dell pourrait être tenté de réduire ce nombre : le groupe aura en tout cas tout le loisir de restructurer son nouveau groupe à l'abri des marchés.

Michael Dell va diriger le nouvel ensemble Dell-EMC © Dell

Doublon et restructuration

Evidemment, une telle fusion pourrait s'accompagner d'une profonde restructuration. Surtout que les activités de l'un font parfois un peu doublon avec celles de l'autre. C'est notamment le cas sur la partie stockage, qui représente les trois quarts du chiffre d'affaires d'EMC. L'entreprise actuellement dirigée par Joe Tucci est souvent associée à ce marché, mais Dell y a aussi de très solides positions. Selon les derniers indicateurs d'IDC concernant le marché du stockage en entreprise, EMC domine, mais Dell est aussi bien sur le podium. Le nouvel ensemble Dell-EMC va donc exercer une belle domination sur le marché du stockage, mais une profonde restructuration pourrait aussi permettre à l'ensemble de mieux rationaliser cette activité, sur laquelle de très belles marges peuvent être observées.

Les deux géants sont aussi tous les deux positionnés sur le vaste marché de la sécurité, mais de manière moins frontale, avec d'un côté RSA, filiale d'EMC, et SonicWall côté Dell, depuis son rachat en 2012. Certains observateurs imaginent déjà RSA rejoindre "Dell Software". Une business unit qui s'enrichirait au passage aussi, en plus, des solutions de back-up mais aussi de Big data d'EMC, et qui tenterait de revendre Documentum.

Selon toute vraisemblance, l'autre filiale d'EMC, VMware, devrait elle continuer à tracer sa voie de manière indépendante. Ses salariés ont de toute façon d'autres préoccupations, car la croissance de leur entreprise commence à faiblir, et l'émergence des containers leur met des bâtons dans les roues.